LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Soyez un repère de qualité. Certaines personnes ne sont pas habituées à un environnement où on s’attend à l’excellence.” Steve jobs

Lutte contre la pauvreté : L’eau courante bientôt au village

Publié le mardi 6 juin 2006 à 06h21min

PARTAGER :                          

Le Programme national plates-formes multifonctionnelles pour la lutte contre la pauvreté a achevé la réalisation d’un mini- réseau d’adduction d’eau potable à Soaligou, un petit village dans la province de la Gnagna. La cérémonie inaugurale des ouvrages devrait intervenir dans les semaines à venir.

De l’eau courante au village, pour tous les habitants ! En milieu traditionnel burkinabè, cela peut relever du domaine de l’illusion. Et pourtant, grâce à la plate-forme multifonctionnelle (infrastructure d’énergie décentralisée au sein du village, conçue pour se substituer à la force motrice humaine), la donne est en train d’être changée.

A Soaligou, petit village d’à peine 1 000 habitants, situé à plus de 300 km à l’Est de Ouagadougou, le Programme national plates-formes multifonctionnelles, pour la lutte contre la pauvreté a achevé la réalisation d’un mini-réseau d’adduction d’eau potable. Doté d’un forage, d’un château-d’eau d’une capacité de 10 m3, de deux bornes-fontaines à trois robinets de puisage, le mini-réseau d’adduction d’eau potable de Soaligou devrait permettre une consommation moyenne de 30 litres par personne et par jour. Ce premier réseau d’adduction d’eau potable à partir d’une plate-forme multifonctionnelle est une approche expérimentale du Programme national plates-formes multifonctionnelles pour la lutte contre la pauvreté. Si celle-ci est concluante, elle pourrait être étendue aux autres régions où sont présentes des plates-formes multifonctionnelles : Centre-Ouest, Nord, Boucle du Mouhoun, zone de l’Est (regroupant les régions de ‘Est et du Centre-Est).

Une réponse appropriée aux contraintes du monde rural

La Plate-forme multifonctionnelle (PTF) est un ensemble d’équipements installés sur un châssis fixe par l’intermédiaire de rails. Elle est ainsi composée d’un moteur Diesel de type lister, d’un moulin à meule en pierre utilisé pour la mouture des céréales sèches, d’un moulin à meule métallique pour la mouture des céréales humides, d’une décortiqueuse, d’un alternateur qui est la génératrice d’énergie électrique.

L’avènement de la PTF apparaît comme une réponse appropriée aux contraintes du monde rural et en particulier, celles des femmes de ce milieu. D’ailleurs, la gestion des PTF de type communautaire est placée sous la responsabilité d’un Comité de gestion féminin (CGF). Au regard des multiples services offerts par la PTF (mouture de céréales, broyage de karité, décorticage de riz, charge de batterie, éclairage, adduction d’eau potable), en un temps record, les femmes sont libérées des longs et pénibles travaux domestiques. En gagnant plus de temps, elles ont la possibilité d’initier des Activités génératrices de revenus (AGR) et de s’occuper mieux de leur foyer.

Selon Mme Armande Sawadogo, chargée du renforcement des capacités au Programme national plates-formes multifonctionnelles, une étude a montré que le temps économisé par femme et par semaine pour le traitement des céréales est d’environ 8 h de travail. L’impact financier de la gestion des PTF pour les femmes est tout aussi palpable. A Soaligou dans la Gnagna, elles ont pu bénéficier d’un crédit de 2 millions de FCFA, grâce à l’épargne issu des recettes générées par la PTF.

Le combat de la pauvreté énergétique

A Gomoré, village situé à quelques encablures de Fada N’Gourma, la présidente du Comité de gestion féminin de la PTF, Awa Ouédraogo, confie que la gestion de l’infrastructure d’énergie leur permet d’engranger une recette mensuelle de 75 000 FCFA. A travers l’approche PTF, il s’agit en filigrane, de sortir les populations rurales et en particulier, les femmes, du piège énergie-pauvreté.

Car non pris en compte (pour le moment) par le Cadre stratégique de lutte contre la pauvreté (CSLP), la lutte contre la pauvreté énergétique constitue le cheval de bataille du Programme national plates-formes multifonctionnelles. Financé par le gouvernement burkinabè avec l’appui du PNUD, ce programme envisage au bout de cinq ans (2005-2010), l’implantation de 400 PTF dans ses zones d’intervention.

Dans les 4 zones d’intervention, le programme s’appuie sur des ONG ou Agences locales de réalisation (ALR) pour l’implantation des PTF : l’ONG Tintua pour la région de l’Est, les Groupements Naam pour le Nord, l’OCADES pour la Boucle du Mouhoun, un consortium d’ONG ADIS/AMUS pour le Centre-Ouest.

Appuyées à leur tour, chacune, par une Cellule d’appui conseil (CAC), structure opérationnelle chargée de la diffusion des PTF, les ALR devraient poursuivre les activités d’implantation des PTF, à la fin du programme. Grâce à l’énergie mécanique ou électrique, ce sont des services énergétiques tels la transformation des céréales, la quête de l’eau potable, la cuisson des aliments, la conservation, etc. qui sont servis par la PTF. Ils économisent à la fois, l’énergie humaine et le temps.

Même si elle ne constitue pas une panacée pour atteindre les Objectifs du millénaire pour le développement, la PTF va contribuer à réduire la pauvreté.

Gabriel SAMA

Sidwaya

PARTAGER :                              

Vos commentaires

  • Le 5 août 2006 à 20:52, par josèphe En réponse à : > Lutte contre la pauvreté : L’eau courante bientôt au village

    j’aimerais plus d’explications pratiques sur ce programme , avec des croquis expliquant le fonctionnement , les raccordements , le nombre de points d’eau possible , et à quelle distance de la source d’énergie

    Comment sont financés ces programmes ?

    Comment se fait il que l’énergie solaire ne soit pas utilisée ?

 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique