FESPACO 2025 : « Foulsaré », 16 minutes pour illustrer un face-à-face intense dans la guerre contre le terrorisme au Burkina
Le mercredi 26 février à 14h, la salle du Ciné Burkina a accueilli la deuxième projection de « Foulsaré », du réalisateur burkinabè Ismaël Compaoré. En compétition officielle dans la catégorie court-métrage au FESPACO 2025, le film de 16 minutes, plonge le public dans une confrontation psychologique tendue, inspirée du contexte sécuritaire qui bouleverse le Burkina Faso depuis près d’une décennie.
"Foulsaré" commence par la scène d’un soldat sur une barque à moteur se dirigeant vers une base militaire. Très vite, on l’aperçoit entrer dans une cellule mal éclairée où est menotté un homme pieds nus avec une balafre fraiche à la joue gauche. Cagoulé, Bouba des forces spéciales installe une caméra en face de la grille. Puis commence un dialogue entre lui et le détenu. Ce détenu est un combattant d’Ansarul Islam appréhendé suite à une opération militaire conjointe menée dans la forêt de Foulsaré, à la frontière entre le Burkina Faso et le Mali. Les échanges sont tendus, l’atmosphère également. Très vite énervé par le terroriste, le soldat sort prendre de l’air avant de revenir plus serein pour son interrogatoire. Le militaire cherche à arracher des informations, tandis que le terroriste livre sa vision du conflit qui embrase la région. Le bras de fer se poursuit jusqu’au moment où le soldat des forces spéciales éteint toutes les caméras de l’interrogatoire. Puis le court métrage se referme par cette phrase du terroriste : « Tout ce que je sais, c’est que je suis comme toi, un simple combattant ».
« J’ai voulu partager des vibrations, un imaginaire. Chacun y trouvera forcément un message », confie Ismaël Compaoré. Refusant de dicter une lecture unique, il laisse au spectateur la liberté de tirer ses propres conclusions de ce dialogue à la fois brutal et humain. L’idée du film est née en 2017, lorsque le réalisateur entend pour la première fois le nom Foulsaré, à la suite de l’opération Panga menée par les armées burkinabè, malienne et française après l’attaque de Nassoumbou en 2016. Fasciné par ce « poumon vert au cœur du Sahel », Ismaël Compaoré a mené des recherches approfondies et visité la zone pour nourrir son scénario. Le tournage s’est finalement déroulé en 2023, et c’est en 2025 que le film voit officiellement le jour sur grand écran.
Un espoir de reconnaissance au FESPACO
Présenter son film au FESPACO, qui plus est sur sa terre natale, était un rêve pour le jeune réalisateur. « La première des choses, c’est que le film soit bien accueilli par le public. Et puis, on espère être dans le palmarès officiel », a-t-il exprimé avec humilité au sortir de la deuxième projection au ciné Burkina. La projection a été suivie d’échanges nourris avec le public, visiblement touché par cette œuvre poignante qui questionne les racines de la violence et la complexité des trajectoires humaines. Avec Foulsaré, Ismaël Compaoré ne se contente pas de raconter un bout de l’histoire du Burkina Faso mais il met en lumière les dilemmes profonds qui hantent une nation en quête de paix.
Farida Thiombiano
Lefaso.net



