LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Soyez un repère de qualité. Certaines personnes ne sont pas habituées à un environnement où on s’attend à l’excellence.” Steve jobs

M. Alassane Kouanda : « Ceux qui disent qu’ils ne sont pas au courant de « Secours voyageurs » se moquent de la république »

Publié le mardi 6 juin 2006 à 06h35min

PARTAGER :                          

Alassane Kouanda

La feuille de route continue de faire des vagues parmi les transporteurs. Dans une interview à Sidwaya mardi 29 mai 2006, le directeur général de « Koncept service » Alassane Kouanda, explique le mécanisme qui a abouti à la prise d’une telle décision par les autorités. Il présente également son produit « Secours voyageurs ».

 :
« Ceux qui disent qu’ils ne sont pas au courant de « Secours voyageurs » se foutent de la république »

Sidwaya (S). : Pouvez-vous nous présenter votre entreprise ?

Alassane Kouanda (A. K.) : « Koncept service » est une société que nous avons créée en 2000 et qui a pour objectif de rendre des services dont le premier sur le marché s’appelle « Secours voyageurs ». « Secours voyageurs » assiste les voyageurs accidentés et ceux qui seront dans des cas de sinistre au cours de leur déplacement. Nous nous proposons de les évacuer vers le centre de santé le plus proche et de prendre en charge les premiers soins.

S. : Comment un voyageur qui souhaite bénéficier des services de « Secours voyageurs » doit-il s’y prendre ?

(A. K.) : De nos jours, tous ceux qui voyagent à l’intérieur du Burkina par la route sont d’office et de façon tacite, bénéficiaires des prestations de « Secours voyageurs » parce qu’au titre des accords consensuels que nous avons eu avec les organisations et groupements professionnels de transporteurs, il a été intégré une prime de deux cent cinquante (250) francs CFA sur tous les tickets et sur toutes les destinations, et au terme de l’arrêté interministériel instituant la feuille de route, tous les voyageurs sans exception sur le territoire national auront déjà payé leur prime d’assurance à « Secours voyageurs ».

Cette feuille de route dont l’arrêté a été pris le 15 novembre 2005 par les ministères des Transports, de la Sécurité et de l’Administration territoriale ne correspond pas à l’instauration de la prime parce que les voyageurs payent les deux cent cinquante (250) francs CFA depuis janvier 2003, date à laquelle « Koncept service » et les organisations des transporteurs ont conclu le partenariat.

Les syndicats, chargés de discuter au nom de tous les transporteurs ont institué un nouveau tarif depuis cette date qui comporte ces 250 F CFA. Cette prime de 250 F CFA a été réduite à 200 F CFA à la suite de négociations qui ont eu lieu à la Chambre de commerce de Ouagadougou. C’est le Syndicat national des transporteurs routiers de voyageurs du Burkina (SNTRVB) et l’Organisation des transporteurs du Faso (OTRAF) qui ont pris part à cette réunion.

S. : Mais depuis que les voyageurs paient, qui perçoit cet argent ?

(A. K.) : Les voyageurs paient à chaque transporteur avec lequel ils embarquent. Ce dernier est obligé de rendre le secours disponible en établissant très rapidement le listing des passagers pour que nous puissions les identifier rapidement en cas d’accident. Au remplissage de cette feuille, le transporteur est également tenu de reverser la prime de 250 F CFA chaque fois avant de démarrer son véhicule.

Dans l’arrêté interministériel instituant la feuille de route, il est dit qu’il revient à chaque commune de fixer les modalités de son application. Mais l’argent qui devrait être reversé en terme de TVA (Taxe sur les valeurs ajoutées), de quote-part à la commune de Ouagadougou et aux autres communes, de quote-part à « Secours voyageurs » pour s’occuper des passagers accidentés, j’ai bien envie de ne pas en parler parce qu’il y a beaucoup de gens qui sont morts sans avoir été pris en charge. Il appartient à l’Etat de réclamer ses taxes où à défaut de faire payer les arriérés. Les transporteurs doivent permettre aux honnêtes citoyens voyageurs qui ont payé et qui continuent de payer de pouvoir disposer de leur secours.

S. : A vous écouter, les voyageurs ont payé de l’argent sans le savoir vraiment pour être secourus en cas d’accident, où est entré cet argent depuis 2003 ?

(M. A. K.) : Il existe des responsables qui ont toujours amusé la galerie en disant, « vous êtes des transporteurs, mais vous ne devez pas vous occuper de la sécurité des voyageurs, donc ne payez pas ». Mais ces personnes sont signataires des documents qui disent que « Secours voyageurs » a pour mission de venir au secours des voyageurs en cas d’accident. Ce sont ces gens qui doivent apporter l’information juste aux transporteurs en leur disant, « vous détenez de l’argent qui ne vous appartient pas ».

S. : Les transporteurs vous ont-ils une fois reversé les 200 F CFA et combien avez-vous perçu ?

(A. K.) : Les transporteurs sont tenus de reverser les 200 F CFA à partir du moment où l’arrêté est connu et publié. La feuille de route a été instaurée, nous attendons que les communes puissent mettre à notre disposition les lois qui vont permettre le reversement des primes de voyage.

S. : Mais comment la transaction devrait-elle se passer ? Devriez-vous percevoir les primes directement au guichet des différentes compagnies de transport ?

(A. K.) : Je prends un exemple. Si le ticket Ouagadougou-Bobo-Dioulasso (350 km) coûte par exemple six mille cinq cent (6 500) F CFA et qu’un transporteur dans le cadre de la libéralisation des prix fixe ses tarifs à mille (1 000) francs, il reversera toujours la prime de 200 F CFA. Maintenant, pour le reversement des primes à « Koncept service », nous pouvons signer des contrats individuels avec les transporteurs où chacun peut décider de reverser ses primes par semaine, par mois ou même par jour. C’est un problème de confiance et nous jugerons au cas par cas si nous pouvons prendre ce risque parce que c’est de l’argent qui appartient au voyageur pour sa sécurité, à toutes les communes avec lesquelles nous travaillons et non à « Koncept service ».

S. : Mais qu’est-ce qui vous oppose aux syndicats des transporteurs ?

(A. K.) : Nous ne sommes pas opposés. Ce sont des individus qui sont opposés. Ils ne traduisent pas la vérité des faits aux transporteurs. J’ai effectivement vu dans votre journal (Sidwaya n°5609 du lundi 29 mai 2006 NDLR) un compte rendu d’une conférence de presse tenue par trois personnes. L’un des trois, M. Bonaventure Kéré, secrétaire général du SNTRV-B a signé un contrat de rémunération avec « Koncept service » pour toucher trois cent mille (300 000) F CFA par mois. C’est un document confidentiel sur lequel M. Kéré nous obligeait à lui verser cette somme sans reçu mais aussi à prendre en charge toutes les missions du syndicat parce que nous accompagnons le syndicat et vice-versa.

Sur ce document, M. Kéré nous demande une quote-part de vingt cinq (25) francs CFA pour six cent mille (600 000) tickets.

L’imputation étant faite par tête de pipe, M. Kéré ne parle pas en terme de feuille de route mais des tickets vendus au guichet. Il s’était aussi proposé de confectionner des modèles de tickets pour accompagner le produit de « Koncept service ». Mais lorsque nous avons fait le calcul, c’est trop cher pour nous. Il veut quinze millions (15 000 000) F CFA par mois. Si on ajoute les charges de fonctionnement de son syndicat plus 300 000 F par mois, c’est trop. Surtout qu’il ne veut pas signer un papier pour l’attester. S’il ne le fait pas, comment allons-nous expliquer à nos partenaires qu’il y a de l’argent qui a été sorti. Quand des gens font des déclarations au public et ils ne disent pas exactement ce qui se passe, je pense que ce n’est pas honnête. Il cherche à tromper la vigilance des transporteurs, à brouiller les autorités et à détourner l’argent des voyageurs.

Le président de l’ONTTB, Sabane Ouédraogo lui aussi est venu nous faire part de sa disponibilité de travailler avec « Secours voyageurs » et solliciter notre concours pour recevoir des fonds afin de mieux équiper le siège du syndicat. Non seulement, ils ont réduit la prime de 250 F à 200 F CFA mais ils sont entrés dedans et ont obtenu des quote- parts.

Et lorsque M. Kéré dit ne pas être au courant de quelque chose, il se fout de la République parce qu’à la réunion dont j’ai parlé plus haut, il était présent. Il y avait aussi des représentants de la police, de la gendarmerie, de la mairie de Ouagadougou, des sapeurs-pompiers, de la société civile (parce qu’il y avait la Ligue des consommateurs du Burkina).

S. : Mais s’ils ont pris part à tout le processus qui a abouti à la création de votre produit comme vous le soutenez, pourquoi alors, font-ils volte-face aujourd’hui ? Pensez-vous à un acharnement gratuit contre vous ?

(A. K.) : Je vous ai montré des documents où les gens sont venus m’anarquer et prendre de l’argent. Je ne crois pas que ce soit un acharnement contre ma personne, il y a peut-être d’autres motifs dont je me garde de parler. Je comprends que c’est une question de maturité, mais je ne crois pas qu’ils puissent s’acharner contre moi, ils sont jeunes.

S. : Mais comment arrivez-vous à sortir de l’argent pour le distribuer à des gens si vous n’avez jamais rien perçu des 200 F CFA de la prime de voyageur ?

(A. K.) : C’est simple. Tout a été conçu pour la bonne marche de l’entreprise. A partir du moment où toutes les garanties sont prises, toutes les prévisions ont été faites et comme cette société est une société privée qui a sa politique financière, elle doit se suffir pour mener à bien ses activités. C’est une question de disponibilité que je ne saurai vous expliquer ici. Mais nous devons tenir le coup jusqu’à démarrer.

Maintenant s’ils viennent demander de l’argent, c’est tout à fait normal. A partir du moment où nous avons instauré une clef de répartition, c’est tout à fait normal qu’on leur donne de l’argent, c’est clair, il n’y a ni tricherie, ni corruption. C’est prévu que chacun ait quelque chose. C’est à eux maintenant de s’expliquer pourquoi ils savent qu’il y a des papiers qui ont été signés, qu’il y a une prime qui a été intégrée sur le ticket, pourquoi ils la dissipent.

Nous laissons, en ce qui nous concerne, à la société de voir si l’argent du voyageur a été pris et s’il n’a pas été traité comme il se doit. Il appartient aussi aux autorités de juger si la feuille de route peut avoir un rôle dissuasif pour les bandits, si elle ne leur permet pas de disposer de statistiques et si elle ne leur permet pas d’avoir beaucoup plus d’informations pour l’organisation du secteur des transports.

Interview réalisée par Romaric Ollo HIEN (romaric_hien@yahoo.fr)

Sidwaya

PARTAGER :                              

Vos commentaires

  • Le 21 mars 2021 à 15:23, par Soundja Avit En réponse à : M. Alassane Kouanda : « Ceux qui disent qu’ils ne sont pas au courant de « Secours voyageurs » se moquent de la république »

    UNE HISTOIRE À SUIVRE DE PRÈS. CAR LES CRIMINELS ÉCONOMIQUES NE CONTINUERONT PAS À DÉTRUIRE LE BURKINA FASO. CET HOMME MÉRITE DE CREVER EN PRISON.
    L UNE DES PLUS GRANDES ESCROQUERIE EST ENTRAIN DE SE METTRE EN PLACE PAR L UN DES PLUS GRANDS ESCROCS DE LA RÉPUBLIQUE.
    AFFAIRE À SUIVRE DE PRÈS.
    QUAND LES ESCROCS RESTENT SANS PITIÉ POUR LA JEUNESSE BURKINABÉ MEURTRIE. NOUS VOUS OBSERVONS DE PRÈS ET DE LOIN. ET CETTE FOIS CI, ÇA NE PASSERA PAS.

  • Le 21 mars 2021 à 20:28, par Sidpawalemde Sebgo En réponse à : M. Alassane Kouanda : « Ceux qui disent qu’ils ne sont pas au courant de « Secours voyageurs » se moquent de la république »

    Wahou ! Cette histoire existe toujours ? Et il a même convaincu les transporteurs d’intégrer son "gombo" dans leur tarifs ?? Mais voilà un génie !

    Alors voyons voir :

    1°) La société a-t-elle des ambulances, des postes de permanence sur les axes routiers pour intervenir en cas d’accident ? Vient-elle en secours aux voyageurs en cas de panne du véhicule ou autre ? Appuie-t-elle les pompiers, les hôpitaux ou les autres autorités qui interviennent en cas d’accident ?

    2°) La société agit-elle comme une société d’assurance et en a-telle l’agrément ? Reverse-t-elle les "primes" à une société d’assurance en agissant comme un courtier afin que les voyageurs soient pris en charge dans l’urgence, ou indemnisés après coup ? Se substitue-t-elle à l’assurance de la compagnie de transport ou ajoute-t-elle une couverture complémentaire à celle-ci ?

    Si à toutes ces questions la réponse est non, alors nous sommes en présence d’une fumisterie, un coup fumant, un "deal" sans nom.
    Des gens dans le milieu du transport on imaginé une astuce pour gonfler le prix du ticket tout en retirant cette somme des recettes des sociétés de transport. Et visiblement, ils ne s’entendent pas pour la suite du "deal" :

    * Les plus malins retirent bien cette somme de la caisse mais ne la reversent pas à "secours voyageurs". Comme ce n’est ni une vraie prime d’assurance, ni une obligation légale ou contractuelle, ils savent qu’ils ne risquent rien.

    * Les plus retords trouvent plus judicieux de remettre effectivement la somme à "secours voyageur", mais en réclamant leur pourcentage au passage. Et comme ils se constituent ainsi une "caisse noire" qu’ils savent sans fondement et sans dépenses, ils entendent bien la mettre à contribution pour les besoins de la cause comme le "soutient" aux syndicats.

    Mais le plus malin dans tout ça reste "l’inventeur" de la chose ! Même avec un mauvais reversement, en comptant les milliers de voyageurs en car chaque jour au Faso, il a trouvé le moyen de ramasser des millions par jour pour... pour quoi au juste ?
    Appeler les pompiers en cas d’accident ?
    Recevoir une liste des passagers ?
    Se rendre de temps en temps sur les lieux d’accident avec une voiture au logo bien voyant ?

    Mieux : Comme la somme est comprise dans le ticket, il n’a officiellement aucun contact donc aucun compte à rendre à un client, qui doit toujours s’adresser à sa compagnie de transport. Ni besoin d’engager des percepteurs ou de faire des quittanciers. Et tout ça sans taxes, sans impôts !

    Formidable ! Un "manger" sans complications et presque sans dépenses ! Sauf peut être quand on déballe tout sur la place publique parce que le partage du gâteau pose problème...
    D’ici que le procureur ou le ministre des transports veuille voir clair dans la chose, il risque de regretter d’en avoir parlé dans la presse...

 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique
Spécial Saint-Sylvestre au restaurant L’Eau vive de Bobo