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UACO 2025 : « La communication n’est jamais neutre, elle peut être un outil de domination, comme un instrument de libération », Jean Emmanuel Ouédraogo

Publié le jeudi 2 octobre 2025 à 22h15min

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UACO 2025 : « La communication n’est jamais neutre, elle peut être un outil de domination, comme un instrument de libération », Jean Emmanuel Ouédraogo

La 14ᵉ édition des Universités africaines de la communication de Ouagadougou (UACO) a officiellement débuté dans l’après-midi du mercredi 1ᵉʳ octobre 2025. La cérémonie d’ouverture a été présidée par le ministre d’État, chargé de la Défense et des Anciens combattants, le général de brigade Célestin Simporé, représentant le Premier ministre, Rimtalba Jean Emmanuel Ouédraogo.

Les UACO 2025 se tiennent du 1ᵉʳ au 3 octobre 2025 sur le thème : « Influence du contexte géopolitique sur la communication et le développement en Afrique ». Un thème qui, selon le chef du gouvernement, représenté à cette cérémonie, traduit cette volonté d’explorer avec lucidité et ambition les grands enjeux du moment. Durant ces trois jours d’échanges, les spécialistes de l’information et de la communication décrypteront, à travers plusieurs panels, l’influence de la géopolitique sur la communication et le développement en Afrique.

« L’évolution des technologies numériques, les défis liés à la souveraineté informationnelle, le rôle des médias face aux crises sécuritaires, ainsi que les perspectives d’une coopération renforcée entre les nations africaines. De nos jours, il est quasiment impossible de faire fi de certaines données extraterritoriales dans les rapports aux médias et à la communication de façon générale. Le monde de l’information et de la communication, pour jouer pleinement sa partition, doit tenir compte des profondes mutations de notre ère. L’avènement de l’intelligence artificielle en est un exemple palpable, et je me réjouis de voir que ces préoccupations du moment sont enrôlées dans l’agenda global de notre cadre de réflexion. Déconstruire les stéréotypes et les clichés, promouvoir une Afrique sur les sentiers du développement durable, voici les missions assignées aux acteurs de la communication de notre continent », a déclaré le ministre en charge de la Communication, Pingdwendé Gilbert Ouédraogo, au nom du Premier ministre.

Le général de brigade Célestin Simporé, représentant le Premier ministre, Rimtalba Jean Emmanuel Ouédraogo

Il a ensuite indiqué que les UACO constituent un espace de rencontre, de partage de connaissances et d’expériences, une véritable plateforme pour les acteurs des médias et de la communication d’Afrique et du reste du monde. Elles constituent également un moment privilégié de réflexion sur les mutations profondes qui impactent les sociétés africaines et sur la place centrale qu’occupe la communication dans la gouvernance, le développement et la construction de la paix.

La communication n’est jamais neutre…

Pour Rimtalba Jean Emmanuel Ouédraogo, cité par le ministre en charge de la communication, la communication n’est jamais neutre. Elle est un levier stratégique qui peut transformer les sociétés. « La communication peut être un outil de domination, comme un instrument de libération. Elle peut servir à manipuler, comme elle peut contribuer à éclairer et à mobiliser le peuple vers son émancipation. Dans notre continent, l’Afrique, berceau de l’humanité, cette Afrique riche de sa jeunesse, de ses ressources et de ses cultures, où les défis du développement sont multiples, il est essentiel de bâtir une souveraineté informationnelle, de renforcer ses capacités de production et de diffusion des savoirs, et d’affirmer sa voix sur la scène mondiale. Les tensions géopolitiques, la reconfiguration des alliances internationales, la montée en puissance des nouvelles technologies et des réseaux sociaux, tout comme les crises économiques et sécuritaires, influencent non seulement nos sociétés, mais aussi la manière dont nous communiquons, partageons l’information et construisons notre développement. Comprendre ces enjeux, partager nos expériences et imaginer des solutions adaptées est essentiel pour construire une Afrique souveraine, informée et résiliente », a soutenu le chef de l’exécutif burkinabè, dont le discours a été lu par son ministre de la Communication.

Pingdwendé Gilbert Ouédraogo, ministre en charge de la Communication, a prononcé le discours du Premier ministre

Pour finir, Jean Emmanuel Ouédraogo par la voix de Pingdwendé Gilbert Ouédraogo a précisé que le développement endogène prôné par son gouvernement ne sera réalité qu’à la seule condition que les acteurs du développement africain soient conscients de leurs capacités et de l’immense potentiel du continent. « Pour sa part, le gouvernement du Burkina Faso reste convaincu que le développement ne saurait se concevoir sans une communication responsable, inclusive et tournée vers l’intérêt général. C’est pourquoi il apporte tout son soutien à cette initiative et encourage la poursuite de ces rencontres qui sont devenues un cadre de référence pour les professionnels, les universitaires et les décideurs », a-t-il ajouté.

L’Afrique doit repenser sa manière de communiquer, valoriser ses cultures et affirmer sa voix sur la scène internationale

Des pays frères et amis prennent part à ces UACO 2025. Il s’agit notamment des pays invités d’honneur, à savoir le Mali, le Niger et le Togo. Selon Alhamdou Ag Ilyene, ministre de la Communication, de l’Économie numérique et de la Modernisation de l’administration du Mali, représentant ces trois pays invités, cette attention à leur égard témoigne des liens solides, de solidarité et de fraternité qui unissent les peuples de ces pays. À l’entendre, le thème de cette 14ᵉ édition des UACO interpelle tout un chacun et pose une problématique d’une actualité prégnante et d’un intérêt évident pour les pays africains.

« Il illustre parfaitement les préoccupations actuelles de nos sociétés et nous rappelle que la communication, loin d’être un simple instrument d’information, est au cœur des enjeux stratégiques qui façonnent notre continent. Dans un contexte international en recomposition, essentiellement marqué par des crises sécuritaires, économiques et sociales, l’Afrique se trouve de nos jours au cœur des nouvelles rivalités géopolitiques, médiatiques et technologiques. Loin d’être un simple réceptacle passif, l’Afrique doit, au regard des enjeux, adopter une stratégie pour transformer cette réalité en avantage plus qu’en vulnérabilité », a-t-il développé.

Alhamdou Ag Ilyene, ministre de la Communication, de l’Économie numérique et de la Modernisation de l’administration du Mali, représentant les trois pays invités d’honneur

« L’Afrique a plus que jamais besoin de repenser sa manière de communiquer, de valoriser ses cultures et d’affirmer sa voix sur la scène internationale. Nous partageons donc la conviction que la communication est non seulement un vecteur de développement, mais également un outil de souveraineté, de cohésion sociale et de transformation positive. C’est pourquoi nous nous réjouissons de l’initiative du Burkina Faso, qui, à travers les UACO, offre un cadre unique pour mutualiser les réflexions, partager les expériences et dégager des solutions africaines adaptées à nos réalités. À cet égard, la communication devient une légitimation indispensable pour affirmer notre souveraineté dans un monde globalisé, pour renforcer la confiance entre gouvernants et citoyens et pour construire des récits africains capables d’inspirer notre jeunesse et de valoriser nos identités », a fait savoir Alhamdou Ag Ilyene.

Le ministre de la Communication, de l’Économie numérique et de la Modernisation de l’administration du Mali, au nom des pays invités, a réaffirmé leur engagement à accompagner de telles initiatives, à renforcer la coopération régionale et internationale dans le domaine de la communication et du numérique et à travailler main dans la main pour bâtir une Afrique plus unie, plus résiliente et plus prospère.

Le champ de bataille et d’orchestration des influences géopolitiques est désormais numérique

De son côté, Dr Aminata Zerbo/Sabané, ministre de la Transition digitale et des Communications électroniques du Burkina Faso et marraine de ces UACO 2025, a laissé entendre que l’engouement et l’intérêt constant que cet évènement suscite en sont la plus éloquente des preuves sur sa nécessité. En tant que ministre de la Transition digitale et des Communications électroniques, elle affirme être la première à constater que le champ de bataille et d’orchestration des influences géopolitiques est désormais numérique. « Les câbles sous-marins, les satellites, les réseaux sociaux et l’intelligence artificielle ne sont plus de simples commodités. Ils sont devenus les nouveaux instruments de pouvoir, d’influence et, fondamentalement, de souveraineté. L’Afrique est la cible d’architectures d’influences complexes, souvent orchestrées depuis l’étranger. Des campagnes de désinformation aux tentatives sophistiquées de manipulation de l’opinion. L’espace numérique est le théâtre où notre identité, nos valeurs et nos aspirations sont mises à l’épreuve. Nos pays du Sahel qui font face à l’adversité du terrorisme le vivent de façon intense au quotidien », a-t-elle détaillé.

Dr Aminata Zerbo/Sabané, ministre de la Transition digitale et des Communications électroniques du Burkina Faso et marraine de ces UACO 2025

Mais selon elle, cette épreuve est une opportunité historique à saisir. « C’est là que notre rôle prend toute sa dimension. La digitalisation n’est pas seulement un vecteur de modernisation administrative et économique. Elle est un levier essentiel pour reprendre en main notre propre narration. Le numérique doit être le pont inébranlable qui nous permettra de diffuser nos cultures, de valoriser nos histoires et de connecter nos populations, nous affranchissant de la dépendance des canaux étrangers. C’est en maîtrisant nos technologies, en formant nos experts et en créant nos propres contenus originaux et authentiques que nous pourrons définitivement nous libérer du regard extérieur et construire une identité numérique qui nous ressemble », a interpelé Dr Aminata Zerbo/Sabané, marraine des UACO 2025.

Photo de famille des officiels

La cérémonie s’est achevée par la visite des stands des acteurs de l’information et de la communication. Des prestations artistiques ont tenu également le public en haleine durant ce cérémonial d’ouverture.

Mamadou Zongo
Lefaso.net

Crédit photos : DCRP MCCAT

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