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Le groupe d’amitié France-Burkina Faso (2)

Publié le vendredi 5 mai 2006 à 08h13min

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"Chef d’entreprise, marié, deux enfants", Gérard Hamel est député RPR (puis UMP) d’Eure-et-Loir depuis 1993 et maire de Dreux depuis 1995. A quatre reprises, il s’est imposé face au Front national et, notamment, son égérie, Marie-France Stirbois.

Homme politique atypique, certes, mais homme politique malgré tout, le voilà qu’il va devoir abandonner le monde de l’entreprise.

Son premier mandat va changer sa vie. Totalement. "J’ai eu, tout d’abord, un moment de
panique. Je quittais un univers que je connaissais bien et que je maîtrisais pour une nouvelle carrière qui est quelque peu ingérable. La politique, c’est un CDD !".

Son entreprise, qui
emploie environ 80 salariés, Dreux Bâtiment, va se voir exclure, du même coup, des marchés publics. Il va, devoir s’en dégager. Sans jamais perdre de vue que c’est l’entreprise qui lui a permis d’être le politique qu’il est devenu. Et il entend renvoyer l’ascenseur. "J’ai vécu une
aventure professionnelle extraordinaire, me dit-il. Je vis, désormais, une autre aventure tout autant extraordinaire. Grâce à la politique, je lisse un réseau relationnel exceptionnel dont ma ville, Dreux, doit pleinement profiter".

Carré, équilibré, pas idéologue pour deux sous, Hamel se veut, avant tout, un homme de terrain et un chef d’équipe, pragmatique et consensuel. "Je ne suis pas un homme qui aime les
situations conflictuelles ; je suis toujours à la recherche de la meilleure solution même si cette meilleure solution passe, également, par des élus qui ne sont pas membres de mon parti ".

Bien
ancré dans sa ville, il est bien ancré, également, dans l’ensemble de l’agglomération et sa circonscription. Ses victoires politiques ont permis d’apaiser la situation sociale à Dreux et dans la région. Il s’attache à faire de sa ville un exemple, au plan national, de développement et de croissance en motivant toutes ses équipes : à l’Assemblée nationale, à la mairie, à l’ UMP dont il
ne cesse d’élargir et de structurer la base militante. "J’ai une culture de chef d’entreprise. Je suis
un laborieux qui bosse beaucoup. Je privilègie plutôt le bon sens que la connaissance. J’ai des ambitions pour ma ville et pour ma circonscription. Pour le reste, j’ai d’ores et déjà assez de
responsabilités [il est également président de l’Association des maires d’Eure-et-Loir et président de la Communauté d’agglomération] pour ne pas chercher à en assumer de nouvelles ".

Dreux n’est plus seulement le symbole de la résistance au Front national (Jacques Chirac, entre les deux tours de la présidentielle 2002, y a fait une visite remarquée et commentée). La ville (et tout le Drouais) s’engage dans une nouvelle démarche politique, économique et sociale. L’équipe municipale ne manque pas de rappeler que la ville est un pôle majeur d’industrie pharmaceutique et qu’elle est le premier producteur européen de tubes de télévision (grâce à l’implantation de Philips).

L’expérience menée par Hamel et son équipe vient de faire l’objet d’un ouvrage édité par la ville. Dreux ? Un Projet pour la Ville est bien plus qu’un outil de promotion pour l’équipe dirigeante et son député-maire, c’est une réflexion sur ce que doit être la gestion des hommes et des femmes dans cette "ville implantée à la campagne", réflexion qui vise l’exemplarité

Il y a, à Dreux, une forte communauté d’origine marocaine. Pas loin de 6.500 membres dans l’ensemble de l’agglomération drouaise. Tout naturellement, quand il a pris place à l’Assemblée nationale, Gérard Hamel a rejoint le groupe d’amitié France-Maroc. Il en est, aujoud’hui, vice-président (la présidence de ce groupe d’amitié est toujours l’objet d’une très forte concurrence : le royaume chérifien fascine les députés français).

Mais il est parvenu à obtenir la présidence du groupe d’amitié France-Burkina Faso. Il n’y a rien d’étonnant à cela. Depuis plus de trente ans, la ville de Dreux est iumelée avec la ville de Koudougou et, étant maire de la ville, Hamel a eu, à plusieurs reprises, l’occasion de se rendre au Burkina Faso. Il y a, récemment, organisé un séminaire à destination de l’Assemblée nationale sur les modes d’organisation des oppositions. Il y a, à l’automne dernier, accompagné le ministre délégué à l’enseignement scolaire, Xavier Darcos, à l’occasion d’une rencontre francophone.

Ayant découvert le Burkina Faso quelque peu par la force des choses, Hamel s’est pris de passion pour ce pays sahélien et, tout particulièrement Koudougou. Ce chef-lieu de la province du Boulkiendé, à moins d’une centaine de kilomètres de la capitale, par la route ou par le chemin de fer, est une cité industrielle importante dont témoigne l’imposant bâtiment de la Chambre de commerce. On compte là, notamment, une brasserie, une usine d’égrenage du coton, une usine de filature-tissage qui est la première du pays, etc... La ville a l’aspect informel des agglomérations en pleine poussée de croissance.

Vastes étendues, larges avenues de terre battue se coupant à angle droit. Peu de bâtiments officiels, si ce n’est à la périphérie. Ce sont, pour l’essentiel, d’anciennes résidences privées reconverties. Maisons de bric et de broc, sommairement aménagées, commerces de plein air, restaurants de quartier, la ville est particulièrement active. Elle évoque ces cités de pionniers des années d’autrefois, quand l’industrialisation était dans le
Nouveau Monde en phase de développement rapide.

La coopération entre Dreux et Koudougou est très étroite dans le secteur de l’eau potable, la scolarisation des enfants, l’appoint alimentaire, la fourniture d’équipements médicaux, l’informatisation de la mairie, etc... Les parrainages d’enfants sont, également, très nombreux : plus de 400 ! Dreux sert également de relais pour coordonner l’action européenne en faveur de la troisième ville du Burkina Faso. A noter que ce jumelage n’est pas géré directement par la mairie mais par une association Les Amis de Koudougou.

Mais le Burkina Faso ne se résume pas, loin de là, à Koudougou. Et en tant que président du groupe d’amitié France-Burkina Faso, Gérard Hamel est très attentif à développer les relations entre les députés français et les députés burkinabé. La Révolution du 4 août 1983 avait mis un terme aux activités parlementaires de la Haute-Volta.

Il faudra attendre l’adoption par référendum, le 2 juin 1991, de la constitution de la Vème République et l’organisation, le 24 mai 1992, des élections législatives pour que l’Assemblée des députés du peuple refasse surface, récupérant du même coup ses bâtiments d’origine qui avaient été, entre temps, attribués au ministère de l’Administration territoriale. C’est le rédacteur de la constitution de la Vème République, le médecin militaire Arsène Bongnessan Yé, qui avait été le premier président de l’Assemblée des députés du peuple. C’est aujourd’hui Marc-Christian Roch Kaboré, ancien Premier ministre, qui en est le patron.

Le groupe d’amitié France-Burkina Faso n’a pas programmé de mission sur le terrain pour l’année 2003. Il est prévu qu’une délégation parlementaire accompagne le chef de l’Etat en 2004, à l’occasion de la tenue à Ouagadougou du sommet Francophone. Mais les contacts sont fréquents entre les députés français et leurs homologues burkinabé.

Gérard Hamel envisage par ailleurs d’organiser une rencontre avec l’actuel ambassadeur du Burkina Faso à Paris, Filippe Savadogo dont le départ était attendu depuis plusieurs mois déjà mais qui, compte tenu notamment de la situation de crise qui perdure en Côte d’Ivoire et, désormais, de la perspective de l’organisation à Ouagadougou du prochain sommet francophone, ne devrait pas quitter Paris avant cette échéance diplomatique d’importance.

A suivre

Jean-Pierre Béjot
La Dépêche Diplomatique (Mars 2003)

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