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Les conséquences de l’islamisation sur la culture viéwo.

Publié le vendredi 9 mai 2025 à 17h21min

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Résume

Ce document de vulgarisation est tiré de notre l’article scientifique intitulé « L’ISLAMISATION DES VIEVON DU DEBUT DU XVIIIE SIECLE AU MILIEU DU XIXE SIECLE » et parus en Juillet 2023 dans les Annales de l’Université Joseph KI-ZERBO, Série A, vol. 034 dont l’auteur est Docteur OUATTARA Harouna. Les Viévon, tout comme d’autres groupes sociaux du Burkina Faso et d’ailleurs, ont connu l’islam au cours de leur évolution. La pénétration de l’islam dans cette localité au début du XVIIIe siècle a eu d’énormes conséquences sur cette société dont les plus important sont l’adoption de nouvelles pratiques religieuses et le bouleversement de celles préexistantes.

Mots clés : fêtes, religion du terroir, funérailles, mariage, l’accueil des naissances.

Introduction

Les Vigué, groupe social du Sud-Est de Bobo Dioulasso qui se fait appeler Viévon habitent dans la commune rurale de Karangasso-Vigué (Viévon) et ont pour langue, le Viémon. Leur pays, le Viguéra, couvre une superficie de 2000km2. Ils ont connu au cours de leur évolution l’islamisation dont les débuts remontent au XVIIIe siècle. La pénétration de l’islam dans cette société par les Dioula du Gwiriko a eu des effets sur celle-ci. Ainsi, il s’agit à travers cette étude de mener la réflexion sur les conséquences de la pénétration de l’islam au Viguéra sur la religion terroir. L’objectif visé dans le cadre de cette réflexion est d’analyser les conséquences de la pénétration l’islam au Viguéra sur ses pratiques culturelles.

1. La méthodologie

Les matériaux ayant servis de base pour cette étude sont ceux propres à la science historique. Il s’agit de l’exploitation des sources écrites et orales. Pour les premiers, ce sont des sources de secondes mains constituées surtout d’ouvrages généraux qui ont été exploitées. Concernant les sources orales, la démarche a consisté à collecter tout ce qui peut permettre d’éclairer tous les aspects du fait étudié. L’analyse de ces sources suivant la méthode de la science historique a permis de structurer l’étude autour de deux (2) axes. Il s’agit d’examiner l’adoption de nouvelles pratiques religieuses et de leurs conséquences sur celles préexistantes.

2. Résultats

L’impact de l’islamisation sur la société viéwo porte sur l’adoption du culte musulman et les conséquences y relatives, notamment le bouleversement de certaines pratiques culturelles des Viévon.

2.1. L’adoption du culte musulman

L’islamisation des Viévon a entrainé l’adoption du culte musulman. Cela s’est traduit par la construction de lieux de prière (mosquées) à travers leur pays et par l’adoption de certaines manifestations populaires à caractère islamique. Pour ce qui est des lieux de prière, les premières mosquées construites en pays viéwo, en dehors de celle de Mandiasso, seraient dans l’ordre chronologique celles de Karangasso, de Dérégouan, de Kien (un hameau de culture de Dérégouan) et de Klesso.

Tous ces lieux de prières auraient été construites par des élèves coranique Viévon en fin de formation religieuse. L’architecture et les matériaux utilisés dans la construction de ces premières mosquées ont évolué dans le temps. En effet, certaines d’entre elles étaient de forme rectangle et construites en banco. Le toit était en chaume. D’autres étaient par contre de simple terrasse faite de gravillons et délimitée par des cailloux. Ce fut le cas des premières mosquées de Kien et de Klesso. La construction de ces premières mosquées date de la première moitié du XXe siècle car, ceux qui en seraient les auteurs auraient vécu au cours de cette période.

Quant aux fêtes à caractère islamique adoptées par les Viévon à la suite de leur islamisation, il s’agit principalement de celles d’Aïd el-fitr et d’Aïd el-khébir auxquelles il faut rajouter la Jõmènè. La première, dõgui-kparɔ en viémon, est celle qui marque la fin du mois de Ramadan, période au cours de laquelle certains Viévon convertis à l’islam observent le jeûne musulman. Elle est observée le trentième jour de ce mois ou le premier jour du mois lunaire suivant selon que le croissant lunaire a été aperçu le vingt neuvième ou le trentième jour du mois de Ramadan.

Ce jour-là, tout le monde même ceux qui n’ont pas jeûné durant le mois de Ramadan se retrouvaient sur la place publique aménagée à cet effet pour observer la prière (qui est composée de deux unités de rakats) accompagnées d’un discours de l’imam fait en Arabe. La deuxième fête, la Tabaski ou miguari kparɔ en langue locale, obéit aussi aux mêmes règles de culte sauf que dans cette dernière après le cérémonial, il est observé le sacrifice du bélier pour ceux qui en ont la capacité financière. Ces différentes fêtes sont de véritables moments d’intenses méditations, d’invocations, de reconnaissance et de manifestation de la solidarité entre les différents habitants d’un village donné. Pour ce qui est de la Jõmènè, célébrée le 10e jour du premier mois lunaire du calendrier musulman, elle est la fête du jour du nouvel an des musulmans, appelée en arabe Ashura.

La Jõmènè en tant que fête musulmane a suscité moins de ferveur religieuse réelle en pays viéwo tout comme dans le monde jula de Bobo-Dioulasso (B. Traoré, 1996, p. 701). Au Viguéra, cette fête passerait inaperçue à bien des gens s’il n’y avait pas eu "la politique de ventre" instaurée ce jour. En effet, suivant l’islam pratiqué dans l’aire culturelle viéwo, il est recommandé de manger à sa faim ce jour ci, sinon, l’individu aurait une envie permanente de manger durant toute l’année en cours. Cette fête est aussi un cadre de manifestation de la parenté à plaisanterie entre les cousins, c’est-à-dire entre les fils ou les filles d’un homme et ceux de sa sœur et vice versa. Elle donne lieu parfois à des danses au rythme du tambour (le ba’ako en langue locale).
De ce qui précède, il faut retenir que les conséquences de l’islamisation des Viévon sont liées à l’adoption du culte musulman à travers la construction des lieux de prière et l’observation de certaines manifestations populaires à caractère islamique. Cette islamisation a aussi eu une influence sur certaines pratiques culturelles des Viévon.

2.2. L’impact de l’islam sur les pratiques culturelles dans la société viéwo

L’islamisation des Viévon a entrainé de profonds bouleversements sur beaucoup de leurs pratiques culturelles, mais l’analyse porte sur trois (03) d’entre elles qui sont les plus importantes de la société. Il s’agit des cérémonies relatives à l’accueil des nouveau-nés, aux mariages et aux funérailles. Pour ce qui est des cérémonies liées aux naissances au Viguéra, celles-ci ont connu de profondes mutations avec l’islamisation des Viévon. Ces bouleversements portent sur le nombre de jours qui sépare la date de la naissance et celle du baptême, sur la procédure de dation du nom du nouveau-né et au cérémonial lui-même.

Concernant le premier élément, il est à constater que cette durée est désormais de sept (07) jours à compter du jour de la naissance (sans tenir compte de l’heure) et le huitième (8ème) jour est considéré comme étant celui du baptême. À la veille, l’heureux père consulte, en lieu et place des devins et des oracles, les marabouts qui, en tenant compte du jour de la naissance, lui proposent trois (3) noms parmi lesquels celui-ci choisit un. Une fois que le choix du prénom est fait, le père vient tenir le bébé entre ses mains et souffle dans ses oreilles l’appellation retenue. Le huitième jour, les marabouts viennent procéder à la cérémonie de dation de nom. Ces derniers, après le sacrifice du bélier ou à défaut du bouc, lisent quelques versets du coran, rappellent à l’assistance la nécessité d’observer les pratiques musulmanes et terminent leurs discours par des invocations (prières).

Certaines de ces cérémonies, telles que nous venons de les décrire ne font pas l’unanimité des savants musulmans. Ce fait s’explique par l’existence de quatre (04) grandes écoles juridiques en islam. En prenant, l’exemple du nombre de jours qui doit séparer la date de naissance et celle du baptême, certaines sources de l’islam, indique que le messager de Dieu a baptisé ses fils au septième (7ème) jour de leur naissance. Les savants musulmans auraient insisté sur l’importance à observer l’ensemble de ces rites liés à la naissance du nouveau-né, toute chose qui permet de comprendre leur dimension socioreligieuse. En effet, le baptême semble constitué une offrande faite au bénéfice du nouveau-né dès les premières heures de sa venue au monde et pourra permette aussi au nourrisson de se libérer du gage de sorte à pouvoir intercéder en faveur de ses deux parents.

Le baptême, à travers l’immolation de l’animal, constitue une sorte de rançon par laquelle l’enfant est sauvé, comme Dieu l’aurait fait pour Ismaël par le bélier. Au plan purement social, le baptême demeure un cadre de rassemblement des proches et des amis. C’est donc un excellent cadre de la manifestation de la solidarité. Quant à la circoncision, elle semble être nécessaire pour purifier l’enfant, ce qui devait lui permettre d’être dans de bonnes conditions pour pouvoir être un fervent croyant.

En plus des cérémonies liées aux naissances, celles relatives aux mariages ont aussi connu d’importants bouleversements à tel enseigne qu’elles sont désormais accablantes en terme d’efforts financiers. Les éléments nouveaux apportés dans celles-ci sont liés, non seulement aux préalables relatifs à cette pratique culturelle, mais aussi à la cérémonie elle-même. Pour ce qui est des préalables, il s’agit désormais de la kola qui vient remplacer la bière de mil (le dolo).

Cela s’explique par le fait que les Viévon désormais islamisés sont sensés ne plus consommer la bière de mil. Les fonctions sociales de la kola sont liées à l’information officielle des différents membres des deux familles concernées et à l’acceptation de ce projet de mariage qui se conçoit au bénéfice des deux individus, sinon de leurs familles. Quant aux changements liés à la cérémonie proprement dite, ils portent sur les réjouissances et aux rites y relatifs. Pour les premières, les danses sont désormais organisées pour la période allant de la nuit de mercredi au jeudi dans la famille de la mariée et à celle du jeudi au lundi chez le marié. Dans la soirée du jeudi, après la prière de l’après-midi, les Karamogow (les marabout ou savants musulmans) de Mandiasso et/ou de Dèrègouai, les parents, les amis et les connaissances se réunissent pour sceller le mariage suivant les principes islamiques.

Cette célébration consiste pour ces derniers à lire quelques passages du Coran et de faire des invocations afin que Dieu puisse bénir cette union. Dans l’aire culturelle viéwo, les Karamogow réclament aussi l’identité des deux (02) témoins issus des deux (02) familles. Ils prennent également connaissance de l’état physique de la mariée. Il faut noter que ces différentes étapes qui semblent être parmi les éléments obligatoires de la célébration du mariage musulman doivent précéder celles du sermon et de l’accord express de l’union entre l’homme et la femme par le biais de leurs représentants. Mais en pays viéwo, les deux futurs époux ne se rendent pas au lieu de la célébration du mariage et les Karamogow ne font pas de cela une obligation bien que certaines sources de l’islam exigent la présence du marié ou à défaut celle de son mandataire.

Cette présence est fondée sur le fait que l’imam doit demander au futur mari, après approbation du représentant de sa fiancée, s’il accepte de prendre cette dernière désignée telle pour épouse (El-Bokhari, 1992, p. 568). C’est à la suite de ces différentes étapes de la célébration du mariage que le père du marié remet la dot à la fille à travers le chef de sa famille. Celle-ci qui était constituée de numéraire et de don en nature a aussi connu une évolution avec la substitution des cauris par la monnaie. Le montant de cette partie de la dot se situerait autour de mille franc (1000F) dans les années 1940- 1960.

L’acquittement de cette dot pouvait se faire à crédit et cela reste valable de nos jours, à la demande du marié. À cette somme, il faut ajouter trois à quatre paires de pagnes et deux autres tissus cousus par des tisserands. Ces tissus, Fadereké et Nadeba, sont destinés respectivement au père et à la mère de la mariée. C’est l’ensemble de tous ces éléments qui constituent la dot et l’acquittement de celle-ci permet de passer à la célébration du mariage au Viguéra désormais islamisé. Ces cadres sont aussi des occasions pour ces Karamogow d’encourager les musulmans à la pratique religieuse et cela à travers des prêches. À l’issue de cette cérémonie, la mariée est conduite le jeudi soir, au crépuscule, dans sa belle-famille où, dans une ambiance festive, elle reçoit une toilette de purification.

Au cours de celle-ci, elle reçoit aussi une instruction religieuse élémentaire portant essentiellement sur les règles de bonne conduite de la femme musulmane, sous l’assistance d’une vieille femme issue d’une famille maraboutique du pays. C’est au cours de cette nuit que le mari effectuait le test de la virginité de son épouse. Le vendredi, après le déjeuner vers quatorze heures (14h), la vieille femme qui a dirigé le rituel de la purification assistée de ses paires issues de la famille de la mariée l’introduite officiellement dans la maison de son époux au rythme du tambour avec des esquisses de pas de danse. Après cela, sa délégation lui prodigue des conseils sur la vie de couple. Elle y demeure jusqu’au samedi, jour où, elle la quitte pour être introduite dans la case de sa belle-mère, vers les neuf heures (9h). Une fois de plus, sa délégation lui prodigue des conseils liés au vivre-ensemble avec sa belle-mère. Durant tous ces jours, la danse au balafon est organisée.

Elle se déroule du vendredi au dimanche de dix-sept heures (17h) jusqu’à l’aube. Le lundi matin, dernier jour officiel du mariage, la mariée assistée par ses camarades observe l’avant dernier rituel de cette institution culturelle désormais julaïsée. Il s’agit de la lessive des vêtements des principaux acteurs de ce mariage. La mariée demeure dans la maison de sa belle-mère jusqu’au moins au rituel suivant qui intervient au quarantième jour. Il s’agit de linguanna tchiébor (la cérémonie de descente de foulard) qui consiste pour l’imam du village à faire quelques prières en faveur du nouveau couple. Après cela, l’une des sœurs du mari ôte le foulard de la tête de la nouvelle mariée et le jette dehors. Ce geste est accompagné de cris de la part de celle qui a posé l’acte.

La mariée doit aller chercher ce voile, le laver et le donner à sa mère. De la bouillie de petit mil est préparée à cet effet pour être servie à tous les membres de la famille. Après cette cérémonie, la mariée doit toujours demeurer dans la maison de sa belle-mère jusqu’à l’année prochaine, sauf dans les cas où il y a un problème de cohabitation entre les deux personnes. En plus de ces éléments, nous avons aussi l’introduction d’un autre rite, celui qui peut être appelé "l’enterrement du mortier". Il s’agit en effet pour les sœurs du garçon d’enterrer une partie (celle inferieure) d’un mortier (surtout ceux utilisés pour piler les ingrédients de la sauce) dans la nuit du dimanche au lundi, vers les quatre heures (4h) du matin.

Mais l’enterrement du mortier qui répondait à une préoccupation sociale (l’aboutissement du projet de mariage initié pour les futurs conjoints) était précédé d’une mise en terre d’amulettes fournies par les marabouts. Outre ces éléments, cette islamisation des Viévon par les Dioula du Gwiriko a également entrainé l’adoption de l’endogamie lignagère au niveau du patrilignage par les premiers. En effet, avant cette époque, celle-ci était autorisée seulement dans le cas de l’union entre un Yon’mɔ (esclave ou descendant d’esclave) et son Octcho (maître) à l’intérieur du matrilignage. Ces Dioula auraient encouragé le mariage endogamique, surtout celui effectué dans le patrilignage du fait qu’il serait une pratique du prophète Muhammad. Les savants musulmans du monde Dioula qui se disent alors héritiers légitimes de ce prophète auraient adopté cette règle matrimoniale à des fins, sans doute, socio-économiques.

En réalité, l’endogamie était pratiquée dans cette société parce que ce groupe social vivait en minorité au milieu de populations non musulmanes avec qui des échanges matrimoniaux pouvaient avoir des conséquences néfastes sur leur identité religieuse. Toutefois, ils pouvaient épouser des femmes esclaves dans la mesure où ils avaient une emprise totale sur celles-ci pour les convertir à l’islam. Ce mariage est sensé les affranchis aussi des obligations de donner en retour, leurs filles à des non musulmans. L’adoption de cette endogamie par les Dioula serait aussi liée à la rareté des femmes à une époque où le nombre d’hommes les dépassait. Les Dioula, comme nous le savons, du fait de leurs activités économiques, se sont très souvent retrouvés minoritaires et cela justifie aisément l’adoption de ce type d’union matrimoniale par ces derniers.

En dehors du mariage, d’autres institutions culturelles du pays, telle que les funérailles, ont aussi connu de nombreuses mutations dues à l’islamisation des Viévon. Ces changements portent sur le mode d’inhumation, sur les rites post enterrement et sur le statut des héritiers. Concernant le mode d’inhumation, nous assistons à l’abandon des puits funéraires au profit des tombes recommandées par l’islam pour toutes les couches sociales sans tenir compte parfois des circonstances du décès. Avant l’inhumation, la toilette du mort est assurée par un savant musulman, moyennant une certaine rétribution. Malgré le fondement religieux de cette toilette (car elle permet de purifier le corps et cela serait indispensable au défunt pour son voyage dans l’Au-delà), il reste que la présence du marabout dans ce rituel répond davantage à des raisons économiques.

En effet, ces derniers constituent une nouvelle catégorie socio-professionnelle dans la société viéwo qui intègre les offices funéraires dans ses monopoles. De même, la prière sur le mort, les cantiques chantés pour accompagner le défunt au cimetière, la mise en tombe du corps, les prières post-mortem pendant le troisième, le douzième, le quarantième et le centième jour ainsi que le règlement de l’héritage font partie des services qui relèvent de la compétence des savants musulmans. Les griots islamisés jouent aussi un rôle important dans ces funérailles, aux côtés des marabouts dont ils transmettent à voix haute les paroles au public. Comme ces Karamogow, ils reçoivent en compensation de leurs services une partie des biens offerts par la famille du défunt en guise de sacrifice.

Un des changements importants apportés par l’islam dans la société viéwo est cette question d’héritage. En effet, les ayant droits prioritaires à l’héritage ne sont plus les cousins ou les neveux du matrilignage, mais plutôt les enfants. Conformément au droit musulman, la fille a droit à une part de l’héritage dont le tiers alors que le garçon en reçoit les deux tiers. Toutefois, les survivances du droit coutumier demeurent. C’est ainsi que le cousin ou le neveu, à titre symbolique, est désigné pour recevoir les biens de son cousin ou oncle défunt qu’il remet aussitôt aux nouveaux ayant droits statutaires définis par l’islam. Cependant, les biens qui appartiennent au matrilignage sont remis au successeur du défunt, selon la coutume.

Au total, les changements induits par l’islamisation ont entrainé de la double pratique religieuse dans les rites funéraires. Il en résulte aujourd’hui beaucoup de ressemblances entre certains traits culturels Viévon et non seulement ceux des Dioula, mais aussi avec ceux des autres formations sociales voisines qui ont subi cette influence dioula.
De ce qui précède, il faut retenir que l’islamisation des Viévon a entraîné des bouleversements dans certaines de leurs pratiques culturelles parmi lesquelles les cérémonies liées aux naissances, aux mariages et aux funérailles. Ces différentes institutions, en tant que produit de la société, ont aussi emprunté des traits culturels des Dioula, toute chose qui a contribué à une julaïsation des Viévon.

Conclusion

En somme, l’islamisation des Viévon par les Dioula, débuté au milieu du XVIIIe siècle, a eu des conséquences sur la société. Celles-ci portent sur l’adoption de nouvelles pratiques religieuses et sur le bouleversement de celles préexistantes. Elle fut un processus lent, sélectif et se serait caractérisée par la double pratique religieuse. Cette islamisation aurait ainsi contribué à modeler la culture de cette société et l’ensemble de ces facteurs auraient créé des éléments nouveaux dans l’identification de la culture viéwo.

OUATTARA Harouna, Attaché de recherche (INSS/CNRST-Burkina Faso) ; email : harounaouattara84@gmail.com ; tel (WhatsApp) : 0022670529647.

Références bibliographiques

El-Bokhari, 1992, Recueil des hadiths du prophète, traduction française.
KODJO Niamey Georges, 1986. Les royaumes de Kong des origines à 1987. Thèse pour le doctorat d’Etat, Université d’Aix-en Provence ; 3 tomes. Paris, 1569 p.

KOUANDA Assimi, 1984. Les Yarse : fonctions commerciales, religieuses et légitimité culturelle dans le pays moaga (évolution historique). Thèse de 3e cycle, université de Paris I, Panthéon- Sorbonne, Paris, 378 p.
OUATTARA Harouna, 2021. Le Viguéra du XVème à 1960, thèse unique de doctorat, Ouagadougou, Université Joseph KI-ZERBO, 438 p.
OUATTARA Harouna, 2023. « L’islamisation des Viévon du début du XXVIIIe siècle au milieu du XIXe siècle », in Annales de l’Université Joseph KI-ZERBO – Série A, vol. 034, Ouagadougou, P.U.O, ISSN : 2424-7529, pp.67-83.

TRAORÉ Bakary, 1984. Le processus d’islamisation à Bobo-Dioulasso jusqu’à la fin du XIXe siècle : approche historique et sociologique. Mémoire de maîtrise en Histoire, Université de Ouagadougou, 196 p.
TRAORÉ Bakary, 1996. Histoire sociale d’un groupe marchand : Les Jula du Burkina Faso. Thèse de doctorat unique, Université de Paris I, Panthéon- Sorbonne, Paris, 2 tomes, 1 027 p.
TRAORÉ Dominique, 1953. Les Bobo-Fing : mœurs et coutumes. Document du C.E.S.A.O : dactylographie.
TRAORÉ Dominique, s.d. Notes pouvant servir à l’histoire de l’Ouest Volta, Document du C.E.S.A.O : dactylographie.

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