LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Soyez un repère de qualité. Certaines personnes ne sont pas habituées à un environnement où on s’attend à l’excellence.” Steve jobs

Burkina Airlines : "Nous sommes respectueux des lois"

Publié le mardi 17 février 2004 à 08h36min

PARTAGER :                          

Burkina Airlines est une jeune compagnie aérienne "aux ailes
bien longues". En affirmant cela, Boureima Ouédraogo, plus
connu sous le nom de OBOUF, sigles qui désignent le groupe
dont il est le président directeur général (PDG), signifie
certainement les ambitions que lui et les autres actionnaires ont
pour Burkina Airlines.

Vous aurez compris que l’homme a
également une main bien longue dans la société burkinabè de
droit privé, Burkina Airlines. Il en est le président du Conseil
d’administration, en tant qu’actionnaire majoritaire. Caroline
Ouédraogo, la directrice générale de Burkina Airlines, a
embouché la même trompette que son patron. Elle sait qu’elle a
des obligations de résultats et c’est en toute sérénité qu’elle a
dit : "je suis confiante en l’avenir de notre bien commun à nous
tous Burkinabè".

Mais, en réalité, comment se porte Burkina
Airlines dans les airs ? Les prix assez bas proposés
permettent-ils à la Compagnie de faire des bénéfices ? Quels
rapports entretient-elle avec les autres compagnies aériennes
qui sont déjà sur le terrain avant Burkina Airlines ? Y a-t-il
concurrence, conflit ou franche collaboration entre Burkina
Airlines et les autres compagnies ? Après Paris et Abidjan, sur
quelles étapes, Burkina Airlines mettra-t-elle le cap ? Entretien.

"Le Pays" : Depuis son décollage pour la première fois en
direction de Paris, Burkina Airlines maintient-elle le cap ?

Boureima Ouédraogo dit OBOUF : Burkina Airlines est une
compagnie de droit burkinabè créée en 2003 pour contribuer au
désenclavement du Burkina Faso. C’est pourquoi avant même
de créer cette société, nous nous sommes rendus auprès des
autorités burkinabè pour bénéficier de leur aval et surtout de
leurs conseils. Nous avons également approché des
opérateurs économiques et de nombreux Burkinabè qui nous
ont encouragés dans ce sens. Du reste, la majorité des actions
de Burkina Airlines est détenue par des privés burkinabè.

Avez-vous pris officiellement attache avec une direction comme
celle de l’Aviation civile et de la météorologie ?

C’est la moindre des choses. C’était la première contrainte à
respecter car les compagnies aériennes sont sous la coupe de
cette direction qui a toujours travaillé dans la transparence et
selon les règlements et textes en vigueur. On ne peut pas créer
une compagnie aérienne sans se référer à la direction de
l’aviation civile. Dans le même sens, il faut obligatoirement avoir
l’aval du ministère des transports qui reste l’institution
responsable des transporteurs, qu’ils soient aériens, terrestres
ou maritimes.

Par ailleurs, nous avons eu plusieurs rencontres
avec les premiers responsables du ministère des Transports et
de la DGACM. Les autorités de ce pays nous ont encouragé
dans notre initiative, car notre objectif, c’est de les appuyer dans
leur lourde tâche de désenclaver le Burkina Faso. Bien que la
libéralisation du ciel soit déjà une réalité, nous avons emprunté
la voie normale, la voie légale pour créer Burkina Airlines. Nous
sommes très respectueux des lois qui régissent les transports
aériens dans notre sous-région et qui ont libéralisé le ciel.

Avant votre implantation, d’autres compagnies existaient déjà
sur le terrain. Ne craignez-vous pas la concurrence, et comment
la gérez-vous ?

Je suis un homme d’affaires qui a capitalisé plus de 20 ans
d’expériences et qui sait que dans les affaires, la concurrence
est très rude et parfois sans pitié. Mais s’il faut avoir peur de la
concurrence, cela signifie qu’on ne peut pas avancer. Etant
d’abord transporteur routier, je reste dans le même
environnement avec les transports aériens, bien que les
données aient un peu changé. Ma décision de me lancer dans
le transport aérien a été le fruit d’une très longue réflexion.
L’ambition qui est naturellement le fort de l’homme et
particulièrement une qualité première chez les hommes
d’affaires, a également été déterminante dans notre décision de
créer Burkina Airlines. Nous avons effectivement pris en compte
l’existence de compagnies devancières que nous respectons
beaucoup dans nos relations. Quelques responsables de
compagnies soeurs nous ont même félicité quand nous créions
Burkina Airlines. Pour nous à Burkina Airlines, il n’y a donc
aucun problème en principe. Nous n’avons aucune intention de
nuire à une autre compagnie où à d’autres Burkinabè. Nous ne
faisons qu’apporter notre aide à la construction de la nation et à
la résorption du chômage en créant des emplois.

Si l’on doit citer comme exemple d’entente avec les autres
compagnies, le partenariat entre Burkina Airlines et Point
Afrique, peut-on savoir si d’autres raisons ont guidé ce "mariage
aérien" ?

Nous avons voulu avoir un partenaire européen crédible et
comme Point Afrique est une compagnie qui cumule beaucoup
d’années d’expériences, nous sommes allés vers elle pour
mettre ensemble nos forces.

En affrétant vos avions, tenez-vous compte de la sécurité
aérienne, surtout que ces derniers temps, les crashs
d’appareils ont nourri l’actualité ?

Lors d’interviews assez récentes dans la presse nationale,
j’avais évoqué cette question qui est capitale pour nous. La
sécurité, et des personnes et de leurs biens, est une priorité
pour nous à Burkina Airlines. Nous y sommes très attachés et
c’est dans cette optique que nous louons les avions en Europe,
avec des sociétés qui sont très à cheval sur les normes de
sécurité. Pour la sécurité, il n’y a aucun problème.

Burkina Airlines dessert maintenant Abidjan. Qu’est-ce qui vous
a guidé à aller vers la capitale ivoirienne ?

Nous avons reçu les autorisations et le droit de voler, sans
limitation de destination. Notre compagnie est en mesure de
voler sur le long courrier comme dans la sous-région. Sur ce
point, nous restons en parfaite harmonie avec les décisions de
Yamoussoukro et les textes de l’UEMOA (Union économique et
monétaire ouest africaine, ndlr).

Vous disiez avoir initié la desserte d’Abidjan beaucoup plus par
patriotisme.

Même pour le long courrier, nous avons tenu à proposer des
prix très abordables en tenant compte du pouvoir d’achat de nos
compatriotes. Ce n’est pas pour amasser des profits exagérés.
Nous voulons aider tous ces voyageurs qui n’ont pas beaucoup
de moyens, mais qui font les affaires ou qui ont des parents
ailleurs, notamment en Côte d’Ivoire où la colonie burkinabè
reste très forte. Ainsi, les Burkinabè peuvent aller en Côte
d’Ivoire à moindre coût, tout comme les Ivoiriens peuvent venir
au Burkina à un tarif étudié. Tout ceci favorisera l’intégration et
donnera un bon coup de pouce aux échanges économiques,
avec pour résultat, le développement de la sous-région, voire de
l’Afrique.

Votre compagnie s’en sort-elle avec ces prix étudiés ?

S’en sortir, c’est peut-être trop fort comme mot. Seulement,
nous ne travaillons pas à perte, même si nous sommes là, plus
dans le but de donner que de prendre. Selon nos calculs, si les
passagers sont nombreux à chaque voyage, les prix seront
toujours abordables à Burkina Airlines. Nous pouvons rester
scotchés aux prix actuels si nous vendons beaucoup de sièges.
C’est à la suite d’études très sérieuses que nous avons décidé
d’appliquer ces prix. Au vu du taux de remplissage tant au
premier vol qu’au deuxième, où les passagers étaient autour de
200, nous sommes certains de faire oeuvre utile en desservant
Abidjan. C’est la preuve que les usagers attendaient beaucoup
une telle initiative, et nous sommes fiers de le faire pour notre
pays et pour l’Afrique. Il y avait même dans le groupe, des
passagers qui n’ont jamais pris l’avion. Désormais c’est chose
faite. Nous profitons de l’opportunité pour saluer la disponibilité
des autorités ivoiriennes qui nous ont donné l’autorisation pour
ces deux premiers vols. Nous espérons qu’elles seront toujours
disponibles et qu’elles nous accorderont l’autorisation définitive.
Vu leur ouverture d’esprit, nous restons confiants et nous
comptons sur leur sollicitude.
Il faut que les Burkinabè nous accompagnent dans notre projet,
afin que nous puissions continuer à leur rendre service.

Notre
politique, c’est de permettre à de nombreuses personnes de
voyager à moindre coût et dans la sécurité totale. Je souhaite
également que les responsables des pays voisins nous
accompagnent dans notre projet, pour un développement de
l’Afrique par l’intégration.

Propos recueillis par Morin YAMONGBE

Une femme dans les airs

La Directrice générale de Burkina Airlines, Caroline Ouédraogo, évoque ici les atouts de sa compagnie.

"Burkina Airlines se porte à merveille actuellement. Après le long
courrier que nous avons commencé il y a un mois, nous avons
pour objectif de desservir la sous-région conformément aux
textes de Yamoussoukro et de l’UEMOA, qui nous permettent
d’exploiter l’espace aérien libéralisé. Côté affluence, nous
sommes également satisfaits. La presse a du reste effectué le
premier vol avec nous, et elle a été témoin de l’engouement des
passagers pour Burkina Airlines et de leur joie quand l’avion a
atterri à Abidjan. Ils ont applaudi et ont exprimé leur joie d’avoir
désormais à leur portée l’outil aérien. C’est la preuve que tous
les Burkinabè attendaient notre compagnie.

Notre objectif étant
de permettre à tous les Burkinabè d’aller dans les pays frères et
amis, y faire leurs affaires comme bon leur semble, de voyager
aisément et à un bon coût, nous prévoyons desservir d’autres
capitales de l’espace UEMOA, voire plus loin.

C’est pour que les
passagers soient dans un confort de voyage correct que nous
mettons l’accent sur les commodités avant, pendant et après le
vol. Le coût abordable, la franchise bagage élevée et la sécurité
des bagages, sont autant d’éléments que Burkina Airlines
privilégient.

Je vois Burkina Airlines croître et grâce au jeu
d’alliance avec les autres compagnies, atteindre beaucoup de
pays dans le monde. Nous avons déjà créé beaucoup
d’emplois, et nous comptons en créer davantage".

M.Y

Le Pays

PARTAGER :                              
 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique
Burkina : Une économie en hausse en février 2024 (Rapport)