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Gouvernance en Afrique : l’arbre ne doit pas cacher la forêt

Publié le lundi 15 mai 2006 à 08h08min

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La gouvernance, qu’elle soit politique, économique ou sociale a connu des avancées en Afrique ces deux dernières décennies. Le vent de la démocratie qui a soufflé sur le continent depuis les années 1990 a contribué à la mise en place d’un système de gestion efficient de la chose publique.

On parle alors de bonne gouvernance. Du coup on constate que les régimes démocratiques et la représentativité politique progressent, pendant que sur le plan de la gestion des finances publiques et de la responsabilité, des progrès sont enregistrés.

L’intégrité et la légitimité du processus électoral s’améliorent, le partenariat public-privé se développe, l’exécutif devient moins dominant et les acteurs non étatiques plus actifs. Ainsi la culture de l’autoritarisme politique qui a donné entre autres lieu à des dictatures militaires et des régimes à parti unique dans nombre de pays africains a peu à peu laissé la place à des régimes démocratiques multiparites et pluralistes où le vote reste et demeure une forme majeure de participation politique et un paramètre de la légitimité d’un système démocratique.

La dominance de l’exécutif se fait moins sentir contrairement aux tendances observées par le passé ; on note une diminution de la domination de l’exécutif en Afrique. Plusieurs facteurs, notamment la fin de la guerre froide, la mondialisation et les exigences constitutionnelles et politiques expliquent cette situation. En outre, les organisations de la société civile et les médias africains ont marqué leur opposition à l’autoritarisme, aux abus de pouvoir et à la corruption.

Ils ont aussi soutenu les appels internationaux en faveur de la liberté individuelle, des droits de l’homme et du droit à participer aux processus de développement et de démocratisation de leur pays. Sur le plan économique, même si la privatisation est lente dans certains pays, on remarque que le secteur privé est de plus en plus considéré comme un partenaire du public.

Les résultats macroéconomiques sont encourageants en ce sens qu’en 2004, l’Afrique a enregistré une croissance de 4,6% et tend actuellement vers 5,3%, soit le taux le plus élevé depuis dix ans. Ce qui a certainement créé une confiance vis-à-vis des pays développés et qui a valu l’annulation de la dette de quatorze pays africains les plus pauvres et la promesse d’une aide accrue au développement économique.Au plan social, l’aide au développement du secteur informel est en amélioration.

Ce secteur joue un rôle important dans l’économie de plusieurs pays en tant que source d’emplois et instrument majeur de lutte contre la pauvreté.

Les droits sociaux, tels ceux des groupes marginalisés comme les enfants les handicapés et un peu les femmes sont de plus en plus reconnus et respectés. Cependant, l’arbre ne doit pas cacher la forêt. Ce tableau reluisant de la gouvernance en Afrique n’est que la partie visible de l’iceberg. Le rapport 2005 de la Commission économique pour l’Afrique de l’Organisation des Nations unies sur la gouvernance en Afrique ne voit pourtant pas les choses de cette façon.

Il estime que la fragilité du processus démocratique, la fraude fiscale, la corruption, les irrégularités dans la passation des marchés, l’absence de discipline budgétaire, le manque de transparence et de responsabilité dans la gestion de la chose publique sont légion dans la la plupart des pays. En effet, une grande majorité des constitutions élaborées après l’indépendance consacre le principe de la séparation des pouvoirs.

La fraude et la corruption, autres handicaps de la bonne gouvernance

Cependant, au fil du temps, ces dispositions ont été systématiquement affaiblies, révisées, suspendues ou même remplacées par d’autres qui concentrent le pouvoir de l’exécutif. Pourtant, l’un des principaux enjeux à surmonter pour assurer une bonne gouvernance en Afrique consiste à trouver les moyens de restreindre le pouvoir de l’exécutif de faire contrepoids de façon créative à son autorité discrétionnaire sans nuire à son aptitude à s’acquitter de ses obligations constitutionnelles et de son mandat politique. Autres handicaps de la bonne gouvernance : la fraude et la corruption qui font que le manque à gagner sur les recettes est une raison essentielle des déficits budgétaires et de l’absence de discipline.

Une corruption qui prospère, à cause de la faiblesse et de la non autonomie des institutions publiques. Même si des structures de lutte existent, elles sont soit mal dotées en ressources humaines, financières ou techniques, soit elles sont elles-mêmes corrompues. Des mesures à court et à long termes doivent êtres prises pour encourager la transparence et lutter contre la corruption à tous les niveaux de la société.

Accorder aux institutions une autonomie relative pour les libérer d’une ingérence politique indue et améliorer les rémunérations des agents de la fonction publique figurent parmi les options immédiates pour réduire leur vulnérabilité. N’est-ce-pas pour répondre à toutes ces préoccupations que les ministres africains des Finances, de la Planification et du Développement économique se rencontrent les 14 et 15 mai 2006 à Ouagadougou pour réfléchir sur le thème : « Relever le défi de l’emploi en Afrique » ?

Un thème évocateur qui interpelle les chefs d’Etat, les acteurs du développement et les membres de la société civile. Lors du sommet extraordinaire sur l’emploi et la lutte contre la pauvreté tenu à Ouagadougou en septembre 2004, ils ont tous reconnu que : « la pauvreté, le chômage et le sous-emploi sur le continent compromettent les droits humains fondamentaux et la dignité des individus et des communautés affectées et qu’ils constituent une menace à la stabilité sociale, économique et politique ».

Cette rencontre précédera immédiatement la 41e assemblée annuelle des gouverneurs du groupe de la Banque africaine de développement et la 32ème Assemblée annuelle des gouverneurs du Fonds africain de développement.

Une tribune est encore offerte aux décideurs africains de discuter des problèmes socioéconomiques qui entravent la bonne gouvernance du continent. Souhaitons que sortent de la rencontre de Ouagadougou des décisions idoines qui constitueront une feuille de route pour la promotion de la bonne gouvernance.

Verlaine A. KABORE

Sidwaya

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