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Remodelage du Moyen-Orient : Ça chauffe dans "l’arrière-cour"

Publié le lundi 19 juin 2006 à 07h21min

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La mort de Abou Moussa Al Zarqaoui, tête de proue de la résistance irakienne considérée par Washington comme un événement "significatif" n’a semble-t-il rien modifié à la donne proche et moyen-orientale. Irak, Afghanistan et Palestine sont toujours en ébullition, cependant que la reconquête somalienne a du plomb dans l’aile.

Dans la stratégie politico-militaire élaborée par les USA pour "remodeler" le grand Moyen-Orient , l’Afrique et principalement la Somalie, le Soudan et dans une moindre mesure la Mauritanie occupent une place de choix. La Somalie tout d’abord, la "néantisation" de l’Etat ayant été propice à la naissance de "nids de terroristes" se réclamant tous de l’islam dit fondamentaliste dont Oussama Ben Laden est aujourd’hui l’icône.

Il faut dire que le phénomène ne date pas d’aujourd’hui, le leader d’Al Qaïda ayant fait ses premières armes dans ce nid d’aigle, lorsqu’au milieu des années 90, il combattait avec la "bénédiction" de Washington les Soviétiques en Afghanistan. La Somalie était alors la base-arrière de Ben Laden et de ses alliés talibans qui en avaient fait un dépôt d’armes et de munitions et un centre de recrutement des combattants de la liberté.

On comprend pourquoi après l’avénement des talibans au pouvoir en Afghanistan, la Somalie a été dans l’œil du cyclone, subissant les assauts de l’US-Army entre 1995 et 1998. Les USA étaient courroucés par le fait que les talibans et Ben Laden paient en monnaie de singe, leur aide généreuse (quoiqu’intéressés) en optant pour ’"l’islamisation" de l’Afghanistan.

"Un juste retour des choses" pour les nouveaux maîtres de Kaboul dont le bras armé et le principal "portefeuille" Ben Laden donc, avait pris ses quartiers en Somalie où il formait des moujaïhidines (les combattants de Dieu) dont ces fameux "Afghans-algériens" qui allaient faire tant de mal dans leur pays d’origine (?) à l’occasion de la guerre civile qui ensanglantait alors l’Algérie.

Un "nid de crotales" que Washington ne pouvait tolérer mais dans lequel il perdra de sa superbe, les "boys" de l’US-Army y ayant été renvoyés manu-militari, non sans de considérables dégâts matériels et humains. Les Américains que l’on peut accuser de tout sauf d’avoir la mémoire courte, n’ont pas oublié et, la Somalie de 2006 est le théâtre d’une tentative de reconquête sanglante avec comme protagonistes, les chefs de guerre soutenus par Washington et les tribunaux islamiques qui ne sont rien d’autres que ces moujaïhidines version somalienne. Lesquels tribunaux islamiques semblent être maîtres du terrain, eux qui ont bouté les chefs de guerre hors de Mogadiscio et ont entrepris de les "poursuivre et de les exterminer" dans tout le pays.

Une occurrence qui a le don de heurter profondément l’administration Bush dont l’objectif numéro un reste la capture ou l’élimination de Ben Laden, l’ennemi public numéro un. Il ne faut donc pas que celui-ci dispose d’un "sanctuaire" en Somalie où il pourrait se réfugier si jamais le Waziristan où il est censé se trouver devenait un terrain brûlant, cerné qu’il est présentement par les forces spéciales US.

Attention à l’opinion publique US

Un sorte de théorie des dominos à rebours, les cibles secondaires étant visées dans l’objectif d’atteindre celle principale. C’est ce qui explique le regain d’intérêt de Washington pour Nouakchott, le désert mauritanien étant par le jeu des alliances tribales arabes un autre "point de chute" possible pour Ben Laden en cas de départ précipité des zones tribales pakistano-afghanes. Et comme les Américains aiment ratisser large, ils ont inclu dans leur stratégie de "quadrillage" les déserts malien et nigérien (voire burkinabè) cependant que dans l’Océan indien croisent des bâtiments de guerre américains.

De la Somalie au Yémen, il n’y a qu’un canal, et il ne faut pas oublier que Ben Laden a, par ses origines, de la famille dans ce pays. Une débauche d’énergie et de moyens qui n’a jusque-là pas porté de fruits, ce qui a le don d’irriter l’opinion publique américaine qui voit de moins en moins en George Bush, l’homme fort et sécurisant capable d’éradiquer le terrorisme international. Ce d’autant que l’épicentre du terrorisme, l’Irak ne cesse de produire des étincelles et de tuer des soldats américains.

Or, s’il y a une chose qui rebute les Américains (remember Viet-Nam) c’est bien la mort de leurs fils surtout pour des causes qu’ils ne comprennent pas bien. Ça chauffe donc dans "l’arrière-cour" yankee et, seul un événement majeur pourra rétablir la légitimité et la popularité du "soldat" Bush. La capture de Ben Laden par exemple. Vous avez dit quadrature du cercle ?

Boubacar SY

Sidwaya

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