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Médias : Les principes du web journalisme, selon Herman Frédéric Bassolé

Publié le mercredi 27 août 2025 à 22h35min

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Médias : Les principes du web journalisme, selon Herman Frédéric Bassolé

Herman Frédéric Bassolé est le rédacteur en chef, chargé du multimédia à Lefaso.net. Il exerce le journalisme depuis 2014. Il donne des cours et des formations sur le journalisme mobile (mojo). L’expert en multimédia est également un mordu de la photographie. Son talent lui a valu des distinctions au niveau national. Au regard de son expérience, il lui a été demandé de donner quelques conseils à ceux qui souhaitent embrasser une carrière de web journalisme. Bienvenue à l’école de Fredo (diminutif).

L’écriture web

Il faut apprendre à écrire pour le web, recommande le journaliste. Dans l’écriture de l’article web, il faut aller à l’essentiel. Il faut apprendre à être concis, à soigner son écriture, à être clair et percutant. Cela ne signifie pas qu’il faut forcément écrire court, mais plutôt éviter les tournures lourdes et aller directement au but. Il convient également d’utiliser des titres accrocheurs, sans pour autant tomber dans le sensationnalisme, ajoute Herman Frédéric Bassolé. « Malheureusement, on constate que certains journalistes utilisent des titres accrocheurs, mais au fond, il n’y a rien dans le contenu », déplore-t-il. Il souligne qu’il faut respecter l’ossature d’un article web, c’est-à-dire : les titres, le chapo, les intertitres, etc. Les images ne sont pas à négliger. Il faut donc apprendre à faire des photos.

La réactivité

Herman Frédéric Bassolé a rappelé que le webjournalisme rime avec réactivité. Entre les flashs (une brève, un résumé d’événement) sur les réseaux sociaux et les articles à publier sur le site du média, le e-journaliste doit tirer son épingle du jeu. Il doit être rapide dans le traitement de l’information.

N’empêche, insiste-t-il, le journaliste ne doit pas sacrifier un élément important : la vérification. « Il ne faut pas publier des informations erronées au nom de la rapidité. Publier trop vite sans une vérification rigoureuse peut détruire votre crédibilité et celle de votre média », a-t-il prévenu.

Le Mojo et l’infographie

Selon l’expert en multimédia, qui dit webjournalisme dit pratique du journalisme mobile (mojo). Dans un monde où le format vidéo est très prisé, surtout par les plus jeunes, apprendre le mojo est un impératif pour un journaliste.

« Le mojo est une pratique en vogue aujourd’hui. Il consiste à collecter, traiter et diffuser des informations à partir du smartphone. Il faut filmer et monter la vidéo directement sur le téléphone. Les internautes consultent l’information sur leurs smartphones. Il faut donc adapter le contenu à ce format-là, c’est très important », explique-t-il.

Pour Herman Frédéric Bassolé, la maîtrise des visuels et des outils numériques n’est plus une compétence optionnelle mais une nécessité pour tout journaliste web. Savoir produire des infographies, retoucher des photos ou créer des visuels adaptés aux différents supports numériques constitue un véritable atout.

« Au-delà des visuels, le journaliste doit également s’approprier les principaux outils numériques qui structurent l’écosystème de l’information en ligne. La maîtrise de WordPress, par exemple, facilite la publication et la mise en valeur des contenus sur des sites professionnels. La connaissance des réseaux sociaux est indispensable pour toucher et fidéliser une audience. Les outils d’analyse, quant à eux, offrent la possibilité de mesurer l’impact d’un article, de comprendre le comportement des lecteurs et d’adapter la stratégie éditoriale. Enfin, le référencement (SEO) constitue une compétence clé pour garantir la visibilité des productions journalistiques sur les moteurs de recherche. »

Esprit critique, Data-journalisme et Fact-checking

Herman Frédéric Bassolé rappelle qu’un journaliste, et plus encore le journaliste web, doit toujours garder une distance critique face aux faits. Il ne s’agit pas seulement de relater ce qui est observé, mais d’analyser avec discernement, de prendre du recul et de développer un véritable esprit critique afin d’éviter tout biais ou confusion.

Cette exigence passe également par la capacité à distinguer clairement les faits des opinions. Pour cela, l’usage des données devient indispensable. Le datajournalisme offre la possibilité d’analyser des chiffres, de confronter des affirmations et de vérifier des déclarations. Dans un environnement saturé par les fausses informations, le fact-checking s’impose comme une compétence incontournable.
« Il est essentiel de maîtriser les outils permettant de vérifier une information en ligne. On peut, par exemple, authentifier une information à partir d’une image », dit-il.

Interaction avec les internautes et formation continue

Pour Herman Frédéric Bassolé, un journaliste web ne doit pas se couper de son public. « La lecture des commentaires laissés sous les articles constitue un moyen direct d’interagir avec les lecteurs. Certaines critiques ou suggestions peuvent même devenir des pistes de réflexion et inspirer de futurs sujets. »

Il insiste également sur l’importance de la formation continue. Le journalisme numérique évolue sans cesse, avec de nouveaux outils et formats qui apparaissent chaque année. Rester compétitif suppose donc de se cultiver en permanence et d’acquérir régulièrement de nouvelles compétences. « Il ne faut jamais se dire : “Je suis journaliste, je n’ai plus besoin d’apprendre.” Au contraire, un professionnel doit sans cesse tester de nouveaux savoir-faire. Par exemple, j’ai appris la photographie, ce qui me donne une compétence supplémentaire au-delà de l’écriture », souligne-t-il.

Bonus : quelques conseils d’un grand frère aux stagiaires

Aux étudiants qui souhaitent effectuer des stages dans les rédactions afin d’allier la théorie à la pratique, Herman Frédéric Bassolé leur donnent quelques conseils.

« J’aimerais leur dire de considérer le stage comme une chance unique d’apprendre à écouter, à informer, à raconter. Et pour ce faire, il leur faudra de l’humilité, de la patience et surtout de l’ambition. Quand on intègre une rédaction, on intègre une famille qui a des règles. Et pour réussir, il faut des qualités humaines et professionnelles. La curiosité est la première qualité d’un bon journaliste. Posez des questions, observez, proposez des sujets.

Aucun journaliste aguerri ne vous reprochera de vouloir apprendre, bien au contraire. Le stagiaire ou même le journaliste confirmé doit toujours prendre des notes, même sur ce qui semble anodin. Il doit être un grand observateur de tout ce qui se passe sous ses yeux. Là, où d’autres ne verront qu’une banale histoire, eux devront trouver ce petit quelque chose qui peut avoir un intérêt pour les lecteurs, sans verser dans les ragots » a-t-il développé.

Herman Frédéric Bassolé suggère aux stagiaires d’être rigoureux dans le traitement des articles. « Il ne faut pas traiter une info sans avoir pris la peine de la recouper. Même en tant que stagiaires, ils sont aussi responsables de la crédibilité du journal. Et surtout dans ce contexte, où la désinformation prend de l’ampleur, il faut rester sur le qui vive. Il faut être honnête. Le journalisme est un métier de vérité, de responsabilité. Qu’ils tiennent bons face aux tentations de copier-coller, aux raccourcis faciles. La rigueur est un allié pour le journaliste », a-t-il conseillé.

Autre point, il faut respecter les règles de grammaire et d’orthographe. « De nombreux stagiaires ne lisent pas assez. Dr Cyriaque Paré (directeur de publication de Lefaso.net) nous répète que l’écriture se nourrit de la lecture. Pour forger son style, il est important de lire énormément. Que ce soit des articles de presse, des œuvres littéraires, des livres d’histoire ou scientifiques. On apprend toujours à travers la lecture », a-t-il dit.
Aussi, la ponctualité est une qualité professionnelle qu’il faut avoir. Que l’on soit stagiaire ou journaliste confirmé. Il faut être à l’heure aux activités et également dans la livraison des articles.

Enfin, « il ne sert à rien de bouder ou de s’emporter. Il faut accepter les critiques avec humilité. Le rédacteur en chef et le correcteur sont là pour vous faire progresser. Toute l’équipe est là pour vous permettre de vous améliorer ». Il faut donc apprendre à écouter, à vous corriger, conclut Herman Frédéric Bassolé.

Samirah Bationo
Lefaso.net

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