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La Côte d’Ivoire dans une "dynamique de xénophobie"

Publié le lundi 23 février 2004 à 05h58min

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La Côte d’Ivoire, qui traverse une grave crise politico-militaire depuis le déclenchement d’une rébellion armée en septembre 2002, est entrée dans "une dynamique de xénophobie", a averti vendredi à Abidjan le rapporteur spécial de l’ONU, Doudou Diène.

"La Côte d’Ivoire n’a pas de tradition de xénophobie" et a su, au cours de son histoire, mettre en place les mécanismes pour gérer les tensions provoquées par son multiethnisme, a estimé le rapporteur spécial de la Commission des droits de l’homme de l’ONU sur le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et l’intolérance, à l’issue d’une mission de dix jours dans le pays.

Après de nombreux entretiens avec les responsables politiques et gouvernementaux, la société civile et les différentes communautés de Côte d’Ivoire, Doudou Diène a toutefois conclu qu’un "cocktail infernal" était réuni dans le pays et pourrait déboucher sur un "système xénophobique" touchant toutes les sphères de la société si rien n’est fait pour le désamorcer.

Au cours d’une conférence de presse, il a notamment cité la responsabilité dans ce processus des dirigeants politiques, qui ont instrumentalisé l’ethnie et créé le concept idéologique d’"ivoirité".

Le conflit déclenché en septembre 2002 a finalement exacerbé ces tensions ethniques. "Il ne fait aucun doute, qu’ici comme ailleurs, l’ethnie a été un facteur motivant dans les violences de la guerre et que certaines exactions commises ont eu une connotation et une dimension ethnique", a jugé M. Diène.

"Le système xénophobique n’est pas encore là mais il pourrait exister demain", a-t-il averti, soulignant que des "processus d’enfermement identitaire" apparaissaient déjà dans les différentes communautés ivoiriennes.

"Le patronyme, qui exprime la diversité d’un peuple, devient dans le contexte actuel vécu comme un +risque+" et il en va de même pour la tenue vestimentaire, a-t-il ajouté, tout en se refusant à parler de "division" entre le nord majoritairement musulman et le sud majoritairement chrétien.

Le rapporteur de l’ONU s’est toutefois inquiété de l’"amalgame" fait à la faveur de la crise entre "le religieux et l’ethnie qui, en réalité, ne se recoupent pas".

M. Diène a indiqué qu’il formulerait dans son futur rapport des recommandations pour que le processus politique de sortie de crise déjà en cours "s’accompagne de la reconstruction d’un multiethnisme démocratique et égalitaire", d’un "vivre ensemble", qui prenne également en compte la dimension régionale de la crise ivoirienne.

AFP

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