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Mort d’un ancien ministre : Ainsi Palé Welté Issa s’en est allé !

Publié le lundi 19 juin 2006 à 07h23min

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Palé Welté Issa s’est éteint le jeudi 15 juin dernier et l’inhumation a eu lieu le lendemain au cimetière de Gounghin. Ainsi s’en est allé l’un des derniers dinosaures de la IIIe République. Retour sur la vie de ce grand politique et fervent musulman.

Lorsqu’on évoque le nom de Palé Welté Issa, il se dessine l’image du Parti du rassemblement africain aussi, et surtout de Nazi Boni dont il passait pour être le fidèle parmi les fidèles.

Lorsque déjà en novembre 1995, nous rencontrions Palé Welté pour la première fois à son domicile de Gounghin-Nord pour un entretien, nous avons vu un homme quelque peu fatigué par l’âge et les outrages de la vie.

Cependant, le physique restait avantageux, le visage poupin et sans barbe, un bonnet sur la tête, bref, l’homme dégageait une certaine bonhommie ;

A l’époque, nous souvenons-nous, il nous a fallu échanger de nombreux coups de fil, le rencontrer personnellement afin qu’il consentât parler à la presse. Ainsi, on retiendra qu’officiellement, il est né en 1923 à Boussera (province du Poni) et qu’il n’a pas connu sa mère, décédée depuis sa tendre enfance.

Palé Welté a été élevé par sa tante maternelle car dit-on chez les Lobi, lorsqu’une femme meurt en laissant son bébé, au moment de l’inhumer, on lui demande à qui confier son rejeton pour qu’il survive. Et son choix s’était porté sur sa tante.

Chez les Lobi, l’authenticité de ce que nous disions plus haut ne fait, dit-on, l’ombre d’aucun doute. Il semble que c’est un proche de la défunte qui a interrogé le corps placé dans un secco et porté par deux hommes et on a procédé de la façon suivante : Celui qui accomplit le rite appelle la défunte par son nom. Elle répond en s’inclinant vers la droite.

Et on lui demande à qui elle veut laisser son bébé. A cette question, le corps recule sur la tête des deux hommes de quelques mètres et revient à côté de la personne de son choix qui est toujours une femme. Voilà le mystère de l’Afrique à travers un rite funéraire lobi.

A sept ans, son père alla le récupérer de chez sa tante afin qu’il surveillât ses bêtes. C’est de passage dans leur village de Boussera que le commandant de cercle intima l’ordre de l’envoyer à l’école pour le 1er octobre 1931. Après le CEPE, Palé Welté qui était le plus grand de sa promotion fut retenu pour aller à l’école des moniteurs vétérinaires. C’est ainsi qu’il échoua à la ferme école de Korogo en Côte d’Ivoire pour une formation de deux ans.

Le politique

Palé Welté rencontra son maître à penser Nazi Boni pour la première fois en 1945 à Bobo-Dioulasso, à l’occasion de la campagne pour l’élection des députés à l’Assemblée constituante de Paris.

A cette élection, il y avait 2 collèges : le premier réservé aux citoyens français et le second aux sujets français. En 1954, Nazi Boni créa le Mouvement populaire africain - MPA sous l’égide duquel il se présenta aux législatives du 02 janvier 1956.

Le MPA de Nazi Boni, le MDV de Gérard Kango Ouédraogo et le PESEMA de Joseph Conombo se retrouvèrent en octobre 1957 pour former la Solidarité voltaïque devenue section voltaïque du PRA après le congrès constitutif de ce parti à Cotonou en juillet - août 1958. Après l’adhésion de Gérard Kango et de Joseph Conombo au RDA, le PRA échut à Nazi Boni.

Nazi Boni et Palé Welté étaient de grands amis partageant les mêmes idéaux. Quoi donc de plus normal qu’après la disparition tragique de Nazi Boni le vendredi 16 mai 1969, les responsabilités de la gestion du parti incombèrent à Palé Welté.

Le Palé Welté que nous avons connu, c’était sous la IIIe République dans les années 80 alors qu’il occupait le stratégique poste de ministre du Développement rural. Mais en 1958 déjà, il occupait à peu près ce même poste. Plus que tout autre, le parcours de l’homme politique est jalonné de péripéties, faites de hauts et de bas, de joie et de douleurs morales voire physiques. Celui de Palé Welté Issa n’a pas fait exception à la règle.

Les hauts chez lui, c’était entre autres d’abord en 1958 lorsqu’il a été appelé au gouvernement de la loi cadre pour prendre la tête du département de l’élevage. C’était l’époque, où pour reprendre la phrase qu’il a rendu célèbre lors de son jugement devant les Tribunaux populaires de la révolution (TPR), "il y avait à boire et à manger".

C’était ensuite son élection comme député sur la liste PRA en 1970. C’est enfin, son rappel au gouvernement en 1978 sous la IIIe République pour occuper le poste ô combien envié de ministre du Développement rural. Le revers de cette ascension, il l’a connu deux ans plus tard en 1980. Depuis, ce fut pour lui la prison et la confiscation de ses biens.

Aux TPR, il a été condamné à 7 ans de prison avec sursis, en raison sans doute de son âge avancé. L’amende, c’était 294 millions FCFA après l’avoir bien sûr dépouillé de tous ses biens, et confisqué maisons et comptes.

Bref, les TPR lui avaient tout pris au point que chez lui à Gaoua, il était obligé de scouater la maison d’un ami. Lorsqu’il s’est agi de déposer de recours, Palé Welté a déposé un premier dossier qui a été égaré dans les labyrinthes du circuit. Et en juillet 1993, un second dossier a été transmis à la Cour suprême afin que justice lui soit rendue.

Mais pour lui, si la Révolution l’a dépecé, c’est plutôt Saye Zerbo et ses colonels du CMRPN qui l’ont égorgé. Mais Palé Welté en bon musulman pour qui le pardon n’est pas un mot mais un comportement n’en est pas parti gros sur le cœur.

Avec sa mort, disparaît l’un des derniers politiques qui ont contribué à donner une âme à notre cher pays. Adieu Patriarche.

Boureima Diallo

Observateur Paalga

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