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Pattes de bœuf : Le marché “spécial” de Sin Yiri

Publié le vendredi 12 mai 2006 à 07h30min

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S’il y a un marché qui attire la curiosité de bon nombre de Ouagalais, c’est bien celui de Sinyiri. Là-bas, en lieu et place de la chair de bœuf, ce sont les parties telles les pattes, peau, verge, testicules, queues et têtes qui sont vendues. Un marché insolite... mais porteur.

Madame, venez voir. Que désirez-vous ? Des pattes, des queues ou des têtes de bœufs ? Venez ! Ça ne coûte pas cher, comme il y a la « grib abiaire » (pour parler de la grippe aviaire) les prix ont chuté. Ainsi ironise un vendeur avec un sourire banania, au marché des pattes de Sinyiri. Un marché facilement retrouvable par l’odeur de brûlé, le grincement des couteaux et le brouhaha des vendeurs.

A l’intérieur, se présente un décor tout particulier : une fumée noire pollue l’atmosphère ; des tables et des fours sur lesquels sont disposés les marchandises (pattes, queues, têtes) constituent l’essentiel de ce marché. Là-bas, la tête des petits ruminants y compris les quatre pattes se négocient entre 800 et 1250 francs CFA.

Quant aux pattes de bœuf, le prix oscille entre 600 et 700 F CFA, la tête de bœuf entre 4 000 et 5 000 F CFA, la queue entre 2 000 et 3 000 F. Ni même la peau, les verges, les queues et les culs de bœufs ne sont épargnés. Ils sont vendus et leur marché se porte bien.

A 500 F, le verge et 200 F, le cul, les vendeurs du marché des pattes de San-yiri se font des affaires.

Ainsi, ils peuvent vendre par jour plus de cent (100) têtes de bœuf, cent (100) queues et près de quatre cents (400) pattes. Ce qui permet aux quelques mille (1 000) locataires de ce lieu d’assurer leur pitance quotidienne et de s’occuper de leur famille. Le petit Arouna 12 ans, fait partie des employés de ce marché. Il y est il y a à peine un an. Avec les cinq cents (500) francs qu’il gagne au minimum par jour, il a pu s’acheter un vélo. Arouna confie tirer son épingle du jeu et soutient ne plus vouloir retourner dans son Kombissiri natal, sauf en cas de besoin urgent.

Tout comme Arouna, ils sont nombreux les jeunes à évoluer aux côtés des « anciens » dans ce marché. Employés pour épiler ou fumer les pattes, queues, ils contribuent à donner au marché une autre ambiance. Agressifs, ils accostent tout passant feignant de s’arrêter. Client ou non, nul n’échappe à leur harcèlement. Toute chose que le « vieux » Mahamoudou Ouédraogo apprécie. « Ce marché de pattes est un gagne-pain pour les jeunes. C’est pourquoi ils ne veulent laisser passer aucune opportunité », dit-il.

Cependant, ils ne sont pas les seuls à faire de bonnes affaires. Les clients, eux également, en font. Des vendeuses de soupe aux clientes potentielles comme les Ghanéennes, en passant par les restauratrices, chacun y trouve son compte.

Lieu sobre, gros sous

Des comptes qui seraient meilleurs si le marché était bien organisé et bénéficiait d’une bonne infrastructure. En effet en lieu et place de boutiques bien construites ou de hangars dignes de ceux d’un marché, ce sont des hangars de quelques tôles hâtivement dressés qui servent de lieu de vente et de refuge. Cette situation, M. Rasmané Nikièma l’explique en ces termes : « Nous étions au marché de Zangoetin, c’est le projet ZACA qui nous a déménagés et le maire de la commune de Ouagadougou, Simon Compaoré nous a fait une grâce en nous relogeant ici. Nous espérons qu’avec le bureau que nous voulons mettre en place, nous serons mieux organisés et pourrons ensuite plaider notre cause ».

Certes, ils ne sont pas mieux organisés mais ne vient pas vendre dans ce marché qui veut car c’est un lieu sacré, à entendre le sieur Rasmané.

« Pour intégrer notre milieu, il faut une autorisation de la part des doyens qui peuvent accepter ou refuser l’attribution du quitus, car cela dépend de la moralité du demandeur », confie-t-il. Et d’ajouter : « Nous tirons le maximum de nos recettes du Ghana et un peu du Bénin. Si nous laissons libre cours à tout le monde de s’installer dans le marché, c’est le péril. Je peux dire que ce sont ces pays qui contribuent le plus à notre survie ».

En effet, les Ghanéennes viennent deux fois par semaine s’approvisionner en culs, peaux, pattes, pénis et queues de bœufs qu’elles font fumer et qu’elles mettent dans des sacs pour être revendus au Ghana. Là-bas, la marchandise est livrée à un autre circuit de vente. Celui-là est chargé de la redistribution aux acheteurs en détail. Si banal comme il se présente, le marché des pattes de Ouagadougou est une grosse entreprise qui nourrit des milliers de familles et mérite, de ce fait, une architecture qui lui est propre. Ceci redonnerait une autre image de la ville et contribuerait à instaurer une certaine hygiène dans ce lieu.

A. Verlaine KABORE


Cornes et sabots, une autre facette des affaires

Dans ce marché de pattes, la règle du chimiste Lavoisier, « rien ne se perd tout se transforme » semble être de mise. Outre les peaux, pattes et queues qui se vendent bien, les cornes et les sabots attirent également une autre clientèle.
Les cornes sont achetées par les artistes pour la confection d’objets d’art et les sabots pour les boutons pour les effets d’habillement.

A chacun son « grade » comme dirait l’autre.

A.V.K

Sidwaya

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Vos commentaires

  • Le 29 août 2007 à 00:18, par nganzie En réponse à : > Pattes de bœuf : Le marché “spécial” de Sin Yiri

    bonjour je suis nganzie un camerounais de 34 ans je cherche des partenaires europeen et asiatiques pour acheter mes cornes de boeufs j’en fais dans ce meztier depuis 10 ans voilà mon contact nganzie636@hotmail.fr et mon numero est le 0023796444925 ou bien 0023777722434merci de me contacter à tres bientot

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