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Diaspora : Salif Pengrenwendé Savadogo, un catalyseur de la culture burkinabè en Italie

Publié le lundi 7 juillet 2025 à 22h25min

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Diaspora : Salif Pengrenwendé Savadogo, un catalyseur de la culture burkinabè en Italie

Salif Pengrenwendé Savadogo, plus connu sous le sobriquet de Sagol P, est un acteur culturel, manager d’artistes et promoteur d’événements. Il s’est imposé comme un véritable ambassadeur de la culture burkinabè en Europe. Né à Ouagadougou, il est actuellement installé à Brescia, en Italie. Grâce à l’influence de son oncle musicien, qui l’initie aux instruments de musique, il nourrit une passion profonde pour l’univers artistique. Entre musique, audiovisuel et organisation d’événements, il se consacre à promouvoir la culture de son pays sur le vieux continent.

C’est au début des années 2000, en pleine effervescence de la culture hip-hop, que Salif Savadogo commence à s’affirmer sur le plan artistique. À Ouagadougou, il crée avec des amis de son quartier le groupe «  Instinct Fatal  », avec lequel il anime de nombreux sound systems, comme il le dit. Son groupe se produit aussi sur diverses scènes locales. Sa soif de créativité et son énergie débordante lui permettent de se faire un nom dans l’univers du hip-hop, tout en poursuivant des études en mécanique, un domaine qui le passionne également.

Son intérêt pour l’image l’oriente ensuite vers l’audiovisuel. Il se forme au cadrage et au montage auprès de professionnels et de son grand-père, le réalisateur et journaliste Saga Savadogo, figure emblématique de la Radio nationale du Burkina. Grâce à ces apprentissages, il immortalise, à travers sa caméra et son appareil photo, des événements et cérémonies de diverses envergures, construisant ainsi un savoir-faire qui allait lui servir dans son parcours.

«  Après des années, je me suis installé à Brescia, en Italie, en 2008 pour poursuivre mes études en mécanique. Du coup, j’ai laissé le micro pour les coulisses. Étant étudiant, j’associais les petits boulots de part et d’autre. Mais je continuais d’exercer ma passion d’acteur culturel auprès des communautés africaines, notamment ivoirienne, malienne et sénégalaise, pour mieux maîtriser le secteur. À l’époque, il n’y avait presque pas d’événements culturels majeurs de la diaspora burkinabè  », confie l’homme.

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Cependant, au fil du temps, Salif réalise que le talent seul ne suffit pas pour réussir dans le domaine artistique. Il prend conscience du manque d’accompagnement et de professionnalisation dont souffrent de nombreux artistes. Sous l’impulsion d’un ami et mentor, il s’initie aux coulisses de la communication et du management artistique, travaillant pour faire briller les artistes burkinabè sur la scène nationale. «  Malgré la distance avec mon pays d’origine, je ne romps jamais le lien avec la culture. J’ai rapidement intégré les milieux culturels africains en Europe. Dans un contexte où les événements culturels burkinabè étaient quasi-inexistants au sein de la diaspora, j’étais à l’origine et j’animais des événements destinés aux communautés burkinabè et africaines  », explique Salif Savadogo.

Salif Savadogo est parti en Italie il y a 17 ans.

À Brescia, il travaille avec des artistes de diverses nationalités et de tous genres musicaux confondus. Il y multiplie les collaborations avec des figures majeures de la musique africaine, comme Gadji Celi, Youssou N’Dour, Floby, Awa Boussim, Kayawoto ou encore Wendy. Convaincu que la culture est un vecteur d’unité, il ne se limite pas à la musique. Il est aussi passionné de mode et invite des stylistes et créateurs à participer à ses événements, ce qui lui permet d’intégrer la haute couture africaine à ses productions pour offrir des défilés remarqués en Italie. Sa marque Yennenga est une ligne de vêtements et de tee-shirts inspirée par la figure héroïque de la princesse moaga.

Africa Culture Productions, une vitrine culturelle

Pour structurer son action et répondre de manière efficace aux besoins de la diaspora et des artistes, il crée l’association Africa Culture Productions, qu’il préside. Cette structure est un acteur de la promotion culturelle, aussi bien en Europe qu’au Burkina Faso. Son objectif est évidemment d’amplifier le rayonnement du Burkina Faso à l’international à travers son patrimoine artistique et culturel. «  Nous travaillons à consolider les liens entre les Burkinabè, à renseigner la diaspora sur les opportunités d’investissement au pays, à encourager la connaissance de l’histoire et de l’actualité du Burkina Faso. C’est le cadre aussi pour nous d’offrir des cadres d’expression aux artistes pour qu’ils vivent de leur art et de promouvoir la cohésion sociale, le vivre-ensemble entre les différentes communautés africaines. Soutenir financièrement et moralement les Forces de défense et de sécurité (FDS) ainsi que les Personnes déplacées internes (PDI) fait aussi partie de nos objectifs  », a-t-il détaillé.

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Sous l’impulsion de Salif Savadogo, Africa Culture Productions organise de nombreux événements, notamment le Festival pour la promotion des arts et de la culture (FEPAC), qui connaît déjà deux éditions couronnées de succès en 2023 et 2024, et dont la troisième édition est prévue pour le 20 septembre 2025 à Brescia. Le FEPAC n’est pas un simple festival, selon son promoteur, mais une plateforme qui favorise les échanges culturels, offre une vitrine aux artistes, rassemble la diaspora autour de jeux traditionnels, de dégustations de mets locaux et de panels sur les opportunités économiques au Burkina Faso. SAGOL P n’oublie pas l’importance des actions sociales au Burkina Faso. Sa structure, Africa Culture Productions, y a fait don de vivres aux PDI de Panzani en 2023 et a participé à des dons de matériel sanitaire pendant la pandémie de Covid-19, en collaboration avec l’Association des acteurs culturels burkinabè de la diaspora.

Selon lui, la diaspora joue un rôle fondamental dans la diffusion et la promotion de la culture africaine à l’étranger, en consommant et en faisant découvrir les œuvres aux publics européens, mais aussi en organisant des événements qui deviennent des tribunes pour les artistes. Salif Savadogo rappelle que le chemin n’a pas toujours été facile. «  Au départ, ce n’était pas facile car notre culture n’était pas connue et acceptée. Donc le processus a été difficile, car il fallait étudier, analyser et comprendre le comportement des hommes pour maîtriser le secteur culturel. Le manque de financement et de mécènes est un véritable frein pour nos activités également  », pense-t-il, en remerciant le ministère de la Communication, de la Culture, des Arts et du Tourisme du Burkina qui, selon lui, soutient quand il le peut, la mobilité des artistes.

En ces temps de crise sécuritaire, il adresse un message de paix et d’unité à ses compatriotes, les invitant à se pardonner, à placer l’intérêt supérieur du peuple au-dessus des divisions, et à préserver un Burkina Faso uni et indivisible, digne héritage à transmettre aux générations futures.

Farida Thiombiano
Lefaso.net

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