Burkina : Le Programme alimentaire mondiale soutient le déploiement du Registre Social Unique à Ouahigouya

Le Programme Alimentaire Mondial (PAM) accompagne l’Etat burkinabè dans le déploiement du Registre Social Unique (RSU) dans la commune urbaine de Ouahigouya. Une visite de presse menée le mercredi 7 mai 2025 a permis de constater les avancées du processus dans les villages de Somiaga et Sissamba.
Mis en œuvre par le Secrétariat technique du Registre Social Unique (ST-RSU) du Ministère en charge de l’Action humanitaire et de la Solidarité nationale (MAHSN), il vise à identifier, enregistrer chaque personne pauvre et vulnérable sur l’ensemble du territoire national, d’un code unique pour faciliter l’accès aux programmes de protection sociale. Il s’agit aussi de constituer une base de données sécurisée sur les conditions socioéconomiques de cette population cible, afin de mieux coordonner et orienter les interventions sociales.

Ainsi, le RSU permet d’établir, à la demande des structures de prise en charge, les listes de bénéficiaires potentiels répondant à un ensemble de critères prédéfinis ; de mettre à jour la liste des bénéficiaires des programmes de protection sociale ; d’améliorer la coordination, l’efficacité et l’efficience des programmes de protection sociale en vue de lutter contre la pauvreté.

Un déploiement structuré et participatif
Deux types d’approche sont utilisés par le secrétariat technique, en vue d’identifier les personnes cibles. En milieu rural, l’on passe par une approche communautaire ; en milieu urbain, c’est l’approche par dénombrement qui est adoptée. L’opération a officiellement débuté le 13 février 2025, avec la reconnaissance des zones abritant des personnes déplacées internes. "Le dénombrement s’est achevé le 10 mars 2025, malgré quelques défis. « Le traitement des données, réalisé du 12 au 13 mars à l’ISSP (Institut Supérieur des Sciences de la Population) au cours d’un atelier, a permis de vérifier la complétude des informations et de corriger les incohérences », explique Albert Sawadogo, chef de département communication et plaidoyer au ST-RSU.
Les résultats sont significatifs : 62 360 ménages ont été recensés, soit un taux de couverture de plus de 177 % par rapport à la prévision initiale de 35 211 ménages. À l’issue de l’analyse, 16 461 ménages pauvres et vulnérables, représentant 103 312 personnes, ont été retenus.
Dans les villages visités, les populations ont largement collaboré. À Somiaga, Seydou Sawadogo, membre du Comité villageois de développement (CVD), souligne : « Tout le monde a été pris en compte, y compris les déplacés. Au départ, 1 237 ménages ont été enregistrés, puis la seconde phase a concerné 500 d’entre eux. »
Un chef de ménage témoigne : « Ils nous ont interrogés sur nos activités, ce que nous possédons, nos revenus, le bétail… Ils ont pris le temps d’écouter chacun. »

Même son de cloche à Sissamba, où environ 4 000 personnes ont été enregistrées. Adama Ouédraogo, membre du CVD, se réjouit de la démarche : « Cette fois, ce ne sont pas les CVD qui ont sélectionné les gens. Les agents recenseurs sont venus eux-mêmes. La population a bien coopéré.
Des retours globalement positifs
Gaston Nassouri, Directeur Provincial de l’action humanitaire et de la solidarité nationale du Yatenga, salue une opération bien menée : « Nous avons échangé avec les CVD, rencontré les ménages. Les retours sont positifs. L’implication des acteurs a été déterminante. »
Toutefois, quelques résistances ont été observées : « Certains refusaient d’être dénombrés, pensant ne pas être concernés. Pourtant, tout le monde devait être inclus dans la base », indique Samuel Nadinga, chef du service social communal.
Pour le PAM, ce partenariat est stratégique. « C’est un instrument qui servira au gouvernement et c’est une opportunité pour le PAM de pouvoir travailler avec ces listes qui ont un plus grand niveau de consensus, et de toucher le maximum de personnes vulnérables issues des communautés”, explique Alain Ouédraogo, chef du bureau terrain PAM pour la région Nord et la Boucle du Mouhoun. Il ajoute : « Grâce au RSU, nous réduirons les doublons. Chaque ménage recevra une assistance unique et traçable. Cela garantit plus d’équité et une meilleure gestion des interventions sociales. »
Avec cette opération à Ouahigouya, le Burkina Faso franchit un pas important vers une protection sociale plus inclusive, équitable et efficace, au bénéfice des populations les plus fragiles.
Erwan Compaoré
Lefaso.net