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ROOD WOKO : La démolition comme cadeau d’installation de Simon

Publié le vendredi 16 juin 2006 à 08h10min

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Enfin le processus de réhabilitation du marché Rood Woko une réalité ! C’est en effet ce qu’on peut dire avec les travaux de démolition annoncés aujourd’hui même, 16 juin 2006, sauf report de dernière minute.

Cette infrastructure commerciale de la capitale, la plus grande du Burkina, a été, on se rappelle, la proie d’un gigantesque incendie le mardi 27 mai 2003, endommageant ainsi plus d’un quartier des quatre qu’elle comptait. Ce drame, pour les autorités communales et le ministère de tutelle, n’était autre que la résultante de l’incivisme des locataires de Rood Woko qui y avaient érigé l’anarchie en règle.

A la date du drame, il a été estimé à 6000 les occupants du marché alors que sa capacité réelle est de 2660 places. Eu égard à cette situation, les assureurs, après avoir en vain réclamé qu’on y mette de l’ordre, n’ont eu d’autre choix que de décliner l’offre. Les autorités municipales et le ministère du Commerce, eux aussi, ont passé leur temps à caresser les commerçants dans le sens du poil. Et d’hésitation en hésitation, l’irréparable survint ce mardi 27 mai 2003.

Suite donc à l’incendie, les autorités décréteront la fermeture temporaire de l’infrastructure. Quant à ses locataires, qui se sont retrouvés du coup en chômage technique, certains ont voyagé de Rood Woko à Song-naaba sur le terrain de l’ASECNA, et d’autres ont trouvé refuge dans les marchés secondaires de Ouagadougou, où ils se sont installés provisoirement. Les plus chanceux du moins, puisqu’il y en a qui sont restés des « sans domicile fixe » jusqu’à nos jours.

On se rappelle également que les autorités avaient identifié le site de l’hippodrome, à Nonsin au secteur 19 de la ville, où des boutiques devaient être bâties pour loger les sinistrés ; ce, jusqu’à leur retour à Rood Woko, une fois qu’il aura été reconstruit.

Mais là, les commerçants, invités à venir apprécier les modèles de boutiques qui leur seront faites sur ledit site, ont été surpris de voir que celles-ci ont été réalisées avec des matériaux durables. Cela n’ayant pas été signalé dans les négociations qui ont précédé le démarrage du chantier, ces derniers ont craint que ce qui était prévu pour être provisoire ne devienne définitif. Cette inquiétude sera d’ailleurs exacerbée par des rumeurs qui ont fait, entre temps, état d’une éventuelle vente du marché à des opérateurs économiques libanais exerçant dans notre pays. Ainsi, jusqu’à aujourd’hui, le chantier sur le site en question n’a pas été achevé, alors que d’importants investissements y ont été effectués.

Mais ceux qui se frottent actuellement les mains, ce sont les jeunes de ce vieux quartier de la ville qui, manquant d’infrastructures sportives, s’y adonnent au football et à la pétanque. Et même que ces échoppes ont été utiles aux élections présidentielle et municipales, car ayant servi de bureaux de vote.

Depuis ce mardi noir de mai 2003 à nos jours, soit un peu plus de trois ans, beaucoup d’encre et de salive, et même de sang, ont coulé. Ce ne sont pas les commerçants qui nous diront le contraire, eux qui le matin du 12 février 2004, alors qu’ils voulaient tenir une assemblée générale à Rood Woko sur leur situation, ont été chargés par les forces de l’ordre. Bilan : de nombreux blessés, dont l’une des victimes, en l’occurrence Hamidou Sawadogo, un commerçant septuagénaire, est devenu handicapée à vie, car ayant été amputée d’une jambe.

Bref, il faut se féliciter qu’enfin les travaux de démolition de la partie endommagée du marché démarrent effectivement. Car, cet acte, qui marque l’enclenchement physique du processus de réhabilitation du plus grand centre d’affaires de notre pays, va sans doute rassurer et soulager les commerçants, qui ne croyaient plus aux autorités qui, au départ, leur avaient donné trois mois pour regagner leur marché.

En tout cas, sur cette préoccupation, ils se sont montré solidaires et n’ont pas manqué, chaque fois que l’opportunité se présentait, d’exprimer leur impatience de voir les portes de Rood Woko se rouvrir à eux. On ne peut que tirer son chapeau à Simon Compaoré, le bourgmestre de Ouagadougou qui a failli laisser des plumes dans cette affaire. Toutefois, on ne peut s’empêcher de déplorer qu’à la suite de sa reconduction à la tête de la commune, ce dernier donne aux Ouagalais, comme cadeau de son installation, la démolition de Rood Woko.

On aurait souhaité qu’il inaugure son nouveau quinquennat par une nouvelle construction. A qui la faute ? Peut-être que si les commerçants avaient observé une certaine discipline en son temps, Simon Comaporé n’aurait pas entamé son mandat par une démolition...

Hamidou Ouédraogo

Observateur Paalga

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