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BRAKINA : Les travailleurs chassent leur directeur général

Publié le vendredi 13 février 2004 à 09h57min

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Les travailleurs des brasseries du Burkina (BRAKINA) ne veulent plus collaborer avec leur directeur général. Ils l’ont donc chassé de la société le lundi 9 février 2004 dans la matinée, pour comportement anti-social.

"Nous l’avons vidé. Nous ne voulons plus de lui comme directeur général. Il fallait être là le lundi pour voir. Nous l’avons accompagné à pied jusqu’à l’usine Tan Aliz. Comment il a rejoint son domicile ce n’est pas notre problème. Il est venu à BRAKINA sans véhicule, il doit repartir sans véhicule’’. C’est par ces propos qu’un des travailleurs de la BRAKINA nous a accosté hier matin, lorsque nous sommes arrivés. Les délégués du personnel étaient en séance de travail. Ils préparaient une assemblée générale prévue pour 12 heures. Depuis lundi 9 février, jour où le directeur général a été chassé, ils multiplient les rencontres de concertation. Ils suspendent donc leur séance pour nous recevoir.

"Vous êtes venus pour savoir les raisons pour lesquelles nous avons chassé M. Jean-Luc Gibert, notre directeur général’’ ; nous ont-ils demandé d’emblée. Oui, avons-nous répondu.

Le porte-parole des délégués du personnel, Simon Pierre Bazié nous explique que Jean-Luc Gibert est arrivé il y a 7 mois de cela. "Il a remis tout ce que nous avons acquis en cause et il soutenait qu’il est venu mettre fin au désordre’’, affirme-t-il. Il nous donne quelques exemples. Le nouveau directeur général, aurait remis en cause un protocole d’accord signé entre les travailleurs et les précédentes directions générales. Par ce protocole d’accord, BRAKINA accordait à chaque travailleur une prise en charge médicale de 200 000 F CFA. M. Gibert aurait refusé d’appliquer ce protocole. "Nous avons des camarades qui sont morts par sa faute parce qu’il a refusé de débloquer cet argent pour eux afin qu’ils puissent se soigner’’, soutient Simon Pierre Bazié.

En sept mois, il a remis en cause tous les acquis

La direction générale accordait une subvention de 1 200 000 de F CFA aux délégués du personnel pour leurs activités syndicales. Jean-Luc Gibert, à son arrivée a annulé cette subvention. Chaque fin d’année la direction générale organise une cérémonie d’aurevoir pour les travailleurs admis à la retraite. Une façon de remercier moralement ces agents qui sont à la fin de leur carrière. Le directeur général ne voulait pas entendre parler de cette cérémonie. "Ce sont autant de conventions claires que nous avons signées avec les différentes directions générales qui se sont succédé. Tous ces acquis Gibert, en sept mois, les a remis en cause’’, martèle Simon Pierre.

En octobre 2003, les délégués du personnel ont introduit leur cahier de doléances à la direction générale. Le directeur général a refusé d’entamer les négociations au motif qu’il fallait attendre la fin du projet d’accord d’établissement. "Ce projet d’accord d’établissement nous avait été proposé par la direction. C’est un protocole qui nous permettait d’étudier les solutions à nos problèmes à long terme. Cela peut prendre trois ans’’, indique le porte-parole des délégués.

La BRAKINA sans directeur général

Mais le pire, selon Simon Pierre Bazié, ce serait le mépris du directeur général à l’endroit des travailleurs. Celui-ci manquait toujours selon lui, du respect au personnel. Les injures aux représentants des travailleurs étaient légion.

Un de leurs camarades est allé assister sa femme qui devait subir une intervention chirurgicale. Lorsqu’il est venu reprendre service, Gibert aurait ordonné qu’on lui coupe ses heures d’absence.

"Lors de notre dernière rencontre suite à des sanctions arbitraires prises à l’encontre de certains travailleurs, Gibert nous a insultés et insulté notre pays. Ce sont des choses que nous ne pouvons plus accepter. Nous avons donc décidé de le chasser de la BRAKINA’’, soutient Simon Pierre Bazié.

Les représentants des travailleurs affirment que si Gibert s’en tenait uniquement à la remise en cause de leurs acquis et revendications, le problème pouvait être réglé. "Même si nous allions nous trimballer à l’inspection du travail, nous pouvions peut-être nous entendre. Mais nous insulter et insulter notre pays, nous ne l’accepterons jamais. Nous sommes fermes sur notre décision, il ne viendra plus ici’’, clament-ils.

La BRAKINA se retrouve ainsi sans directeur général. Mais cette situation n’empêche en rien le bon fonctionnement de la société. "Nous avons des hommes capables de diriger l’usine en attendant la nomination d’un autre nouveau directeur général", soutiennent-ils. Et si on vous imposait Jean-Luc Gibert ? Leur avons-nous demandé ?

"Ce sera un bras de fer si on nous imposait M. Jean-Luc Gibert. D’ailleurs nous prendrons les dispositions qu’il faut", nous affirment-ils.

Nous avons chercher à avoir le contact de M. Jean-Luc Gibert. Mais nos tentatives ont été vaines. De même, le directeur administratif et financier que nous avons voulu rencontrer n’a pas pu nous recevoir faute de temps.

Etienne NASSA
Sidwaya

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