Burkina : L’Unité d’action syndicale rend compte de sa rencontre avec le gouvernement et appelle les travailleurs au resserrement des rangs

Les centrales syndicales et syndicats autonomes membres de l’Unité d’action syndicale (UAS) ont convié leurs militants et travailleurs de Ouagadougou et environs, à une assemblée générale. Cette instance, qui a eu lieu dans la soirée du jeudi 6 mars 2025 à la Bourse du travail de Ouagadougou, visait à rendre compte à leurs bases des résultats de la rencontre gouvernement/syndicats de 2025, des leçons tirées et des perspectives qui s’y dégagent.
Face aux militants de leurs syndicats, aux travailleurs, massivement mobilisés, les responsables ont d’abord situé le contexte, expliqué ensuite le contenu des travaux et enfin tiré des leçons et dégagé les perspectives.
Selon les syndicats, les travaux ont démarré par une présentation des engagements pris par le gouvernement lors des rencontres gouvernement/syndicats de 2015, 2016 et 2021. Engagements sur lesquels l’UAS avait porté des appréciations et formulé des questions qu’elle avait transmises par écrit au Premier ministre, mais qui n’ont pas été exploitées par la partie gouvernementale. « Sur les réponses données au cahier de doléances de 2022, l’UAS a présenté ses différentes appréciations. Sur sept des 31 points, le gouvernement a consenti à prendre des engagements, mais sans indiquer une échéance, malgré l’insistance de l’UAS », ont confié les leaders syndicaux.
Ces engagements sont relatifs à la ratification des conventions 181 et 189 de l’OIT (Organisation internationale du travail), respectivement sur les agences d’emploi privées et le travail domestique (le gouvernement s’engage à poursuivre le processus de ratification des deux conventions) ; à la finalisation et à l’adoption du projet de loi portant Code du travail (le gouvernement s’engage à faire adopter le projet de loi à ce sujet) ; en ce qui concerne la mise en œuvre du « check-off » (le gouvernement s’engage à transmettre le formulaire-type de demande de cession volontaire de salaire aux organisations syndicales).
Il s’agit en outre de la relecture de la loi N° 033-2008/AN du 22 mai 2008 portant régime juridique applicable aux emplois et agents des EPE (le gouvernement s’engage à poursuivre le processus de son adoption) ; du reversement des chauffeurs de catégorie D (classement indiciaire) sur lequel le gouvernement s’engage à examiner la question lors de la relecture du répertoire interministériel des métiers de l’État (RIME) et des statuts particuliers. Il s’agit en outre de la relecture de la loi N° 064-2015/CNT du 20 octobre 2015 portant liberté d’association (le gouvernement s’engage à faire adopter le projet de loi) et de faciliter la convocation de la commission mixte paritaire des négociations salariales en vue de répercuter l’augmentation du SMIG sur les différentes grilles salariales du privé.
En divers, ajoutent-ils, l’UAS a expliqué les neuf points qu’elle avait annoncés. Ils portent sur les insuffisances du dialogue social, marquées notamment par de nombreuses correspondances de l’UAS restées sans suite et des prises de mesures sans concertation avec l’UAS ; le licenciement du secrétaire général de la CGT-B (Confédération générale du travail du Burkina), Moussa Diallo ; les conditions de retour des travailleurs dans les zones à fort défi sécuritaire ; la suspension sans explication de la délivrance des récépissés des syndicats ; l’opérationnalisation de l’AMU sans considération des observations de l’UAS. À la liste s’ajoutent la vie chère et la baisse du pouvoir d’achat des travailleurs ; la nouvelle grille salariale des travailleurs des sociétés d’État et des établissements publics de prévoyance sociale adoptée sans aucune concertation avec les syndicats des travailleurs ; l’effectivité de l’article 90 de la loi 081 relatif à l’avancement de classe et à la revalorisation de la pension des travailleurs retraités (CARFO, CNSS).
« Hormis quelques commentaires sur certains des points, comme l’opérationnalisation de l’AMU, la suspension de la délivrance de récépissés ou la violation du décret soumettant la nomination des directeurs généraux des sociétés d’État et des EPE à un appel à candidatures, le gouvernement s’est contenté de prendre acte de l’énonciation de ces préoccupations et d’inviter l’UAS à les inscrire dans le cahier de doléances du 1ᵉʳ mai 2025. Le communiqué final énonce sept engagements, mais sans indiquer d’échéance. À noter que la rédaction du communiqué final a donné lieu à une forte polémique. Celle-ci a résulté de la non-évocation dans le projet élaboré par la partie gouvernementale des préoccupations soulevées par l’UAS aussi bien dans le discours prononcé par notre porte-parole lors de la cérémonie d’ouverture que dans les points de divers. Le gouvernement s’est opposé à la retranscription de deux des neuf points des divers : il s’agit du point concernant le licenciement du secrétaire général de la CGT-B et de celui relatif à la nouvelle grille salariale et indemnitaire dans les sociétés d’État et les EPPS.
À l’issue de longues heures de débats et de deux suspensions, le gouvernement a concédé l’inscription de tous les neuf points de divers, ainsi qu’il suit : les insuffisances du dialogue social marquées notamment par de nombreuses correspondances de l’UAS restées sans suite et des prises de mesures sans concertation avec l’UAS ; la situation du secrétaire général de la CGT-B ; les conditions de retour des travailleurs dans les zones à fort défi sécuritaire ; la suspension sans explication de la délivrance des récépissés des syndicats ; l’opérationnalisation de l’Assurance maladie universelle (AMU) sans considération des observations de l’UAS ; la vie chère et la baisse du pouvoir d’achat des travailleurs ; la nouvelle grille salariale des travailleurs des sociétés d’Etat et des établissements publics de prévoyance sociale adoptée sans aucune concertation avec les syndicats des travailleurs ; l’effectivité de l’article 90 du statut général de la Fonction publique d’État relatif à l’avancement de la classe ; la revalorisation de la pension des travailleurs retraités (CARFO, CNSS), ont-ils fait ressortir.
Comme leçons, l’UAS retient que visiblement, le gouvernement n’est pas venu à la rencontre avec une réelle volonté de discuter des préoccupations soumises par les organisations syndicales. Pourtant, soulignent les responsables, l’UAS nourrissait l’espoir d’avoir des échanges fructueux sur les préoccupations qu’elle avait soumises dans ses correspondances de décembre 2024 et de février 2025.
Les secrétaires généraux ont, et outre cette instance du jour, dégagé des perspectives qui consistent à dupliquer l’assemblée générale dans les régions ; reconduire dans la plateforme du 1ᵉʳ mai 2025 les points non satisfaits de la plateforme de 2022 ainsi que les nouvelles préoccupations soumises à la rencontre ; œuvrer à susciter une forte adhésion des travailleurs à cette plateforme à l’occasion de la commémoration du 1ᵉʳ mai 2025 ; inviter à la tenue d’assemblées générales unitaires similaires au niveau des secteurs d’activités.

Au cours de cette assemblée générale, les participants sont revenus sur plusieurs points exposés par les responsables syndicaux ou soulevé d’autres préoccupations. Il s’agit entre autres du dossier de licenciement du secrétaire général de la CGT-B, de l’assurance maladie universelle, de la question de la vie chère, des retenues sur les salaires, de l’adoption du nouveau Code du travail, des atteintes aux libertés, de la « remise à plat » des salaires avec le cas de la baisse de salaire au ministère de la Santé.
O.L.
Lefaso.net