Centrale thermique Bobo II : Dans le vif de la mobilisation continue et soutenue pour assurer l’électricité aux populations, surtout en ces temps de forte demande
Après Ouagadougou, les journalistes en immersion dans les centrales et postes de distribution de la Société nationale d’électricité du Burkina (SONABEL) ont mis le cap sur la capitale économique, Bobo-Dioulasso, les 27 et 28 mars 2025. Là, ils ont pu visiter la Centrale Bobo II et le poste de dispatching de Kôdeni et assisté à une sortie de dépannage. Ce périple a permis aux hommes de média, auxquels se sont associés des acteurs de la société civile, de vivre le travail abattu au quotidien par les techniciens, partagés entre tâches pour assurer la continuité de l’électricité, surtout en ces moments de fortes demandes, et la course contre la montre pour résorber les cas de panne.
C’est par un cas de panne qui a plongé la ville dans le ‘’noir’’, que l’équipe a été accueillie à son arrivée à Bobo, en ce début d’après-midi du 27 mars 2025. La cause ?
“Nos commerçants de moteurs à camions, que vous voyez ici, ont procédé à une manutention, vraiment imprudente, parce que le grutier a levé sa grue jusqu’à nos lignes. Ce qui a crée l’incident, entraînant un déclenchement partiel de Bobo. C’est l’une de nos principales liaisons, qui va du poste, source de Kôdeni vers notre poste répartiteur de Kua. Nous avons environ 30% de notre puissance de Bobo qui transite par cette ligne. Et le défaut était assez violent, ça a créé beaucoup de perturbations, comme vous le constatez”, relate le chef de service distribution Bobo, Joël Jean Pascal Zerbo, avec son équipe mobilisée pour une solution rapide. La prompte mobilisation permet de découvrir la cause. Une évaluation est faite, puis l’électricité rétablie dans les zones qui ne sont pas directement touchées. Quant aux habitants de la partie concernée, il faut prendre son mal en patience, le temps du dépannage. Et pour le cas d’espèce, le dépannage se fait après constat de la police. Mais, selon le chef de service distribution Bobo, Joël Jean Pascal Zerbo, l’intervention de l’équipe ne prend pas du temps, une fois le travail de police terminé (quand nous quittions les lieux, la police était d’ailleurs sur place à la tache).
Aïssatou Barry, restauratrice sous cette ligne haute tension, a vécu l’incident. “C’était aux environs de 14h, j’étais avec mes clients. Soudain, j’ai vu la grue s’arrêter, nous avons entendu du bruit et les gens ont commencé à crier. Le feu s’est enclenché. On a tous fui. Le hangar de mon mari (une boutique jouxtant le restaurant) a pris feu et des marchandises sont gâtées. Heureusement, les agents de la SONABEL sont-là et ont pu écarter le danger”, décrit-elle.
A quelques pas de son étalage, le câble qui traîne a laissé un impact au sol en signe de violence, rappelant ainsi le danger à côtoyer ces installations de la SONABEL, comme elle ne cesse d’interpeller les populations.
En effet, fait constater l’équipe de dépannage, le couloir de ligne est occupé par des constructions, notamment des commerces. C’est d’ailleurs sous la ligne que les mécaniciens à la base de l’incident, ont élu domicile. Pourtant, explique M. Zerbo, “il n’est pas autorisé que quelqu’un s’installe dans ce couloir, pour sa propre sécurité. Il faut bien que les couloirs de ligne soient dégagés, c’est même un impératif. Sauf que ce n’est pas simple, de par le passé, nous avons essayé ; il y a eu par moment de la résistance, en tout cas, des situations qui ont fait que ça n’a pas abouti. Très souvent, la faute est due à nous-mêmes consommateurs. La ligne était là, ce sont les gens qui sont venus construire. Il y a trois ans, toutes ces constructions n’étaient pas là”.
Le chef de service distribution Bobo se félicite néanmoins que certaines personnes commencent à obtempérer au message. “Au niveau de la centrale de Bobo II par exemple, des débits de boissons et d’autres commerces installés près des lignes de la SONABEL ont pu être dégagés. Cela a permis de protéger les installations de la société, afin de lui permettre de jouer convenablement son rôle, surtout en cette période de canicule ”, présente-t-il.
La centrale Bobo II, environ 10% de la demande nationale
Ce sont environ 46 mégawatts qui sont actuellement produits par la Centrale thermique Bobo II, construite en 1987. Cette centrale compte à la fois donc, des machines qui datent de cette époque et une extension composée de matériel de nouvelles générations. “A ce jour, neuf machines y sont installées” ; confie le chef de service, Inoussa Traoré, entouré de ses proches collaborateurs.
Au niveau du poste de dispatching, où transite l’énergie pour transformation avant d’être conduite dans les quartiers, le même travail minutieux et en permanence est fait, à chaque maillon de la chaîne.
Selon le chef du département production thermique des agences commerciales, Félix Ouédraogo, la centrale Bobo II contribue actuellement à environ 10% de la demande au niveau du réseau national interconnecté. “Les équipes ont travaillé durement, dans des conditions assez difficiles, pour pouvoir remettre les groupes en service, notamment le groupe VI qui était en entretien de 36 000 heures (un entretien de grande envergure). Elles ont dû travailler jour et nuit, pour que le groupe puisse participer à la forte demande”, détaille M. Ouédraogo, soutenant que face à la forte demande, la SONABEL multiplie les initiatives.
Elles ont, entre autres, consisté en la réparation des machines qui étaient en arrêt, la maintenance, etc. A cela s’ajoutent les projets d’urgence que la SONABEL a initiés pour pouvoir augmenter l’offre, la faculté de production des centrales. C’est pourquoi réitère-t-il l’appel aux populations à éviter d’entamer les installations de la SONABEL. “Les incidents impactent non seulement la fourniture d’électricité, les centrales, mais aussi les équipements de production et de distribution. D’où l’appel à la prudence des populations à beaucoup faire attention lors des travaux de manutention, de fouilles. Cela y va également de leur propre sécurité”, appuie-t-il.
Selon le chargé de la division exploitation de la centrale Bobo II, Serges Ouédraogo, il faut cinq citernes de 45 000 litres par jour, soient 225 000 litres, (au HFO, si toutes les neuf machines sont en marche) pour faire fonctionner la centrale et fournir l’électricité aux populations.
L’on retient donc que, malgré les difficultés, la SONABEL est mobilisée. Le secteur demande beaucoup et de gros investissements, très coûteux. Heureusement, le gouvernement a pris la mesure de l’enjeu, en facilitant notamment les procédures d’acquisition de matériel.
O.L
Lefaso.net





