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Sida : La prise en charge communautaire des PV VIH : une urgence pastorale

Publié le mercredi 18 février 2004 à 05h24min

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Depuis l’apparition du VIH/Sida au Burkina Faso, des campagnes de sensibilisation sont menées çà et là afin de freiner de nouvelles infections à VIH. Et malgré cette réponse multisectorielle, des milliers d’individus et de familles continuent de peiner sous le poids de cette épidémie aux conséquences multiples et multiformes.

La prise en charge communautaire des personnes vivant avec le VIH/Sida est donc devenue une nécessité inscrite dans la prévention de ce fléau. Le Comité national catholique de lutte contre le SIDA (CNCLS) accorde une place de choix à cette activité dans l’exécution de son plan d’action.

C’est ainsi que l’accompagnement des malades et surtout des personnes vivant avec le VIH/Sida fait partie des activités quotidiennes des membres des Comités diocésains de lutte contre le Sida (CDLS) des douze (12) diocèses du Burkina Faso. L’accompagnement des malades est un service pastoral très complexe qui demande des attitudes et des aptitudes appropriées. D’où la session de formation initiée par le CNCLS à l’intention des membres des CDLS des douze (12) diocèses.

L’objectif de cette rencontre de cinq (5) jours (du 10 au 15 février 2004) a été de s’approprier les fondements théologico-bibliques du service pastoral des malades, de se familiariser avec le contenu des thèmes d’actualité tels que le "conseil-dépistage-accompagnement", la problématique des orphelins et autres enfants vulnérables...

Au Centre Pâam-Yôodo des Jésuites à Ouagadougou, le Père François Sedgo, président du Comité national catholique de lutte contre le Sida (CNCLS) a ouvert la session par un exposé sur les fondements théologico-bibliques du service des malades. Pour le Père Sedgo qui est parti de la parabole du bon Samaritain (Luc 10, 29-37), nos activités pastorales sont fondamentalement inspirées et soutenues par l’Evangile, la Parole de Dieu. Nous sommes appelés à témoigner compassion et attention, charité fraternelle et générosité à l’égard de toute personne qui a besoin de secours comme l’a fait avec dévouement le bon Samaritain.

Cet exposé, a ensuite permis au Père Sedgo de donner les grands éléments des approches pastorales de la prévention et de la prise en charge des personnes affectées et infectées par le VIH/Sida. A ce niveau, l’on peut retenir que la prévention est la meilleure arme de lutte contre le Sida. Pour cela, il est important d’avoir une certaine connaissance du VIH/Sida dans sa complexité, ses manifestations cliniques, ses modes de transmission et le test de dépistage qui permet de connaître son statut sérologique.

Pour l’Eglise catholique, faut-il le rappeler, l’abstinence sexuelle des jeunes et la fidélité permanente des couples mariés constituent des garanties sûres à 100% de prévention contre le VIH.

Ceci dit, la personne séropositive a besoin d’être comprise parce qu’en butte à des questions angoissantes. Le choc est tel qu’il ne faut pas la laisser toute seule. Il faut la soutenir, l’écouter, l’informer pour une prise en charge adaptée.

Dans ce sens, le counseling ou relation d’aide est un devoir pastoral. Dans le contexte particulier du Sida, le counseling doit se faire avant et après le test de dépistage en vue de susciter une attente sereine et positive (non angoissée) du résultat par le patient et l’aider à intégrer un éventuel résultat positif.

Ainsi, il ne faut pas faire le test sans envisager la prise en charge de la personne. Une prise en charge qui ne doit pas se réduire à l’aspect technique, médical et thérapeutique mais qui consiste à une effective assistance du malade à dimension humaine selon ses besoins et ses profondes aspirations. En somme, la personne atteinte du Sida a besoin de notre soutien moral, psychologique et spirituel et cela, dans le respect et sa dignité.

Pour le chrétien, l’accompagnement du malade du Sida en phase terminale revêt une importance capitale en ce sens que le mourant n’est pas un mort. Il est une personne humaine qui garde toute sa dignité. Du reste, pour la communauté des croyants catholiques et pour le fidèle malade lui-même, la prière et le secours des sacrements tiennent une place fondamentale. Car « dans le corps du Christ qui est l’Eglise, si un membre souffre tous les membres partagent ses souffrances" (1 Cor. 12,26).

A la suite de cet exposé, M. Désiré Kaboré, président du Comité diocésain de lutte contre le Sida de l’archidiocèse de Ouagadougou et Mme Jeanne d’Arc Soala ont partagé leurs expériences en "conseil - dépistage - accompagnement". Ces deux personnes ressources ont défini avec les participants le terme de conseil, donné le but et l’objectif du counseling avant d’énumérer les conditions pour le bon déroulement d’un counseling. Les échanges fructueux entre la trentaine de participants ont permis de relever les différentes étapes du conseil - dépistage VIH/Sida.

Mme Sedgho/Héma Sophie a, quant à elle, attiré l’attention de tous sur la problématique des orphelins et enfants vulnérables. Son exposé a eu le mérite de cerner les différents aspects de ce problème et d’inviter chaque diocèse à s’y intéresser davantage. Il est donc urgent de prendre dès maintenant ces enfants en charge, de les accompagner et de les soutenir à tous les niveaux afin d’éviter de contribuer à constituer une génération perdue de jeunes parce que marginalisés et exclus dès leur tendre enfance.

Enfin, Mme Marie Coulibaly conseiller des Affaires sociales au Centre de traitement ambulatoire (CTA) est venue enrichir la session de formation par un exposé technique et professionnel sur le "counseling".

Pour elle, le conseil dans l’infection à VIH a pour but de fournir un soutien psychosocial et économique à ceux dont la vie est affectée et de prévenir l’infection et la transmission du VIH à d’autres personnes. Grâce à cette relation d’aide, on informe les patients sur le VIH/Sida et l’on aide ceux qui sont infectés à surmonter les réactions émotives face à cette maladie. Toutes choses qui permettent d’encourager et de favoriser un changement de comportement pour prévenir l’infection à VIH. Pour cela, le conseiller doit avoir du temps et inspirer confiance. Ses qualités se résument au savoir, au savoir-faire et au savoir-être.

En deux étapes, pré-test et post-test, le conseiller doit être à même d’aider le consultant à prendre des décisions personnelles en connaissance de cause, à accepter son résultat et à gérer le poids psychologique de l’infection. D’où l’importance du conseil - dépistage et partant du suivi-accompagnement des PVVIH.

Toute cette formation aura outillé les membres des Comités Diocésains de Lutte contre le Sida des 12 diocèses sur la prise en charge communautaire des PV VIH et sur l’accompagnement des malades.

On retient que la prise en charge des malades du Sida, des personnes séropositives et des orphelins et enfants vulnérables requiert l’engagement généreux de tous, un investissement humain et financier à la dimension des besoins.

Comité National
Catholique de Lutte contre le Sida

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