Mariage en Islam/Femme musulmane : Oser le premier pas, un droit religieux
Imam Alidou Ilboudo
Dans cette interview, l’imam Alidou Ilboudo du Cercle d’études, de recherche et de formation islamique (CERFI) et de l’Association des élèves et étudiants musulmans du Burkina (AEEMB) revient sur la place centrale du mariage en islam. Il explique les conditions de sa validité et la liberté accordée à la femme dans le choix de son époux. Il éclaire également sur la possibilité pour une femme de proposer le mariage à un homme, une pratique peu courante mais bien permise par la religion.
Lefaso.net : Quelle est la place du mariage dans l’islam ?
Imam Alidou Ilboudo : Le mariage est très important en islam car c’est la voie normative qui rend licite la cohabitation intime entre un homme et une femme. Dieu nous a créés et nous a dévolu le peuplement de l’humanité par la procréation humaine. Dieu parle à son prophète : « Et Nous avons certes envoyé avant toi des messagers, et leur avons donné des épouses et des descendants… » sourate 13, verset 38. L’islam fait du mariage un acte très recommandé sans le rendre obligatoire.
Quels sont les piliers essentiels d’un mariage islamique valide ?
En islam, les conditions essentielles sont au nombre de cinq. Qui sont la demande et l’acceptation, la présence du tuteur pour la jeune fille, le consentement des prétendants, la présence d’au moins un témoin de chaque partie, le versement d’une dot. Ce sont ces éléments qui président la célébration du mariage en islam.
Quelles sont les étapes clés à suivre pour contracter un mariage islamique ?
Au niveau des étapes, il y a bien sûr la demande de la main au niveau de la famille suivant les us et coutumes de la localité, l’acceptation de la famille de la femme et le prononcé officiel du sermon du mariage. Il est recommandé d’honorer le mariage par un walima, un repas de remerciement d’Allah.
Quelles conditions doivent être remplies par les deux futurs époux pour que le mariage soit licite ?
Les futurs époux devraient être musulmans et avoir un bon comportement. Ils devraient être bâligh, c’est-à-dire responsable. On traduit aussi bâligh par majorité. Mais il faut noter qu’aucune indication d’âge n’est mentionnée dans les textes. En fonction des époques et des endroits, les gens s’adaptent dans la pratique.
La femme peut-elle refuser un mariage arrangé ?
Une femme peut refuser un mariage arrangé. Les textes islamiques disent que la jeune fille doit être consultée et que la divorcée et la veuve décident d’elle-même. Il est rapporté qu’une fille s’est plainte au prophète d’avoir été mariée sans son consentement et le prophète lui a donné raison.
L’islam permet-il à une femme de proposer elle-même le mariage à un homme ?
De la même façon qu’un homme déclare son intention pour une femme, une femme aussi peut le faire. Cela dépend des sociétés, sinon la religion ne l’interdit aucunement.
Y a-t-il des exemples dans l’histoire de l’Islam ou dans la Sunna où une femme a demandé un homme en mariage ?
Le cas emblématique est celui de Kadidja qui a demandé en mariage le prophète. Même si c’est avant la révélation, il y a eu d’autres cas similaires dans l’époque islamique.
Cette initiative est-elle bien perçue dans la communauté musulmane ?
Dans l’esprit actuel de notre communauté islamique ce sont choses qui détonnent. Pas seulement chez nous musulmans, mais dans notre pays tout entier. Ce sont des aspects culturels et éducationnels très déterminants de nos sociétés. On attend que l’homme fasse le premier pas
Y a-t-il un moment ou une circonstance propice pour qu’une femme fasse cette demande (par exemple, via un tiers, après la prière de consultation, etc.) ?
La pudeur étant une caractéristique de la piété, il va de soi que cette demande, qu’elle soit de la part de l’homme ou de la femme se fait toujours par un tiers interposé. Les convenances sociales font partie de la sagesse islamique.
Quel conseil donneriez-vous à une femme musulmane qui souhaite demander un homme en mariage aujourd’hui ?
Elle devrait en parler à un proche qui fera le nécessaire envers l’homme ou sa famille, de la même manière qu’on le fait avec la femme. Mais elle devrait éviter d’aller à lui de façon directe car ce n’est pas dans nos mœurs. Qu’elle n’hésite plus. Qu’elle trouve le messager parfait pour transmettre sa doléance, une amie, une parente. Dans nos sociétés les tantes et les oncles sont là pour ces missions exaltantes.
Interview réalisée par Rama Diallo
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