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Wango Roger, artiste-musicien : “Le play-back tue la musique burkinabè”

Publié le vendredi 5 mai 2006 à 07h43min

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Roger Wango

A cheval entre la France et le Burkina Faso, l’artiste séjourne présentement au pays dans le cadre d’un festival de football, dénommé festifoot. Venu apporter son soutien aux organisateurs de ce festival, Roger Wango s’est prêté très amicalement à nos questions. Il s’exprime sur sa carrière et sur la musique burkinabè en général.

Wango Roger (WR) : Je m’appelle Roger Wango, artiste musicien originaire de Burkina Faso. Je fais une musique que tout le monde connaît aujourd’hui, je suis installé en Normandie (en France) précisément du côté de KAN. Je fais la navette entre mon pays et la France. Cela parce que je m’investis beaucoup dans plusieurs activités, dans mon pays, notamment dans le domaine de la sonorisation, du studio, en un mot tout ce qui concerne la musique.

Parlez-nous de vos activités au Burkina Faso.

WR : A Ouaga, j’ai un système de sonorisation. C’est le système ALPHA de CHENEKSOUL. C’est ce système qui équipe le stade de France que je crois être un des meilleurs stades au monde. C’est dire que je n’ai pas ramené n’importe quoi chez moi. J’ai également un studio d’enregistrement (studio Bahobab) où j’ai enregistré pas mal de musiciens, que ce soit la nouvelle ou l’ancienne génération. On pourrait citer BAMOGO Jean-Claude, Mc Z...On a même enregistré une compilation qui comporte une dizaine d’artistes. Je peux citer pèle mêle Bill AKA KORA, Georges OUEDRAOGO, Sonia CARE d’as, Sami Rama, Kindiss, 2 KAS, les SOFAA.

Vous êtes dans la musique depuis longtemps, faites-nous le bilan de votre carrière.

WR : En terme de bilan il appartient à tout le monde de faire le bilan qu’il peut. Mais à mon sens le bilan, il est positif. Parce que nous avons voyagé à travers le monde. Par exemple nous avons produit des spectacles en France, en Belgique, en Hollande, en Suisse. Nous avons aussi joué en Guyanes, Martinique, Guadeloupe, au Sénégal avec Youssou N’DOUR. Nous avions fait le zenith. Cela sans compter les concerts que nous avons organisés au pays parce que pour nous, c’est toujours un plaisir de revenir jouer à la maison. La dernière fois c’était en décembre 2005. Nous avons fait les Nuits atypiques (NAK), Pouytenga.

A Ouagadougou nous avons joué au jardin de la musique. Tous ces spectacles sont faits avec mon groupe, mon matos (son et lumière) voilà le bilan est là, nous pensons qu’il est positif. En plus le groupe est attaché au pays (le Burkina Faso) les musiciens y ont des amis, certains viennent au Faso sans avoir besoin de moi aujourd’hui.

Quels sont vos projets discographiques ?

WR : Il faut dire que les NAK avaient été une l’occasion pour nous de présenter notre nouvel album. Généralement nous fonctionnons en live, il n’y a pas de place pour le play-back chez nous. Pour nous c’est la vérité de la scène. Nous avons donc chanté certains titres et partout où nous sommes passés le public était réceptif et unanime, ce qui nous rassure parce que ces titres avaient commencé à être enregistrés. Logiquement l’album devait être terminé, mais nous avons eu un projet d’agrandissement du studio.

Mais ça va finir dans les jours à venir, dès que je rentrerai, nous allons nous consacrer aux mixages et les parties de cuivres et nous avons un projet de mixage à côté de Londres c’est toujours à la pointe de l’innovation donc il faut apporter une touche particulière à chaque album. Il a été enregistré donc dans le studio à KAN et nous avons décidé de faire intervenir MAD PROFdu côté de Londres. Ce dernier qui est un musicien installé en Angleterre et qui mixe toutes les grandes figures reggaes du monde. C’est donc pourquoi nous avons voulu qu’il mixe quelques titres sur l’album. S’il plait à Dieu d’ici à la fin de l’année il sera disponible.

Quelle est votre vision de la politique dans votre pays ?

WR : Bien que je ne sois pas un acteur de la vie politique du Burkina, je vois quand même tous les changements et toutes les situations politiques de mon pays. Mais il faut dire que depuis, l’étranger on est fier du Burkina et on peut s’enorgueillir, parce que nous avons toutes ces échéances électorales. D’abord on a eu la présidentielle et maintenant les municipales, tout s’est passé pacifiquement. Quand on voit qu’ailleurs se sont les Kalachnikov, on peut dire quelque part que nous sommes un pays de paix où il fait bon vivre.

Au Burkina la démocratie avance ce n’est donc pas un mirage, nous devons continuer comme ça pour laisser quelque chose de positif à nos générations futures. C’est dire tout simplement qu’il y a beaucoup de choses qui changent dans ce pays et il faut saluer tout cela.

D’où vous tirez toutes vos informations sur le Burkina ?

WR : En fait, tous les matins, je vais consulter le Net pour lire les journaux et avoir toutes les informations de chez moi. Ainsi donc le cordon ombilical n’est pas rompu.

Quelle est la place de la musique burkinabè en hexagone ?

WR : C’est vrai que c’est très difficile, mais je crois qu’il y a un combat à mener pour faire imposer notre musique à l’étranger. C’est que dans le domaine du cinéma, de la danse et dans d’autres disciplines, le pays est très bien représenté, mais au niveau musical il y a beaucoup d’efforts à faire. Parce qu’il faut que nous ayons des artistes qui signent chez Universal, chez BMG c’est à dire les grandes maisons de productions et de distribution. C’est cela qui va permettre à notre musique de rayonner internationalement.

Que pensez-vous de la nouvelle génération ?« Couper décaler »

WR : Moi je n’ai pas d’a priori, je suis assez électrique musicalement. De la musique classique à la musique du terroir en passant par le Jazz, le reggae, tout y passe. Le Hip hop j’écoute aussi parce que nous savons ce que la dynamique, la pulsion Hip hop a apporté dans ce pays. Il y a des groupes comme Fasokomba, Yeleen qui se sont installés.

Il y a des groupes Hip hop qui ont rempli des stades, qui font des tournées, tout cela c’est bien. Mais il faut savoir seulement que la vérité se trouve sur le terrain. Surtout que les groupes très souvent c’est le play-Back et le play-Back ça n’apporte rien à l’artiste. Il n’y a pas un organisateur de spectacles qui va vous voir en play-Back et vous apprécier et vous faire tourner. Donc il faut dire que tout ce qui se fait c’est bien d’autant plus que moi-même je suis fan de beaucoup d’artistes. Je peux citer Hamed SMANI, Alif Naaba etc.

Tous ces artistes qui ont fait une percée phénomemale, ce qui reste à faire c’est de travailler sur le live. Il faut qu’on oublie un peu le play-Back parce que la musique doit être vivante. Parce que, au départ la musique se passe en studio avec des musiciens. Donc quelqu’un qui arrive sur scène après, qui met un CD et qui fait semblant de chanter, je ne vois pas ce que cela apporte à l’artiste. Si nous continuons comme ça, je pense que sera la mort de la musique burkinabè.

Le dernier mot de l’artiste ?

WR : Mon dernier mot, je suis au Burkina présentement parc que des amis m’ont invité pour un festival dénommé festifoot. J’ai donc déplacé ma sono, tout mon matos, mais j’avoue que je ne suis pas déçu d’être venu. J’ai vu des enfants jouer de façon extraordinaire. Je vais profiter juste pour saluer tous mes fans, tous les Burkinabè, leur demander de continuer à soutenir la musique burkinabè.

Par Daouda SAWADOGO (stagiaire)

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