LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “On ne tombe pas dans un piège les yeux ouverts.” Ferdinand Oyono

Burkina/Cinéma : « Mon rôle sur un plateau est d’être la mémoire du film », indique Aoua Koussoubé/Ouédraogo, scripte

Publié le vendredi 28 février 2025 à 22h40min

PARTAGER :                          
Burkina/Cinéma : « Mon rôle sur un plateau est d’être la mémoire du film », indique Aoua Koussoubé/Ouédraogo, scripte

Dans l’univers du cinéma, certains métiers sont souvent invisibles mais pourtant essentiels. Celui exercé par Aoua Koussoubé/Ouédraogo en fait partie. Avec 15 ans d’expérience en tant que scripte, elle joue un rôle très important sur les plateaux de tournage. Sa mission  ? Être la mémoire vivante du film, veillant à la continuité et à la cohérence de chaque scène. Passionnée, elle assure un suivi minutieux des prises de vue et des détails techniques pour garantir une parfaite fluidité au montage. Aoua Koussoubé nous plonge dans les coulisses de ce métier exigeant, où patience et dévouement sont les maîtres mots.

Aoua Koussoubé a choisi ce métier pour l’engagement et la rigueur qu’il demande et s’y est consacrée après avoir suivi une formation de deux ans à l’ENAM. Après son diplôme, son apprentissage s’est fait sur le terrain, en côtoyant des professionnels comme Adjaratou Lompo, Motandi Woba ou Kodini Sanou.

Le rôle de dame Koussoubé est crucial ! A l’entendre, elle est la mémoire du film. C’est elle qui veille à la cohérence des scènes, prenant des notes précises sur chaque détail, de la position des acteurs à l’éclairage, en passant par les prises de vue. Elle est également responsable de la rédaction d’un rapport de montage, un outil précieux pour les monteurs. Ce document recense non seulement les informations techniques (comme les types de plans, la caméra utilisée et les prises réussies), mais aussi des observations minutieuses sur le déroulement de chaque scène.

« Mon rôle sur un plateau est d’être la mémoire du film. Cela signifie que je dois veiller à la continuité et à la cohérence du tournage du début à la fin. Pour aider le monteur, je dois également fournir un rapport de montage qui contient toutes les informations sur le tournage, tels que le nom de la production, le réalisateur, le chef opérateur, le caméraman, le type de caméra. Chaque séquence doit être répertoriée avec des indications précises, (jour ou nuit, intérieur ou extérieur). Pour chaque plan, je mentionne les numéros et les prises réalisées, en notant celle qui est satisfaisante. J’indique également la valeur du plan, qu’il s’agisse d’un plan d’ensemble, demi-plan, gros plan et le minutage de la prise. Enfin, un résumé des observations sur la prise est ajouté pour aider au montage. Tout cela est consigné dans un rapport de montage pour le monteur et un autre rapport pour le producteur afin qu’il puisse suivre le déroulement du tournage », a-t-elle expliqué.

Pour elle, tout compte : l’ambiance sonore, les décors, les dialogues, tout doit être aligné pour garantir un résultat final parfait.

Aoua Koussoubé entourée de quelques membres de l’équipe technique

Son quotidien sur un plateau de tournage est loin d’être facile. Le métier de scripte exige une vigilance constante et une capacité à collaborer étroitement avec toute l’équipe du film, du caméraman aux maquilleurs, en passant par les ingénieurs du son et les acteurs. Malgré les longues journées de travail, parfois au détriment de sa vie de famille, Aoua Koussoubé n’a jamais cessé d’aimer ce qu’elle fait.

« Lorsque j’ai commencé avec madame Lompo, je me suis parfois demandée si ce métier était vraiment fait pour moi, parce qu’il demande attention et patience. Mais en voyant mon parcours, j’ai réalisé que c’était ma passion et que je pouvais m’y consacrer pleinement. Le métier de scripte n’est pas facile, surtout avec une vie de famille. On doit souvent faire des sacrifices en termes de temps et d’énergie, mais l’amour pour ce travail fait la différence. Il y a des jours où je quitte la maison tôt le matin et rentre tard le soir, parfois sans voir mes enfants sur plus de deux jours. Mais c’est ainsi, on s’engage dans le tournage à fond », confie dame Koussoubé.

Alors que certains pensent que la technologie pourrait diminuer le besoin de scriptes, elle rappelle avec force que rien ne remplace l’œil humain lorsqu’il s’agit de détecter des incohérences ou de garantir la fluidité du film.

« Le rôle de la scripte est indispensable. Même avec l’avènement du numérique, il reste essentiel. Beaucoup pensent que la technologie rend ce travail moins nécessaire, mais quand des problèmes surviennent, on se rend compte de l’importance de la scripte pour assurer la cohérence du film », pense-t-elle.

Comme dans toute activité, les difficultés ne manquent pas. Mais de son côté, l’amour de son travail la réconforte à faire avec. « Dans n’importe quel métier, une femme rencontre souvent des difficultés simplement parce qu’elle est femme. Il peut arriver qu’elle se retrouve entourée principalement d’hommes, ce qui peut créer des situations variées. Certains collègues vont la respecter, tandis que d’autres pourraient la sous-estimer. Cela fait partie des défis du travail. Il arrive aussi qu’on travaille avec des personnes plus jeunes, parfois même le réalisateur peut être un jeune homme, un petit frère. Et même s’il arrive qu’il te crie dessus, on se dit que c’est le métier qui demande cela et on fait avec. Quand on aime son travail, on accepte toutes les difficultés qui viennent avec », lance-t-elle.

Pour ceux qui souhaitent suivre ses traces, elle insiste sur l’importance de la passion, de la patience et d’un sens aigu du détail. Car, comme elle le dit, le métier de scripte est un véritable travail de fourmi, où chaque instant passé sur un plateau de tournage est important dans la création d’une œuvre aboutie.

Hanifa Koussoubé
Lefaso.net

PARTAGER :                              

Un message, un commentaire ?

modération a priori

Ce forum est modéré a priori : votre contribution n’apparaîtra qu’après avoir été validée par les responsables.

Qui êtes-vous ?
Votre message

Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.

 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique
FESPACO 2025 : A la rencontre de Gifty Mawuena, costumière
FESPACO 2025 : L’année de triomphe du Burkina Faso
FESPACO 2025 : Les festivaliers satisfaits de la 29e édition
Quizz : Que savent les festivaliers sur le FESPACO ?