Burkina : L’AJDPE exhorte chaque personne à faire de la protection de l’environnement et de son cadre de vie, un réflexe quotidien

Structure de jeunesse basée dans la région du Nord, précisément dans la province du Yatenga, l’Association des jeunes pour le développement et la protection de l’environnement (AJDPE) s’est donnée pour principale mission de travailler sur les questions liées à la protection de l’environnement et du cadre de vie. Information, formation, sensibilisation, plaidoyer, reboisement et mise en place de bosquets, promotion de l’agriculture biologique sont, entre autres, actions-phares de l’association. Dans cette interview, le coordonnateur, Aboubakar Ouédraogo, décline la vision de l’AJDPE et encourage les populations aux réflexes de protection et promotion de l’environnement et du cadre de vie.
Lefaso.net : Dites-nous qu’est-ce qui vous a poussé à créer l’Association des jeunes pour le développement et la protection de l’environnement (AJDPE), ses objectifs et qui sont ses animateurs ?
Aboubakar Ouédraogo : C’est une lapalissade de dire que notre pays subit de plein fouet, les effets néfastes des changements climatiques et l’avancée significative du désert. Du cadre de vie aux activités de subsistance et économiques, l’impact se ressent à tous les niveaux ; montée de la canicule, inondations, insuffisance ou mauvaise répartition des pluies, faibles productions, etc. Face à une telle situation, se raviser pour protéger l’environnement devient une obligation. Ce d’autant que la région du Nord a toujours, à travers des devanciers, su démontrer qu’elle peut inverser la tendance. L’environnement, c’est notre cadre de vie, c’est notre richesse, c’est notre bien-être ; il faut vaille que vaille le protéger, et chacun peut, à son niveau, poser des actes dans ce sens, ne serait qu’en évitant de s’adonner à certains gestes de pollution de notre cadre de vie et de l’air. Voilà pourquoi, dans sa mission, notre association intègre le combat contre l’insalubrité grandissante dans nos communes. L’insalubrité est un aspect qui joue négativement sur la vie de nos populations, à travers surtout les maladies qu’elle favorise.
C’est tout cela que l’association, l’AJDPE, a inscrit autour des objectifs de promotion d’un développement durable et inclusif au Burkina Faso. Cela se fait en œuvrant à favoriser l’intégration socio-économique des jeunes et des femmes, en encourageant des pratiques respectueuses de l’environnement et en impliquant les communautés dans la construction d’un avenir harmonieux et prospère. Pour y parvenir, nous mobilisons permanemment les populations, notamment la jeunesse, autour des enjeux climatiques, en rapport avec l’agriculture, car avec l’élevage, l’agriculture constitue les principales activités des populations. Nous informons, sensibilisons, formons donc, notamment sur l’agriculture biologique. Nous menons également des plaidoyers dans ce cadre.
L’AJDPE a pour membres, principalement des jeunes issus de tous les secteurs d’activités.
En fin décembre, vous avez tenu une assemblée générale de l’association, pour dresser le bilan de l’année 2024 et annoncer ce qui est prévu pour 2025. Pouvez-vous partager les conclusions de cette instance statutaire, surtout dans ses bilans et perspective 2025 ?
Effectivement, en fin décembre 2024, nous avons tenu une assemblée générale. Il s’est agi pour nous, de dresser le bilan des activités que nous avons menées au cours de l’année et, partant, fixer le cap pour l’année 2025. De cette instance, il est ressorti que de nombreux acquis ont été engrangés, malgré la rareté des ressources financières et le contexte d’insécurité qui ont beaucoup impacté négativement. L’AJDPE a fait des reboisements, elle a sensibilisé les populations, mené des formations, donné des informations nécessaires à leurs prises de décisions pour minimiser les effets des changements climatiques et pour un cadre de vie sain.
Comme perspectives 2025, l’AJDPE compte intensifier ses actions. Pour cela, elle va, entre autres, renforcer son partenariat avec d’autres structures qui poursuivent les mêmes objectifs, car, comme on le dit : “l’union fait la force”. De nombreuses associations mènent le même combat dans la localité, on peut mieux avancer et constituer une force, si on conjugue les efforts autour de certaines initiatives et actions majeures. Chacune peut garder son autonomie, mais on pourrait ensemble définir un minimum de points communs d’envergure, pour plus d’impact rapide sur le terrain.

La dénomination de l’association fait dire que vous faites à la fois des actions de “protection de l’environnement et de développement”, ce qui est bien vaste. Quels types d’activités menez-vous sur le terrain pour pouvoir atteindre les objectifs que vous poursuivez ?
C’est vrai, la dénomination de la structure montre que nous ne nous limitons pas à la protection de l’environnement, on s’étend également au volet développement. Nous pensons que c’est d’ailleurs dans l’ordre normal des choses ; si on ne protège pas notre environnement, on ne pourra pas parler de développement. Les effets néfastes des changements climatiques jouent sur les activités des populations, y compris celles économiques. A cela, s’ajoute le fait qu’un environnement et un cadre de vie desquels on ne prend pas soin constituent une source de maladies et de divers désagréments pour les populations. Donc, on ne peut pas parler de développement sans environnement ou du moins, si notre environnement se porte bien, c’est déjà un bon point de développement.
Pour parler des types d’activités que l’AJDPE mène, on peut citer entre autres, la plantation et l’entretien d’arbres, l’implantation des bosquets, l’information, les formations, sensibilisations des populations sur ces questions, les actions de plaidoyer auprès des structures compétentes, qu’elles soient publiques que privées.
Nous menons et formons également sur les Activités génératrices de revenus (AGR) en faveur des femmes et des jeunes, afin de lutter contre le chômage et promouvoir l’entreprenariat. De même, nous faisons de l’agro-écologie, pour montrer et promouvoir le métier de l’agriculture bio dans notre pays.
D’où tirez-vous les ressources pour le fonctionnement de l’association et mener toutes ces activités ?
L’AJDPE tire ses ressources principalement de la contribution de ses membres, de l’accompagnement de bonnes volontés et des partenaires techniques et financiers. Aussi, grâce à ABF (Association burkinabè de fundraising), dont l’action est de promouvoir le développement endogène, l’AJDPE parvient à mobiliser des ressources locales pour ses activités. ABF a coaché beaucoup d’associations ici, qui ont par-là trouver leur voie pour mener les activités sans forcement attendre l’aide extérieure.
Est-ce que la lutte contre les changements climatiques ou pour la protection de l’environnement concerne toute personne ? Si oui, comment chaque individu de la société peut ou doit-il y contribuer ?
Oui, c’est une lutte à la fois individuelle et collective. Quand vous prenez l’AJDPE par exemple, vous verrez qu’en dehors des actions qu’on mène dans le cadre de ses missions, chaque membre est un militant et défenseur de l‘environnement dans son milieu.
Aussi, on peut dire que les populations ont de plus en plus conscience des effets néfastes des changements climatiques, car elles suivent les informations y relatives et en tiennent compte dans leurs activités. Cependant, beaucoup reste à faire ; il faut que les actions soient plus accentuées et d’envergure, pour plus de résultats sur le terrain et pour le bonheur de tout le monde. Il faut que les gens apprennent à planter des arbres, que ce soit un réflexe. Planter un arbre dans son cadre de vie et l’entretenir est quelque chose de merveilleux que chacun doit poser ; l’environnement, c’est la vie, ce sont des conditions de vie agréables. Ça ne coûte vraiment pas de planter des arbres. C’est vraiment ce à quoi nous encourageons également les populations. Il y a des endroits ici dans le désert, quand vous y arrivez, vous trouverez un micro climat, il fait bon vivre, ça sort de l’ordinaire et ça rompt d’avec ce qu’on vit d’habitude. Tout cela est dû au fait que des gens ont accepté les conseils en la matière, et aujourd’hui ils sont heureux. C’est tout cela qui nous rend aussi fiers ; les gens commencent à adopter des comportements tels que nous les prônons.
Donc, pour me résumer, je dirai que la lutte contre les changements climatiques est une affaire de tous, et nous devons nous donner la main pour y faire face, en plantant beaucoup d’arbres et en évitant les émissions de gaz à effets de serre qui polluent l’environnement. Il faut aussi encourager et promouvoir l’adoption des énergies renouvelables.
Quelles sont les difficultés que vous rencontrées dans le fonctionnement de l’AJDPE, en lien avec ses missions ?
Nous rencontrons plusieurs difficultés, telles que le manque de moyens de déplacement pour faciliter nos déplacements sur le terrain, l’insuffisance de moyens financiers pour la réalisation de certaines activités et l’insuffisance de formation dans certains domaines. Mais tout cela n’entame en rien le dévouement des membres de l’AJPDE, dont les activités s’étendent sur toute l’année. Je peux d’ores et déjà annoncer que l’association, AJDPE, est en train de préparer un grand forum en juillet à Ouahigouya, sur les questions de l’environnement et de protection de l’environnement. Nous reviendrons certainement en long et en large sur cette importante activité, si vous nous donnez l’occasion, pour en parler dans les moindre détails.
En attendant..., les mots de conclusion pour cet entretien vous reviennent !
C’est un message aux potentiels partenaires, d’ici et d’ailleurs, dans le cadre des activités de l’AJDPE ou pour une des actions qu’ils leur plairaient d’accompagner. Nous sommes ouverts aux échanges sur ces questions, le but ultime étant de protéger l’environnement et, partant, accompagner le développement. Pour le cas particulier du forum, dont je parlais tantôt, j’exhorte les partenaires à s’y associer, car c’est un rendez-vous capital, avec plusieurs enjeux, notamment dans ce contexte national de défi.
Je profite également de votre espace pour adresser mes vifs félicitations et encouragements aux plus hautes autorités de ce pays, avec à leur tête, le président du Faso, Son excellence le capitaine Ibrahim Traoré, pour sa vision et sa détermination à inverser la tendance, dans le seul but de faire le bonheur de son peuple et des peuples africains en général. Ses actions sont venues nous conforter dans notre élan qu’on était sur le bon chemin, car les actions et les démarches de l’AJDPE sont de parvenir à la souveraineté, recouvrer l’intégrité et la dignité qui caractérisaient le Burkinabè.
Je suis également reconnaissant aux services de l’Etat ici au plan local, qui accompagnent l’AJDPE dans ses initiatives, ainsi que les structures privées, et même des particuliers, qui sont à nos côtés.
Nous ne saurons terminer sans sincèrement remercier Lefaso.net pour l’opportunité offerte à travers cette interview pour faire connaître l’Association des jeunes pour le développement et la protection de l’environnement (AJDPE : 55 08 78 51/associationajdpe@yaho.com), ses actions et ambitions, sa vision, ses perspectives. Merci à toute son équipe pour l’énorme travail qu’elle abat chaque jour, c’est un média duquel je ne me déconnecte jamais.
Que la paix revienne le plus tôt possible dans toutes les contrées du pays, Dieu bénisse le Burkina Faso !
Entretien réalisé par O.L
Lefaso.net