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Burkina/Projet Target Malaria : L’Agence nationale de biosécurité rassure de l’utilisation sécurisée des moustiques génétiquement modifiés

Publié le mardi 1er avril 2025 à 21h57min

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Burkina/Projet Target Malaria : L’Agence nationale de biosécurité rassure de l’utilisation sécurisée des moustiques génétiquement modifiés

L’Agence nationale de biosécurité (ANB) était en opération de charme ce jeudi 27 mars 2025 devant les membres de la délégation spéciale communale de Bobo-Dioulasso. Cette sortie a porté sur le projet Target Malaria qui, depuis longtemps, fait couler beaucoup d’encre et de salive. Devant les délégués, le secrétaire général de l’agence, Souleymane Tougma, a rassuré que l’institution suit de près le projet. « L’ANB tient à rassurer l’opinion publique nationale que toutes les mesures sont prises pour assurer une utilisation sécurisée des moustiques génétiquement modifiés », a-t-il rassuré.

Pendant longtemps décrié par des organisations de la société civile, le projet Target Malaria suit son bonhomme de chemin. Ce, grâce à l’accompagnement des autorités du pays et des acteurs du monde scientifique. Ce projet, dont l’importance n’est plus à démontrer, est un consortium de recherche à but non-lucratif qui vise à développer des technologies génétiques nouvelles durables, visant à modifier les moustiques et à réduire la transmission du paludisme.

L’idée du projet est que les moustiques génétiquement modifiés sont proposés comme solution aux problèmes de santé publique, notamment le paludisme. Ainsi, la stratégie proposée consiste à lutter contre les vecteurs pour réduire ou supprimer les populations de moustiques. Au regard de l’importance de ce projet, des acteurs ne cessent de mettre en œuvre des stratégies pour avoir l’adhésion des Burkinabè. Ce projet, faut-il le rappeler, est suivi de bout en bout par l’Agence nationale de biosécurité (ANB), autorité nationale compétente en matière de biosécurité au Burkina.

Le secrétaire général de l’ANB, Souleymane Tougma, a rappelé que la question des moustiques génétiquement modifiés est sensible.

À l’occasion de la tenue de la première session ordinaire de la délégation spéciale communale de Bobo-Dioulasso, une équipe de l’ANB et de la direction régionale de l’Ouest de l’Institut de recherche en sciences de la santé (IRSS) était conviée pour parler des mesures de biosécurité prises dans le cadre du projet Target Malaria aux membres délégués.

L’assemblée a pu découvrir les résultats de l’évaluation des risques des différentes étapes du projet, ainsi que les mesures de gestion des risques des différentes étapes du dossier. Il a été également présenté aux participants, une synthèse du rapport de consultation du public. À en croire l’équipe de l’ANB, c’est au regard des controverses liées à la mise en œuvre du projet Target Malaria au Burkina, que les premiers responsables de l’agence se sont donné pour devoir d’apporter « l’information juste » sur les mesures de biosécurité prises dans le cadre du projet.

L’Agence nationale de biosécurité a rassuré les délégués de l’utilisation sécurisée des moustiques génétiquement modifiés.

Contrôler toute activité liée à l’utilisation des OGM

De la présentation faite aux délégués, il ressort que l’Agence nationale de biosécurité a été créée en 2005 en tant qu’autorité nationale compétente en matière de biosécurité au Burkina Faso. En tant qu’organe de régulation et de recherche en biosécurité, l’ANB a pour rôle de prévenir et de juguler les risques inhérents à l’utilisation, à la dissémination et aux mouvements transfrontaliers des Organismes génétiquement modifiés (OGM) susceptibles d’avoir des effets néfastes sur la santé humaine et animale, sur l’environnement et qui affectent la conservation et l’utilisation durable de la diversité biologique au Burkina Faso. C’est donc à ce titre que l’ANB se doit de contrôler toute activité liée à l’utilisation des OGM à l’échelle nationale. C’est dans ce sens qu’elle encadre les activités du projet Target Malaria pour s’assurer du respect strict des mesures de biosécurité.

Le secrétaire général de l’ANB, Souleymane Tougma, a rappelé que la question des moustiques génétiquement modifiés est sensible, et « nécessite qu’on communique davantage pour que la population s’en imprègne et qu’elle s’implique dans le processus. » Il a fait savoir que l’ANB est composée d’instances qui suivent et évaluent tout ce qui est risque lié à l’utilisation des OGM. « Donc lorsque nous avons reçu le dossier du projet pour développer ces moustiques génétiquement modifiés, nous avons mis en branle ces instances qui sont des experts indépendants qui évaluent et qui donnent des recommandations et des avis pour permettre à la structure de prendre des décisions. Comme ce sont des scientifiques, ils évaluent en tenant compte de la science, des textes que nous avons ici et même tout ce qui est comme tendance internationale en matière de science. Donc les décisions que nous prenons, c’est en notre âme et conscience », a insisté Souleymane Tougma.

Mathurin Rouamba, directeur de l’évaluation et du contrôle à l’ANB, a affirmé qu’au-delà des délégués, les communications sont adressées à toute la population de Bobo-Dioulasso.

Avant de poursuivre : « Si toutefois il y a des risques, des mesures de gestion sont mises en place par le projet qui sont suivies rigoureusement. Nous sommes une structure étatique qui est là pour la population. Nous ne pouvons pas prendre de dispositions qui vont à l’encontre de la population, qui peuvent causer des dommages à la population. Donc nous rassurons la population que nous sommes là, nous jouons notre rôle, nous suivons le processus jusqu’au bout. S’il y a des soucis, nous allons aviser et si possible arrêter le projet. Target Malaria n’a pas de dommage ni pour les humains, ni pour les animaux, et même pour la préservation de l’environnement ».

Mouniratou Rabo est la directrice en charge de la réglementation des inspections et du contentieux à l’ANB. Elle a relevé que plusieurs actions sont entreprises par l’ANB pour suivre le projet de moustiques génétiquement modifiés. « Lorsque vous suivez le dossier, vous verrez qu’on part d’abord du laboratoire. C’est-à-dire qu’on n’introduit pas un OGM au Burkina comme au marché. Nous allons nous assurer d’abord au labo pour voir s’il n’y a pas de risques ; et c’est après cette étape que nous passons à la dissémination contrôlée. Pour ce cas, le lâché a eu lieu dans le village de Bana (situé dans l’arrondissement N°7 de Bobo) et des mesures de gestion ont été mises en place pour minimiser que les moustiques génétiquement modifiés se retrouvent hors du village de Bana », a-t-elle laissé entendre.

Mouniratou Rabo est la directrice en charge de la réglementation des inspections et du contentieux à l’ANB.

Les communications ont été présentées par Mathurin Rouamba, directeur de l’évaluation et du contrôle à l’ANB. Il a affirmé qu’au-delà des délégués, les communications étaient adressées à toute la population de Bobo-Dioulasso, pour les rassurer du bien-fondé dudit projet. Lors des échanges, les membres de la délégation spéciale communale ont plus déploré le manque de communication de l’agence, notamment sur Target Malaria, pendant la période de la flambée de la dengue. Ils invitent donc l’ANB à redoubler d’effort en matière de communication autour du projet, pour mieux sensibiliser.

Tout en rassurant l’assistance que l’ANB communique très souvent, Mathurin Rouamba dit avoir pris note et rassure que l’ANB fera plus d’effort pour accentuer sa communication.

Romuald Dofini
Lefaso.net

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