Diaspora : Dabou Fati, entre Ghana et Burkina, un cœur, deux patries
À Tumu, localité ghanéenne frontalière du Burkina Faso, vit Dabou Fati, 70 ans. Installée depuis plusieurs décennies dans le quartier de Zongo, cette Burkinabè d’origine incarne les liens indéfectibles entre les deux peuples. Commerçante respectée et observatrice attentive de la situation politique, elle confie son espoir en l’avenir du Burkina et en la jeunesse, sous la gouvernance du capitaine Ibrahim Traoré.
À Tumu, dans le quartier de Zongo, frontière mouvante entre cultures burkinabè et ghanéenne, Dabou Fati, 70 ans, incarne ces existences transnationales qui relient les deux pays. Cette Burkinabè d’origine, établie depuis des décennies au Ghana, reçoit dans sa modeste échoppe de vente de nourriture. Mère de sept enfants, son visage sillonné de rides raconte une vie de labeur, mais ses yeux pétillent d’une étonnante clairvoyance lorsqu’elle évoque l’avenir de sa patrie d’origine.
« Je suis Burkinabè dans l’âme, mais le Ghana m’a accueillie », confie-t-elle en réarrangeant ses plats soigneusement préparés. Son commerce lui a permis de s’occuper de sa famille, de traverser les crises et les joies. « La frontière, pour nous, c’est une ligne sur une carte. Nos cœurs battent des deux côtés. » Ses propos décrivent une réalité commune à de nombreuses familles ouest-africaines, éclatées géographiquement mais unies par des liens indéfectibles. « J’ai de la famille au Burkina, bien sûr. Et nous maintenons d’excellentes relations, malgré la distance. »
Ce qui frappe chez cette septuagénaire, c’est l’acuité de son analyse politique. Alors que beaucoup pourraient se désintéresser des affaires d’un pays où ils ne résident plus, Dabou Fati suit avec attention l’évolution de la situation au Burkina Faso.
« Le capitaine Ibrahim Traoré a bien fait de prendre le pouvoir », affirme-t-elle sans ambages. Sa conviction puise sa source dans une lecture intergénérationnelle de la politique. « À mon âge, on ne pense plus à soi. On pense à ceux qui viendront après nous. »
L’espoir comme testament
Ce qui pourrait passer pour un simple soutien politique se révèle être bien plus : un acte de foi dans l’avenir. « Je suis vieille maintenant, mais je vois clairement que nos enfants, ceux du Burkina, vont profiter de sa gouvernance. »
Son témoignage, recueilli devant son échoppe ghanéenne, illustre la persistance des liens identitaires qui unissent les Burkinabè de la diaspora à leur terre d’origine. « Le capitaine travaille pour la jeunesse, pour l’avenir. C’est cela qui est important. »
La sagesse sans frontières
Dans la chaleur humide de Tumu, la voix de Dabou Fati porte au-delà du marché local. Elle représente ces millions d’Africains dont l’existence transcende les frontières héritées de la colonisation, et dont la sagesse puise dans la riche expérience de la migration.
« Quand on a vécu aussi longtemps, qu’on a vu passer tant de régimes, on reconnaît quand un leader veut vraiment le bien de son peuple », conclut-elle, retournant à ses fourneaux avec la sérénité de celles qui savent que l’essentiel se joue sur le temps long.
Alors que le soleil décline sur Zongo, Dabou Fati, Burkinabè au Ghana, continue de nourrir son monde, portant en elle l’espoir que la jeunesse burkinabè récoltera les fruits des décisions présentes.
Agbegnigan Yaovi
Lefaso.net

