Fiscalité environnementale : Vers un cadre plus juste et durable au Burkina Faso
La cérémonie d’ouverture de l’atelier national de validation des projets de textes relatifs à la fiscalité environnementale applicable à l’exploitation des ressources forestières et fauniques se tient ce jeudi 23 octobre 2025, à Ouagadougou. Organisé par la Direction générale de l’économie verte et du changement climatique (DGEVCC) avec l’appui du Projet de gestion durable des paysages communaux pour la réduction des émissions dues à la déforestation et à la dégradation des forêts (REDD+), cet atelier marque une étape décisive vers la mise en place d’un cadre fiscal adapté à la gestion durable des ressources naturelles.
La cérémonie d’ouverture a été présidée par Boureima Kouanda, secrétaire général du ministère de l’Environnement, de l’eau et de l’assainissement, représentant le ministre. Il avait à ses côtés Christian Somda, directeur général de l’économie verte et du changement climatique, ainsi que des représentants des ministères techniques, des structures déconcentrées, des organisations de la société civile et des acteurs économiques du secteur. L’atelier s’inscrit dans la continuité du processus d’harmonisation des textes législatifs et réglementaires relatifs à la fiscalité environnementale, afin de garantir une exploitation rationnelle et durable des ressources naturelles.
Cette initiative intervient dans un contexte marqué par une forte pression sur les ressources naturelles nationales. Le rythme d’exploitation des forêts, la raréfaction de certaines espèces fauniques et l’inadaptation du cadre fiscal en vigueur ont mis en évidence la nécessité d’une refonte en profondeur. Le Burkina Faso, à travers la DGEVCC, entend ainsi réviser les textes encadrant la perception des recettes liées à l’exploitation des produits forestiers et fauniques, dans le but d’établir un système fiscal à la fois incitatif et dissuasif, encourageant les pratiques durables et décourageant les activités destructrices.
Pour Christian Somda, cette réforme constitue une avancée stratégique dans la gouvernance environnementale du pays. « La réforme que nous portons aujourd’hui n’est pas une option, mais une nécessité nationale. Elle vise à préserver notre patrimoine naturel tout en renforçant notre souveraineté économique. L’avenir de nos forêts, de notre faune et de nos communautés rurales dépend de notre capacité collective à adopter un cadre légal juste, clair et adapté aux défis environnementaux et économiques du moment », a-t-il déclaré.
Les nouveaux textes introduisent une distinction claire entre les recettes de service et les taxes fiscales. Les premières concernent les frais liés à la délivrance de documents administratifs tels que permis, licences, certificats et autorisations d’exploitation, tandis que les secondes, fixées par la loi de finances, portent sur les activités économiques génératrices de revenus. Cette clarification permettra de renforcer la transparence dans la gestion des ressources et de mieux distinguer les redevances administratives des contributions fiscales. La réforme repose également sur le principe de dissuasion par la tarification : plus une activité est nuisible à l’environnement, plus son coût fiscal est élevé.
Selon la DGEVCC, la mise en œuvre effective de ces textes pourrait générer entre 3,5 milliards et 4 milliards de francs CFA par an au profit du budget national. Ces fonds contribueront à la reforestation, à la régénération de la faune et au financement des programmes de gestion durable menés par les collectivités territoriales.
Les travaux de validation se déroulent en plénière, dans un format participatif associant l’administration, les acteurs privés et la société civile. Chaque texte est présenté, analysé et amendé afin d’assurer son adéquation avec les réalités du terrain. Un rapport consolidé sera ensuite élaboré pour servir de base aux prochaines étapes d’adoption officielle par les instances compétentes. Cette approche inclusive reflète la volonté du gouvernement de garantir l’appropriation nationale des réformes et de renforcer la cohérence entre politiques fiscales, environnementales et de développement.
Dans son discours d’ouverture, Boureima Kouanda a salué l’importance de cette initiative qui, selon lui, dépasse la simple dimension technique. « Ces textes vont nous permettre de mieux préserver nos ressources naturelles tout en mobilisant des ressources financières endogènes pour assumer notre développement de manière souveraine. Le Burkina Faso est riche, non seulement par son sous-sol, mais aussi par ses forêts et sa biodiversité. Il était donc urgent d’adapter notre cadre légal aux enjeux actuels », a-t-il affirmé.
Le secrétaire général a également insisté sur la nécessité de redonner de la valeur aux ressources locales, notamment au karité, symbole du lien entre environnement et économie rurale. « Chaque pied de karité est un trésor. Nous devons lui redonner de la valeur afin que les populations n’aient plus intérêt à le détruire », a-t-il ajouté.
À l’issue de l’atelier, les participants procéderont à la validation consensuelle des différents projets de textes. Ces documents, une fois adoptés, serviront de base légale pour une meilleure mobilisation des recettes liées à l’exploitation des ressources forestières et fauniques. Ils permettront également une répartition plus équitable des revenus entre l’État, le Fonds d’intervention pour l’environnement, le Fonds d’équipement forestier et les collectivités territoriales.
Au-delà de l’aspect fiscal, cette réforme vise à instaurer une gouvernance écologique moderne, à responsabiliser les exploitants, à promouvoir la transparence et à garantir une conservation durable du capital naturel. L’adoption prochaine de ces textes marque ainsi une étape cruciale dans la transition écologique et économique du Burkina Faso. Elle illustre la volonté du pays de concilier exploitation économique et préservation de l’environnement. En intégrant la REDD+ dans sa politique nationale, le Burkina Faso confirme son engagement à réduire les émissions liées à la déforestation et à promouvoir un développement durable, respectueux des générations futures.
La validation de ces textes n’est donc pas une simple formalité administrative, mais un acte politique et stratégique affirmant la vision d’un Burkina Faso souverain et responsable dans la gestion de ses ressources naturelles.
Anita Mireille Zongo (stagiaire)
Lefaso.net


