Burkina Faso : Le mausolée du capitaine Thomas Sankara et de ses douze compagnons d’infortune officiellement inauguré

Le mausolée du Président Thomas Sankara, père de la révolution burkinabè d’août 1983, et de ses douze compagnons a été inauguré dans l’après-midi de ce samedi 17 mai 2025, à Ouagadougou, date anniversaire de l’arrestation du défunt président, en 1983, alors Premier ministre sous le Conseil du salut du peuple (CSP) dirigé par le médecin-commandant Jean-Baptiste Ouédraogo. La cérémonie d’inauguration a été présidée par le Premier ministre burkinabè, Rimtalba Jean Emmanuel Ouédraogo, représentant le président du Faso, le capitaine Ibrahim Traoré, en présence de ses homologues du Sénégal Ousmane Sonko et du Tchad Allah-Maye Halina, de nombreuses personnalités politiques, administratives, coutumières, religieuses, militaires, paramilitaires et du monde diplomatique, et une presse fortement mobilisée pour la circonstance.
Le mausolée a été construit pour honorer la mémoire du capitaine Thomas Sankara et de ses douze compagnons tombés à ses côtés. Il vise, d’une part, à célébrer leur engagement et, d’autre part, à préserver et promouvoir l’héritage politique du père de la révolution d’août 1983. C’est également une sépulture digne que l’État et la nation burkinabè offrent au Président Sankara et à ses compagnons. Ce mausolée met un terme à un long parcours marqué par de nombreuses péripéties : inhumation au cimetière de Dagnoën, profanation des tombes, exhumation des restes… Désormais, les corps reposent à leur lieu de chute, où s’élève aujourd’hui ce monument de mémoire.

Le mausolée constitue la première phase du projet du mémorial Thomas-Sankara, qui s’étendra sur plus de quatorze hectares, et comprendra une tour de 87 mètres, une Maison des mémoires, un musée, une bibliothèque et une médiathèque, une salle d’exposition, un Flambeau de la révolution, une salle polyvalente, des ateliers d’innovation, des boutiques, des restaurants, un téléphérique, des statues, un parc Thomas-Sankara ainsi que cinq espaces aménagés. Le mémorial a pour vocation de devenir un lieu de recueillement, d’éducation citoyenne, de transmission culturelle et de promotion des idéaux de Thomas Sankara auprès des visiteurs.
Le 17 mai, une date lourde de sens
Dans le discours officiel d’inauguration du président du Faso, lu par le Premier ministre Rimtalba Jean Emmanuel Ouédraogo, il a souligné la portée historique et politique de cette journée du 17 mai, date du lancement du mouvement populaire ayant conduit à la révolution du 4 août 1983. Aujourd’hui, les Burkinabè se revendiquant héritiers de cette lutte anti-impérialiste, avec la révolution progressiste populaire.
« Ce 17 mai 2025, l’histoire nous rappelle qu’il y a de cela 42 ans, jour pour jour, le 17 mai 1983, les forces impérialistes et néocolonialistes ont orchestré l’arrestation du camarade capitaine Thomas Sankara, alors Premier ministre. Les jours qui ont suivi, la jeunesse combattante anti-impérialiste s’est mobilisée, pour dire non à cette forfaiture. La graine de la révolution démocratique et populaire venait ainsi d’être semée. Deux semaines après, le capitaine Thomas Sankara sera libéré sous la pression populaire. Et trois mois plus tard, de ce terreau fertile alimenté par l’aspiration profonde du peuple à la liberté, germera la révolution », a déclaré le Premier ministre.

« Ce 17 mai 2025, il y a donc un symbole, celui du refus de la domination impérialiste, du néocolonialisme et de leurs avatars que sont la guerre et le terrorisme. C’est également le symbole de la détermination de notre peuple à assumer devant l’histoire son destin pour bâtir une nation libre et souveraine. Cet idéal a été porté par nos devanciers de la révolution démocratique et populaire dirigée par le camarade capitaine Thomas Sankara. Aujourd’hui, nous sommes porteurs de ce même flambeau de lutte anti-impérialiste avec la révolution progressiste populaire. Ce 17 mai, nous honorons un devoir de mémoire à travers l’inauguration du mausolée dédié au président Noël Isidore Thomas Sankara et à ses compagnons de lutte, tombés pour la patrie tant aimée sous les balles assassines des valets locaux de l’impérialisme et des nègres de salon ; tombés pour l’idéal de dignité, de liberté, d’intégrité et de souveraineté ; tombés mais à jamais vivants dans nos cœurs et dans nos consciences. Le choix de cette date n’est donc pas un fait du hasard. Aujourd’hui, le 17 mai, l’impérialisme international nourrit toujours le même dessin funeste. Face à lui, nous restons debout, engagés à impulser de profondes transformations économiques et sociales pour le bien de nos populations, déterminés à instaurer la justice sociale, à nous battre pour la dignité, la liberté et la souveraineté du Burkina Faso, des États de la Confédération AES et des peuples africains », a ajouté Rimtalba Jean Emmanuel Ouédraogo.
Selon le chef du gouvernement, ce mausolée n’est pas une simple bâtisse, c’est un lieu de mémoire qui rappelle à la conscience collective des Burkinabè, des combattants de la liberté et de tous les hommes épris de justice sociale, le sacrifice du président Thomas Sankara et de ses compagnons. Ce mausolée est aussi le témoignage d’une intégrité persécutée, mais toujours vivace.

« Il est le sceau indélébile de la reconnaissance d’un peuple en lutte, la matérialisation d’une mémoire vive dont la résilience face à l’usure du temps est inébranlable. Nous ne sommes pas réunis ce 17 mai par nostalgie, ni animés du ressentiment d’un passé douloureux. Ce qui nous rassemble aujourd’hui comme un seul homme, c’est plutôt le serment renouvelé de s’engager avec détermination à préserver les acquis et à poursuivre l’historique œuvre patriotique de nos héros pour une libération totale de notre peuple du joug de l’impérialisme et du néocolonialisme », a-t-il indiqué.
En marge de cette cérémonie, 21 coups de canon ont été tirés pour rendre hommage à Thomas Sankara et à ses douze compagnons d’infortune. En plus du dépôt de gerbe de fleurs, des rues de la capitale ont également été baptisées au nom des douze compagnons du père de la révolution burkinabè, une avenue portant déjà le nom du capitaine Thomas Sankara.
Mamadou ZONGO
Lefaso.net
Crédit Photos : DCRP Primature