Burkina/Adaptation aux aléas climatiques : Un colloque international sur l’action anticipatoire pour renforcer la collaboration entre les acteurs
Du 23 au 25 septembre 2025, le Burkina Faso abrite le premier colloque international sur l’action anticipatoire. Il est organisé par le Laboratoire géosciences et environnement de l’université Joseph Ki-Zerbo de Ouagadougou, en collaboration avec le groupe de travail technique sur l’action anticipatoire sur le thème « Renforcement de la gestion anticipatoire des aléas climatiques au Burkina Faso : vers une collaboration multi-acteurs fondée sur les modèles et les savoirs locaux ». Ce colloque regroupe des scientifiques, des humanitaires et bien d’autres acteurs engagés dans la gestion des risques et des catastrophes naturelles.
Le colloque international sur l’action anticipatoire au Burkina Faso a pour objectif de contribuer à l’amélioration de la gestion des crises climatiques en intégrant l’action de prospective multi-acteurs à partir de modèles robustes comme l’aide à la prise de décision éclairée. Il se veut un cadre d’échanges entre chercheurs, acteurs institutionnels, humanitaires et communautaires.
Au Burkina Faso, les aléas climatiques tels que les sécheresses, les inondations, les vents violents ainsi que les vagues de chaleur, constituent des risques pour les populations et les infrastructures exposées. Selon de nombreuses projections, ces risques climatiques vont se renforcer au fil du temps avec des effets très néfastes dans plusieurs secteurs d’activités touchant les plus vulnérables.
Afin de réduire les effets négatifs des impacts des aléas climatiques, il est important de renforcer la prospection et la planification anticipatoire, à travers une collaboration multisectorielle fondée sur la science et les savoirs locaux. C’est pourquoi, au cours des 72 heures que va durer le colloque, les participants vont identifier les initiatives locales basées sur le savoir-faire local sur la prédiction du temps et du climat, prendre connaissance des initiatives existantes au niveau national en matière d’approches de prédiction des aléas et d’évaluation de leurs impacts sur les communautés, identifier les initiatives locales basées sur le savoir-faire local et autochtone en matière de prédiction du temps et du climat.
Ils vont aussi partager les expériences d’utilisation des modèles anticipatoires mis en œuvre dans d’autres pays afin de comprendre le cadre organisationnel de surveillance ou d’observation des aléas majeurs et procéder à un diagnostic des forces et faiblesses de l’utilisation des modèles anticipatoires par les structures spécialisées et proposer des solutions. Ces différentes phases devraient leur permettre de s’accorder sur le cadre organisationnel, le format de collaboration et d’identifier le rôle et la responsabilité des acteurs dans la surveillance des aléas naturels au moyen de modèles anticipatoires. Une feuille de route à soumettre aux décideurs pour l’adoption de la prise en compte de l’action anticipatoire et de ses préalables sera aussi proposée.
Selon le directeur du laboratoire Géosciences et environnement, Pr Seta Naba, le colloque sera ponctué par trois sessions thématiques en lien avec les aléas majeurs connus au Burkina Faso que sont les sécheresses et vagues de chaleur, les inondations et les conflits et déplacements des populations à l’intérieur du pays du fait des catastrophes climatiques.
L’action anticipatoire, une réponse aux effets présents et futurs des aléas climatiques
À en croire Dr Diakaria Son, secrétaire exécutif du Conseil national pour la sécurité alimentaire et représentant le ministre de l’agriculture, l’adaptation aux changements climatiques doit se construire autour de l’approche de l’action anticipatoire, car c’est une approche permettant une prévention et une gestion plus efficaces des risques de catastrophes prévisibles.
C’est pourquoi il se réjouit de l’engouement suscité par la valorisation et la promotion de l’action anticipatoire, qui s’est concrétisé par la signature du Plan national d’action anticipatoire pour les inondations au Burkina Faso (PNAAI, 2025-2027) par le ministre en charge de l’agriculture.
Il n’a pas manqué de souligner l’importance d’une production de données scientifiques fiables pour une gestion anticipative efficace des risques climatiques. « C’est pourquoi je me réjouis de la tenue effective de ce colloque, organisé à point nommé et qui place la recherche au cœur des échanges, valorise les savoirs locaux et encourage la coopération », a-t-il indiqué.
Pour le coordonnateur résident du système des nations unies, Maurice Azonnankpo, les crises, quelles que soient leurs natures, ne sont pas des événements isolés, mais des phénomènes systémiques souvent prévisibles, qui continuent de désorganiser les mécanismes de réponse et de fragiliser les communautés.
« Face à cette réalité, l’action anticipatoire s’impose comme réponse stratégique, fondée sur l’exploitation de données climatiques et socio-économiques fiables ; des déclencheurs prédéfinis et validés et des mécanismes de financement préalablement négociés et pouvant être rapidement activés. C’est une approche innovante, pragmatique et humaine. Elle consiste à agir avant que la crise ne survienne ou que ses effets les plus néfastes ne se fassent sentir pleinement. Ainsi, elle permet non seulement de sauver des vies, mais aussi de réduire les coûts humanitaires, de renforcer la résilience des systèmes locaux et de préserver la dignité des populations. L’action anticipatoire n’est pas une simple option. C’est une nécessité. Ce colloque constitue une étape décisive pour positionner le Burkina Faso comme un acteur de référence dans ce domaine à l’échelle régionale et internationale », a-t-il souligné.
Le président de l’université Joseph Ki-Zerbo, Pr Jean-François Silas Kobiané, qui a présidé l’ouverture des travaux, a salué l’organisation du présent colloque. « Les défis liés aux changements climatiques et à la résilience des communautés appellent une mobilisation de tous les savoirs et de tous les acteurs. Je forme donc le vœu que ce colloque soit un espace d’échanges fructueux, de partage d’expériences et de construction de solutions concrètes pour un Burkina Faso plus résilient et mieux préparé aux crises climatiques », a-t-il exhorté les participants.
Il faut noter que ce colloque international est placé sous le parrainage de Konomba Traoré, trésor humain vivant.
Armelle Ouédraogo
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