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Burkina/Vie sauvage : « Les changements climatiques conduisent à la régression de la faune et de la flore », colonel Barnabé Kaboré

Publié le mercredi 21 mai 2025 à 23h15min

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Burkina/Vie sauvage : « Les changements climatiques conduisent à la régression de la faune et de la flore », colonel Barnabé Kaboré

La vie sauvage englobe toutes les formes de vie non domestiquées, qu’elles soient animales ou végétales, évoluant librement dans leur habitat naturel. Elle constitue une partie essentielle de la biodiversité et joue un rôle important dans le maintien des écosystèmes. Au Burkina Faso, de nombreuses espèces animales et végétales sont menacées d’extinction. On estime également à environ 83 000 hectares les superficies de forêts perdues chaque année du fait de la déforestation. Face à ce triste constat, le gouvernement a engagé plusieurs actions en faveur de la préservation de la faune et de la flore. Dans l’interview qu’il nous a accordée, le colonel Barnabé Kaboré, directeur général des Eaux et forêts, revient sur l’état actuel de la biodiversité, les impacts des changements climatiques, des actions humaines et du terrorisme sur la nature et les actions entreprises pour la conservation de la faune et de la flore.

Lefaso.net : Quel est l’état actuel de la biodiversité au Burkina Faso ?

Colonel Barnabé Kaboré : Selon la monographie nationale sur la diversité biologique de 2021, le Burkina compte 1 779 espèces herbacées, 531 espèces ligneuses, 301 espèces cultivées, 120 espèces de poissons, 520 espèces d’oiseaux sauvages, 140 espèces de mammifères sauvages, 91 races de mammifères d’élevage, 51 espèces de chauves-souris et 96 espèces de reptiles.

Les ressources sauvages sont essentiellement conservées dans 77 aires classées couvrant une superficie de 8 651 859 ha du territoire national (BDOT, 2014).

Quelles sont les principales menaces qui planent sur la flore et la faune au Burkina ?

Parmi les principales menaces qui planent sur la flore et la faune au Burkina, il y a la progression du front agricole. En effet, entre 1992 et 2014, 47,5 % des forêts ont subi des transformations, dont 38,6 % ont été converties en terres cultivées. Il y a également le braconnage aussi bien des espèces partiellement protégées que de celles intégralement protégées et l’orpaillage en particulier dans les aires classées. À cela s’ajoutent la surexploitation du bois énergie (bois de feu, charbon de bois) ; la péjoration climatique qui se manifeste par la diminution et une mauvaise répartition des pluies ainsi que par l’élévation des températures ; et enfin les feux de brousse incontrôlés.

Qu’en est-il des espèces sauvages menacées ou en voie de disparition ? Existe-t-il une estimation approximative du nombre de ces espèces ?

Les espèces sauvages menacées comprennent aussi bien les végétaux que les animaux. En termes d’estimation, ce sont 350 espèces de plantes, 12 espèces de mammifères sauvages, 19 espèces d’oiseaux, 24 espèces de reptiles et 48 espèces de poissons qui seraient menacées d’après la monographie nationale sur la diversité biologique de 2021.

Quels sont les impacts des changements climatiques sur la faune et la flore au Burkina ?

Les changements climatiques, en l’occurrence la baisse des pluviométries et l’augmentation des températures, conduisent à la régression de la faune et de la flore. Entre autres impacts, nous avons la baisse des pluviométries qui conduit au manque d’eau pour la faune dans son habitat et perturbe fortement la croissance et le développement de la flore eu égard aux multiples fonctions de l’eau dans la plante. Aussi, l’augmentation des températures qui amplifie le stress hydrique chez les espèces fauniques par la transpiration et chez les espèces de flore par la forte évapotranspiration.

La situation sécuritaire a-t-elle un impact sur l’état de la biodiversité ?

La situation sécuritaire a un impact sur la biodiversité, en ce sens qu’elle influence négativement les actions de gestion telles que la surveillance, la protection et l’aménagement des aires protégées, principaux réservoirs de la biodiversité.

Quel rôle jouent les aires protégées dans la préservation de la biodiversité ?

Les aires protégées constituent les principaux refuges de la biodiversité.

Quel est l’impact du braconnage et de l’activité humaine sur les populations animales ?

Les activités anthropiques constituent le principal facteur de la régression des populations animales. En effet, elles contribuent à la réduction directe des effectifs par les prélèvements (braconnage) ; à la destruction de l’habitat (orpaillage, défriche à des fins agricoles, coupe du bois) ; à la raréfaction de la nourriture pour herbivores (pacage d’animaux domestiques et pâturage illégal) et à la perturbation de la quiétude (braconnage, pâturage illégal).

Quelles sont les mesures prises pour préserver la faune et la flore au Burkina ?

Les mesures de préservation de la faune et de la flore au Burkina comprennent la création des espaces de conservation et la mise en place d’un cadre institutionnel et juridique. Au nombre de ces mesures figure la création des espaces de conservation. À ce niveau, on note la création de 77 aires classées comprenant des aires de protection faunique et des forêts classées ainsi que la création des aires et territoires autochtones et communautaires tels que les zones villageoises d’intérêt cynégétique (ZOVIC), les bois sacrés, les forêts villageoises, etc.

Autres mesures de préservation, la mise en place d’un cadre institutionnel à travers la création d’un ministère en charge de l’environnement et ses démembrements et d’un cadre juridique. Ce cadre juridique comprend le Code forestier et ses textes d’application ; le Code de l’environnement et ses textes d’application ; le Code minier et la Réorganisation agraire et foncière (RAF). À ces textes juridiques s’ajoutent des documents d’orientation politique tels que les stratégies et plans d’action nationaux sur la biodiversité (SPANB).

Propos recueillis par Armelle Ouédraogo/Yaméogo
Lefaso.net

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