Diaspora : « Le succès à l’étranger repose sur l’écoute, l’humilité et la stratégie », selon Tiara Moustapha Paré, Burkinabè résidant à Taïwan

Tiara Moustapha Paré est un entrepreneur burkinabè passionné par le développement, l’innovation commerciale et les relations interculturelles. Il est le directeur général de Kaijie International Trade Co., Ltd. Résidant à Taïwan, ce Burkinabè est le fondateur de plusieurs initiatives œuvrant dans le domaine du commerce international entre l’Afrique et l’Asie.
Lefaso.net : Parlez-nous de votre parcours académique ?
Tiara Moustapha Paré : Mon parcours académique est le reflet de ma volonté constante d’apprendre et de m’ouvrir au monde. J’ai commencé par une licence en gestion à ISIG International au Burkina Faso, avant de me spécialiser dans la langue chinoise à l’université de Wuhan, en Chine. Par la suite, j’ai intégré Ming Chuan University à Taïwan, où j’ai obtenu un Master en administration internationale des affaires (IMBA), puis un doctorat (PhD) en affaires internationales. Cette formation m’a permis de développer une vision stratégique et globale du commerce international, en lien avec mes ambitions entrepreneuriales entre l’Afrique et l’Asie.
Comment vous êtes-vous retrouvé à Taïwan ?
Après avoir terminé mes études en langue chinoise en Chine continentale, j’ai ressenti le besoin d’aller plus loin, de donner un sens concret à ce que j’avais appris. À cette époque, le Burkina Faso entretenait des relations diplomatiques avec Taïwan. C’est donc naturellement que je me suis tourné vers ce pays, animé par le désir de découvrir une autre facette du monde sinophone. Ce choix n’était pas seulement géographique ou politique, c’était aussi personnel : je cherchais un lieu où je pourrais me construire, apprendre différemment, et peut-être, un jour, créer un pont entre deux mondes qui me tiennent à cœur (l’Afrique et l’Asie).
Taïwan est devenu ce carrefour, ce lieu d’apprentissage et d’opportunités, mais surtout une terre d’accueil qui m’a offert une chance de rêver plus grand. Apprendre le mandarin a été l’un des plus grands défis de mon parcours. Au début, chaque mot, chaque ton, chaque caractère me semblait une montagne à gravir. Mais je savais que derrière cette langue se trouvait une culture riche, un monde d’opportunités, et surtout un pont vers l’avenir que je voulais construire. Grâce à la persévérance, à une immersion totale dans la vie locale et à la curiosité sincère pour la culture chinoise, j’ai progressivement surmonté les barrières. Aujourd’hui, parler couramment le mandarin ne représente pas seulement une compétence professionnelle, mais aussi une preuve que rien n’est impossible quand on est animé par la volonté et le sens. Cette langue est devenue un véritable outil de connexion dans mes affaires, mais surtout une passerelle entre les peuples que je m’efforce de rapprocher.
Pourquoi avez-vous décidé de rester à Taïwan ?
J’ai choisi de rester à Taïwan parce que ce pays m’a offert bien plus qu’un simple cadre de travail : il m’a offert un environnement où mes rêves ont trouvé un terrain fertile pour s’épanouir. Taïwan allie stabilité, innovation et ouverture, avec des infrastructures solides et des partenaires dignes de confiance. Mais au-delà de l’aspect professionnel, c’est un lieu où j’ai senti que ma vision avait sa place. Celle de créer un lien vivant entre l’Afrique et l’Asie. Taïwan est devenu ce pont stratégique où mes racines africaines et mes ambitions asiatiques peuvent dialoguer, se renforcer et bâtir ensemble un avenir commun. Y rester, c’est continuer à croire en cette passerelle que je m’efforce chaque jour de consolider, entre deux continents riches de potentiel.
Quelles sont les activités que vous menez dans ce pays ? Et pouvez-vous revenir sur votre parcours professionnel ?
Je suis actuellement à la tête de Kaijie International Trade Co., Ltd. à Taïwan et fondateur de deux entités stratégiques : Alliance Afrique-Asia, une organisation dédiée au renforcement des relations économiques entre les deux continents, et Tafaris International Sarl, une société active dans le développement de projets commerciaux à fort impact.
Mes activités s’articulent autour de plusieurs secteurs clés : le commerce de produits africains, la promotion des énergies renouvelables ainsi que le développement de partenariats industriels entre l’Afrique et l’Asie. Je m’efforce de positionner ces initiatives comme des leviers de croissance durable et de coopération équitable.
Je suis également business partner de Yuanzhi International Co., Ltd., une entreprise taïwanaise engagée dans plusieurs projets de développement à travers l’Afrique, notamment dans les domaines de l’éducation, de l’infrastructure et de la transformation agricole. Cette collaboration renforce ma volonté de promouvoir des investissements responsables et durables sur le continent.
Parallèlement à mes fonctions d’entrepreneur, j’ai aussi occupé des postes de consultant et de directeur marketing au sein de plusieurs entreprises taïwanaises et internationales. Ces expériences m’ont permis de mieux comprendre les dynamiques commerciales à l’échelle globale et de renforcer ma capacité à créer des synergies entre différents acteurs économiques.
Quels sont les conseils que vous avez à donner à ceux qui souhaitent se lancer dans l’entrepreneuriat dans un pays étranger ?
Il faut être patient, s’adapter à la culture locale, apprendre la langue si possible, bâtir un bon réseau, respecter les règles du pays et toujours garder une vision claire. Le succès à l’étranger repose sur l’écoute, l’humilité et la stratégie.
Selon vous, quel est l’apport de la diaspora dans le développement du Burkina Faso ?
La diaspora constitue un véritable pont entre le Burkina Faso et le reste du monde. Elle joue un rôle stratégique en apportant des compétences acquises à l’international, en stimulant les investissements directs, en créant des opportunités d’emploi et en facilitant l’accès à des marchés étrangers. Mais au-delà de l’aspect économique, elle porte aussi la voix du Burkina Faso sur la scène internationale, valorise notre culture et participe activement à redorer l’image du pays. Son engagement est un levier essentiel pour un développement durable et inclusif.
Quelles sont les actions que vous menez pour participer au développement de votre pays ?
À travers mes différentes entreprises, je m’implique activement dans des projets structurants au Burkina Faso. Je travaille notamment sur le développement d’infrastructures scolaires avec des partenaires asiatiques, afin de renforcer l’accès à une éducation de qualité dans les zones rurales. Je m’investis aussi dans la promotion du commerce équitable en valorisant les produits agricoles africains sur les marchés asiatiques. Mon objectif est de contribuer à bâtir un avenir plus prospère pour les jeunes générations, en créant des passerelles entre l’Afrique et l’Asie.
SB
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