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Lutte contre l’excision et le mariage forcé des enfants : Les forces vives de la Léraba s’engagent officiellement

Publié le lundi 28 avril 2025 à 11h32min

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Lutte contre l’excision et le mariage forcé des enfants : Les forces vives de la Léraba s’engagent officiellement

L’Organisation catholique pour le développement et la solidarité de Banfora (Ocades/Banfora), en collaboration avec l’ONG Children Believe, a organisé, vendredi 25 avril 2025 dans la ville de Sindou, province de la Léraba, région des Cascades, « une grande déclaration publique d’abandon de l’excision, des mariages d’enfants et des violences faites aux enfants dans la région des Cascades ». Cette activité a été rendue possible grâce au financement de l’UNICEF. La cérémonie était placée sous la présidence du haut-commissaire de la province de la Léraba, Yacouba Sawadogo.

L’organisation de cette activité entre dans le cadre de la mise en œuvre du projet « Construction de consensus social pour l’accélération de l’abandon du mariage des enfants, de l’excision et des autres formes de violences faites aux enfants au Burkina Faso ». L’événement a connu la participation d’autorités administratives, coutumières et religieuses, des leaders communautaires ainsi que des enfants bénéficiaires des programmes du projet, pour réaffirmer leur engagement à lutter contre les pratiques traditionnelles néfastes.

Des participants à la cérémonie de déclaration publique d’abandon de l’excision.

En organisant cette activité avec ses partenaires que sont Children Believe et l’UNICEF, l’Ocades Caritas Banfora, qui est un des instruments de la pastorale sociale de l’Église catholique, réaffirme son engagement dans la lutte contre l’excision et le mariage des enfants. Pour ses premiers responsables, lutter contre ces pratiques, c’est promouvoir les droits des filles. Car ils estiment que chaque fille excisée et donnée en mariage avant l’âge est un enfant dont les droits fondamentaux, notamment le droit à la santé, à la sécurité, à la protection, ont été bafoués.

Lutter contre les pratiques néfastes sur les filles

Le Burkina Faso se distingue depuis plusieurs années déjà dans la lutte contre les Mutilations génitales féminines (MGF). L’engagement politique contre cette pratique a été reconnu par la désignation du Burkina comme champion de l’Union africaine pour l’élimination des MGF par la 32e session de la conférence des chefs d’État et de gouvernement de l’Union africaine. Si l’on peut se réjouir de cette performance reconnue, beaucoup reste à faire dans le domaine de la promotion des droits et de la protection des enfants.
« Cela est d’autant plus vrai quand nous savons que notre région fait partie des localités où les pesanteurs socioculturelles empêchent les femmes et les filles de jouir pleinement de leurs droits. Cette réalité inquiétante s’est malheureusement exacerbée dans certaines localités avec le défi sécuritaire », a indiqué le haut-commissaire de la Léraba, Yacouba Sawadogo, patron de la cérémonie.

Le haut-commissaire de la Léraba, Yacouba Sawadogo, salue l’initiative de la cérémonie.

En effet, les filles mariées précocement sont privées de tout pouvoir de décision et de leurs droits fondamentaux. Elles sont souvent victimes du phénomène de grossesse précoce ou non-désirée, du lévirat, toute chose qui les dépersonnalise et influe négativement sur leur épanouissement. Pour les défenseurs des droits de la jeune fille, les souffrances causées par ces formes de violences sont immenses. C’est pourquoi, il est nécessaire de mutualiser les efforts tant au niveau communautaire, national, régional qu’international. C’est dans cette dynamique que le projet Yiriwali vient à point nommé.

La porte-parole de la coordination provinciale des femmes de la Léraba prenant solennellement l’engagement.

Respecter la dignité de la jeune fille

Ce projet, selon le haut-commissaire de la Léraba, Yacouba Sawadogo, s’inscrit en droit ligne des nouvelles orientations du développement du Burkina. Dans le cadre de ce projet, il y a eu d’abord des activités de sensibilisation et de plaidoyer auprès des autorités religieuses et coutumières, ainsi que des appuis aux scolaires. Toutes ces activités contribuaient à lutter contre l’excision, les violences faites aux enfants, les mariages des enfants.

Les coutumiers ont également pris l’engagement de lutter contre ces pratiques néfastes.

Lors des différentes phases de sensibilisation, les leaders d’opinion ont pris l’engagement ferme d’accompagner ce processus de lutte contre les pratiques néfastes. Au cours de cette cérémonie, divers acteurs ont dit avoir pris conscience des dangers liés à l’excision et au mariage des enfants et se sont engagés à ne plus accepter ces pratiques. Ils ont aussi promis de redoubler d’efforts, afin que cet engagement soit celui de la parole et du comportement, mais aussi à veiller pour que la dignité physique, morale et sociale de la jeune fille soit désormais respectée à sa juste valeur.

Le représentant de la communauté musulmane signant le livre d’engagement.

De la coordination provinciale des femmes aux autorités coutumières et religieuses, en passant par la coordination provinciale des jeunes, chaque acteur a pris solennellement l’engagement, devant l’assemblée, de lutter contre l’excision et le mariage précoce des enfants dans les Cascades et particulièrement dans la Léraba. Cet engagement rassure ainsi l’autorité locale qui n’a pas manqué d’exprimer sa satisfaction. Elle a donc saisi l’occasion pour exprimer sa gratitude à l’Ocades et à ses partenaires pour l’accompagnement dans la lutte contre ces pratiques néfastes au Burkina.

Les jeunes filles bénéficiaires du projet Yiriwali ont pris part à cette cérémonie.

L’objectif de l’activité est atteint

Pour la représentante du secrétaire exécutif de l’Ocades/Banfora, Lydie Somé, cette cérémonie est organisée pour clore la phase de sensibilisation des acteurs sur l’abandon des mariages d‘enfants et des excisions ainsi que la mise en place de clubs d’enfants. « Au cours de ces phases de sensibilisation, les différents leaders se sont engagés à nous accompagner pour la fin de ces pratiques. Aujourd’hui, ils ont réitéré solennellement cet engagement devant tous les acteurs, les autorités de la province et les partenaires, à mettre fin à ces pratiques néfastes qui mettent en péril la vie des jeunes filles », a-t-elle expliqué.

La représentante du secrétaire exécutif de l’OCADES Banfora, Lydie Somé, se réjouit des engagements pris par les différents acteurs.

Selon Lydie Somé, le choix de Sindou pour cette activité s’est fait après un diagnostic. « Après ce diagnostic, il s’est avéré que dans la zone de Sindou, ces pratiques perdurent. Également, Sindou fait partie de la zone de couverture de l’Ocades Banfora », a-t-elle éclairé. Elle n’a pas manqué d’exprimer sa satisfaction car, pour elle, l’objectif de l’activité est atteint. « Je peux dire que l’objectif est atteint, d’autant plus que nous avons pu avoir l’engagement des leaders coutumiers et religieux, de la coordination des femmes ainsi que des jeunes. Les avoir avec nous, c’est déjà un grand pas dans la lutte contre ces pratiques néfastes », s’est-elle réjouie.
À cette cérémonie, la directrice régionale de Children Believe a été représentée par Armande Sanou, la directrice de programmes. Elle a rappelé que c’est au regard des nombreuses conséquences de ces pratiques sur l’avenir des enfants que l’ONG Children Believe s’est engagée à porter les voix des jeunes filles, afin de plaider pour mettre fin à ces pratiques qui freinent leur épanouissement.

La directrice de programmes de Children Believe, Armande Sanou, rappelant les objectifs du projet.

Elle a rappelé que Yiriwali est un projet qui travaille à réduire les mariages précoces et les mutilations génitales féminines. Ce projet a travaillé à mettre en place des cellules communautaires qui vont poursuivre le suivi des engagements qui ont été pris au cours de cette cérémonie, et s’assurer qu’ils seront respectés par les différentes autorité.

Romuald Dofini
Lefaso.net

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