Après avoir dirigé la prière proprement dite, l’imam Mahamadi Derra aborde l’étape de la "khutbah" (sermon), une autre articulation importante de ces grandes prières, dont elle est d’ailleurs partie intégrante. Occasion donc pour le leader religieux, de revenir sur le sens de la Tabaski, les prescriptions et d’exhorter les fidèles à raffermir l’esprit de fraternité, de solidarité, de partage et d’entraide entre membres de la société, sans distinction aucune.

Il a également prié pour la paix au Burkina, pour les victimes de la crise et pour l’ensemble des personnes en souffrance au Burkina et à travers le monde.

Selon l’imam Derra, pour cette journée de l’Aïd el-Kébir, toute personne ayant la possibilité peut faire le sacrifice du bélier. “Ceux qui ont les moyens font pour eux, pour chacun de leurs parents. Mais, vous pouvez aussi payer, donner à un de vos parents, qui va immoler au nom de tous les membres de la famille. Si on n’a pas les moyens, on ne prend pas crédit pour ça. On ne demande pas. On ne ment pas pour avoir l’animal. On ne fait pas dans l’hypocrisie. On ne contraint pas quelqu’un pour l’avoir. C’est ce conseil nous donnons aux fidèles”, explique imam Derra, ajoutant que le fidèle a trois jours pour immoler son animal. En d’autres termes, ce n’est pas obligé qu’il le fasse le jour même de la Tabaski, il a trois jours pour le faire. “Vous pouvez le faire aujourd’hui, demain, jusqu’à après-demain, à l’heure du Asr (prière du milieu de l’après-midi, 15h30-16h : Ndlr).

“Le tout, reposé sur la crainte de Dieu. On ne fait pas pour montrer aux gens. On ne le fait pas pour prouver aux yeux des gens qu’on est capable. C’est un acte intime entre toi et Dieu. Si tu le fais pour prouver aux gens, Dieu te rappellera en temps opportun que tu as fait ça pour les gens, pas pour lui. Et si c’est pour prouver aux gens, Dieu te fera applaudir, on parlera de toi et, ça s’arrête à là, il ne faut pas espérer des bénédictions de la part de Dieu. Dieu te fait récolter l’objectif que tu poursuis”, recadre-t-il.

L’imam Mahamadi Derra rappelle aussi que la Tabaski, c’est le partage. “C’est le jour où on doit passer pour saluer nos voisins non musulmans et communier. De même qu’à la fête de Noël par exemple, tu rentres saluer tes voisins chrétiens. Donc, aujourd’hui, fête de Tabaski, tu dois rendre visite à tes voisins non musulmans, de quelque croyance qu’ils appartiennent. C’est ce qui est demandé aux fidèles musulmans que nous sommes, dans nos comportements de tous les jours. Quand ton voisin a un évènement, heureux ou malheureux, tu dois être-là à ses côtés pour le soutenir, et si tu as quelque chose à donner, tu donnes. Ce qui n’est pas indiqué, c’est de payer de l’alcool pour donner. Sinon, tout ce que tu peux lui donner pour l’aider, tu lui donnes. Quelqu’un qui a un problème et qui n’a pas les moyens, si tu peux, il faut l’aider, sans distinction. On partage les mêmes réalités, les mêmes difficultés de la société, nous devons nous entraider, surtout dans les moments difficiles. A la fête de Tabaski, si tu as les moyens, que tu as préparé, tu enlèves la nourriture et la viande, en quantité suffisante en fonction de la taille de leur famille, tu partages à tes voisins qui ne sont pas musulmans. Tu dois faire en sorte qu’ils sentent, eux aussi, que c’est jour de fête. Il faut le faire, pour que tout le monde soit content. C’est ce que l’islam recommande, que je peux aussi partager comme messages en ce jour”, encourage le leader religieux.

O.L.
Lefaso.net