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Camp de détention de Guantanamo : Quand les USA attisent des haines

Publié le mardi 13 juin 2006 à 08h29min

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Guantanamo. Voici une baie tranquille devenue un lieu de triste renommée depuis les attentats du 11 septembre 2001. Elle rappelle une autre baie aux portes de Cuba, celle des cochons, devenue aussi célèbre après un débarquement raté de forces américaines pour renverser Fidel Castro.

Aujourd’hui, le nom de Guantanamo évoque irrésitiblement la négation des droits humains les plus élémentaires, l’arbitraire. En effet, c’est en ce lieu qu’a été ouvert en 2002 un camp de détention de personnes supçonnées de liens avec le réseau Al-Qaïda d’Oussama Ben Laden ou avec les Talibans du Mollah Omar.

Les statistiques font état actuellement d’environ 460 personnes pour la plupart détenues sans jugement ni notification de leurs charges. Dans le lot, s’il y en a qui ont des nerfs d’acier, il y en a d’autres qui ne sont pas en mesure de supporter les conditions de détention qualifiées de difficiles. Les deux Saoudiens et le Yéménite trouvés pendus dans leur cellule, le week-end dernier, font peut-être partie de cette dernière catégorie.

Du moins si l’on doit s’en tenir à la version américaine. Ces "suicides", présentés comme les premiers dans ce centre, ont jetté une lumière crue sur ce lieu, de même que sur la fameuse prison irakienne d’Abou Ghraïb. Alors qu’il est une fois de plus question d’humaniser ce centre, voire de le fermer, pour les Etats-Unis, il n’est pas question de faire disparaître ce camp car, cela équivaudrait quelque part à renoncer à la lutte farouchement engagée depuis le 11 septembre 2001 contre le terrorisme.

Le message est donc clair : ce n’est pas à cause de quelques personnes mortes, non par désespoir comme l’ont prétendu certains, mais plutôt pour devenir des martyrs du djihad, que la toute-puissante Amérique va revoir sa politique antiterroriste. Les défenseurs des droits humains ont beau critiquer, sonner le tocsin, les détenus ont beau multiplier les grèves de la faim, cela ne changera pas la détermination de George Bush dans sa croisade contre le terroriste. Pas même la perspective d’autres suicides comme le redoute l’avocat d’un des détenus de ce camp.

Une croisade qui foule tout au pied, broie tout sur son passage et qui a, depuis son déclenchement, bafoué le droit international. En effet, du fait de l’unilatéralisme américain, la force a pris le pas sur le droit et la raison. Les différentes conventions dont celles de Genève et traités régissant les rapports entre Etats sont mis à mal à tel point que l’on se demande aujourd’hui s’il faut encore s’y accrocher.

Pour revenir au camp de détention de Guantanamo, trop de choses s’y passent au mépris de la convention de Genève sur les prisonniers de guerre, sur le droit humanitaire international. Forts de leur suprématie, les Etats-Unis semblent avoir dénié aux détenus de cette baie le statut de prisonniers de guerre.

"Ce sont des terroristes", ne fait que repéter inlassablement la première puissance mondiale qui, jusque-là, colle l’étiquette de terroriste à qui elle veut, et le traite comme elle l’entend, c’est-à-dire sans un minimum de respect. Ces hommes en combinaison rose sont enchaînés comme des bêtes féroces et surveillés 24h/24. Il n’empêche que de temps en temps, leurs images font le tour du monde. Mais hélas, qui oserait vraiment lever le petit doigt pour contester le gendarme américain et le rappeler à l’ordre ?

L’Europe ? Que non ! Elle a si souvent servi, dans la plus grande discrétion, de lieux de détention et de tortures de prisonniers par la CIA, l’agence de renseignements américaine. Un chèque en blanc donc aux Américains qui peuvent arrêter, détenir, voire torturer arbitrairement toute personne soupçonnée d’acte terroriste ou de lien avec toute organisation terroriste.

Tout Terrien est a priori dans la ligne de mire américaine car comme on le dit, tout homme est un prisonnier en sursis. Mais l’Amérique aura-t-elle suffisamment de prisons pour garder tous ceux qu’elle compte arrêter dans sa grande croisade anti-terroriste ? Même si elle en a effectivement les moyens, ce n’est pas de cette façon qu’elle viendra à bout de la haine que lui voue le monde arabe et par-delà lui, tous les peuples épris de justice.

Les "suicides" dans des conditions encore douteuses, et la mort quelques jours plus tôt de Abou Moussab Al Zarkaoui en Irak, ne feront que renforcer le sentiment anti-américain. S’il y en a qui prient Dieu pour ne pas connaître Guantanamo, il y en a aussi qui, comme des gladiateurs du temps de César, disent, "Amérique, ceux qui vont venir dans tes prisons te saluent !".

"Le Pays"

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