Comme toujours, comme en Irak où la guerre mensongère devrait enrayer les armes de destruction massive ou encore en Libye où Sarkozy voulait se débarrasser de celui qui l’a fait roi, cette guerre d’Iran a aussi un but caché : maintenir au pouvoir un homme accusé de génocide dans la bande de Gaza contre le peuple palestinien. Maintenant que la loi du plus fort est installée et que le droit n’a plus de cité dans notre monde, regardons un peu comment chacun s’est comporté. Quelles sont les petites lâchetés et les grandes culpabilités pour ce monde de honte et de misères que nous nous fabriquons tous avec notre haine intense de notre prochain, en faisant du pouvoir et de la force la mesure de toutes choses.

Faire la guerre pour ne pas aller en prison et rester au pouvoir

Avant que l’US Air Force fasse intervenir ces fameux B2, signes de la suprématie américaine dans l’aviation militaire, capables de transporter des bombes GBU-57 MOP de 13,6 tonnes pouvant pénétrer jusqu’à 60 mètres de roches et de béton sur les sites de Fordo, Natanz et Ispahan, avant qu’Israël n’attaque l’Iran tout seul le 13 juin 2025, il y avait Benjamin Netanyahu, un Premier ministre israélien avec des casseroles de corruption, menacé de procès et dont la coalition allait voler en éclats.

Ce Premier ministre israélien qui a été incapable de prévenir l’attaque du Hamas le 07 Octobre 2023 et qui depuis se bat contre lui à Gaza et n’a pas réussi à ramener tous les otages, mais poursuit une guerre impitoyable qui massacre une population civile. Avant la première utilisation des bombes GBU-57 lancées par des avions furtifs, Benjamin Netanyahu est poursuivi devant la Cour pénale internationale pour crimes de guerre et génocide avec son ministre de la défense. Pour ne pas tomber du pouvoir avec le départ du parti religieux, et pour saboter la réunion organisée par la France et l’Arabie Saoudite pour la reconnaissance de l’État palestinien qui devrait avoir lieu le 14 juin 2025, Netanyahu a ajouté de la guerre à la guerre pour faire oublier la précédente et a réussi son coup.

Le succès est d’autant plus éclatant qu’au bout de dix jours il a fait intervenir son allié américain qui a joué à la perfection le Trump indécis et hésitant pour endormir la Chine et l’URSS qui n’ont rien fait pour empêcher l’irréparable de se produire. Donald Trump est parti au sommet du G7 et l’a quitté précipitamment comme s’il voulait faire accepter un cessez-le feu comme Emmanuel Macron l’a annoncé. Ensuite il a commencé à dire les peut-être bien que je frapperai l’Iran peut-être bien que je ne le ferai pas et enfin je donne deux semaines à l’Iran pour capituler, pour au final frapper sans respecter sa parole.

L’Iran c’est aussi la civilisation perse

Les États-unis abritent le siège de l’ONU, mais ils ne respectent pas le droit international tout comme leur allié israélien. La guerre préventive est interdite. Et concernant le nucléaire iranien, personne n’a fait la preuve que le régime détient des armes nucléaires. Mais ces détracteurs assurent qu’il aurait l’intention d’en faire parce qu’il a dépassé le stade d’enrichissement du nucléaire civil. Et si quelqu’un est fautif c’est bien Donald Trump qui a rompu l’accord conclu par les Européens et les Américains sous Obama, parce que lui doit défaire tout ce que les démocrates ont construit. Combien a coûté cette intervention et quelles seront ses conséquences ?

Quand les va-t’en guerre, parlent de la guerre, c’est comme si c’était un jeu vidéo et qu’il ne s’agit pas de vrais hommes qui vont mourir. Sur les plateaux télé, certains n’ont aucune empathie pour les victimes. Pour une fois reconnaissons qu’au sein de Maga l’ancien animateur de Fox News Tucker Carlson a demandé à Ted Cruz un autre soutien de Donald Trump combien d’habitants l’Iran avait ? Son interlocuteur ignorait tout de l’Iran, de sa riche civilisation perse et de sa population de 90 millions de personnes, mais voulait y lancer des bombes. C’est ainsi que va le monde, et certains Américains pourraient voir en ces bombardement une revanche 40 ans après sur le régime des mollahs de l’occupation de l’ambassade américaine de Téhéran au mépris des règles internationales. À part Israël, aucun pays n’a ouvertement applaudi cette intervention américaine.

La jurisprudence de la force

Les jours à venir nous diront un peu plus sur les changements induits par ces bombes y compris dans les camps de ceux qui les ont lâchées. Une chose est sûre Donald Trump qui s’est fait élire sur sa volonté de faire la paix en Ukraine, non seulement ne l’a pas faite mais a engagé encore une fois comme d’autres présidents américains son pays dans une guerre à l’encontre du droit international. Il ne s’est pas concentré sur l’Amérique mais est allé jouer joyeusement le shérif en Iran. Les démocrates vont se saisir de cela pour la suite de son mandat et ceux qui l’ont élu pour la paix s’en souviendront aux prochaines élections.

La Chine qui achète le pétrole iranien moins cher n’a rien fait pour empêcher les Américains de bombarder son programme nucléaire. Idem pour la Russie qui a bénéficié des drones iraniens dans sa guerre contre l’Ukraine qui est resté que dans les mots et n’a rien fait pour son allié. Ces deux puissances montrent que seuls leurs intérêts comptent et que les pays qui se méprennent sur leurs visées n’auront leurs yeux que pour pleurer. Certes elles ont condamné l’agression américaine, mais elle est pour eux comme une sorte de jurisprudence internationale qu’elles utiliseront.

Le monde est revenu aux temps des guerres et malheur aux peuples s’ils ne prennent pas leurs destins en mains. Des Netanyahu et des Trump les conduiront dans des guerres sans fin. Les guerres du passé en Irak et en Libye n’ont pas apporté la paix sauf étendre le terrorisme et la guerre en Syrie et au Sahel.

Sana Guy
Lefaso.net