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Burkina/Cinéma : Anaïs Irma Kayaba Kéré, une figure montante de la réalisation

Publié le mardi 18 février 2025 à 22h00min

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Burkina/Cinéma : Anaïs Irma Kayaba Kéré, une figure montante de la réalisation

Du journalisme à la réalisation cinématographique, Anaïs Irma Kéré trace son chemin avec détermination et passion. Son tout premier court-métrage, intitulé « L’Audition », est sélectionné dans la compétition officielle Fespaco Shorts du FESPACO 2025. Une reconnaissance au premier essai qui récompense le travail acharné d’une jeune réalisatrice décidée à faire entendre sa voix au-delà des frontières du Burkina Faso.

Journaliste de formation et diplômée de l’université Joseph Ki-Zerbo, au sein du département de communication et journalisme (actuellement IPERMIC), Anaïs Irma Kayaba Kéré a fait un virage à 180 degrés dans le cinéma. Elle a fait quelques pas dans l’univers des médias avant de se laisser emporter par sa passion d’enfance : le cinéma.

Elle va ensuite se former critique cinématographique et intégrer le bureau de l’Association des critiques de cinéma du Burkina Faso. « Quand j’étais petite, je suis entrée dans une salle de cinéma obscure pour la première fois et j’ai ressenti une magie indescriptible. Je me suis demandé : comment font-ils pour créer cet univers qui rassemble des gens qui ne se connaissent pas autour d’une émotion commune ? », se souvient-elle avec des étoiles dans les yeux. Elle a puisé sa motivation à faire du cinéma chez des figures emblématiques telles qu’Apolline Traoré, réalisatrice reconnue dont les films « Mounia et Rama » ou encore « Testament » ont bercé son enfance. « Je rêvais de la rencontrer. Aujourd’hui, j’ai eu cette chance grâce à mon projet. C’est une femme forte qui me pousse à croire que c’est possible », confie Anaïs qui espère y exceller et se faire une place de choix.

Anaïs (en rose), lors du tournage du film "L’audition"

Des formations pour affûter son talent

Pour parfaire ses compétences, Anaïs a suivi diverses formations, notamment en écriture de scénarios à l’Institut supérieur de l’image et du son (ISIS) de Gaston Kaboré. Elle a également participé à l’atelier « 7 jours pour un film » lors du 50e anniversaire du FESPACO, ainsi qu’à l’atelier Thriller et Talents, axé sur l’écriture de scénarios de polars et de thrillers. A l’issue de l’atelier de formation Thriller et Talents, Anaïs a été choisie pour faire partie de l’équipe qui a développé la série Canal Plus original « De plus en plus loin ».

Son engagement dans des initiatives telles que « Tafé Vision », qui valorise les jeunes filles dans le cinéma, et « Les Elles du cinéma », une initiative de Apolline Traoré, a consolidé son rêve de passer derrière la caméra. Mais, avant de trouver sa voie dans la réalisation, Anaïs s’est essayée à l’actorat. « J’étais une mauvaise actrice. Je n’étais jamais retenue aux castings. Mais c’est à travers ces échecs que j’ai compris que mon talent était ailleurs : dans l’écriture et la réalisation », confie-t-elle, avec humour.

Cette phase d’apprentissage, bien que difficile, lui a permis de comprendre les coulisses du jeu d’acteur, un atout précieux aujourd’hui pour diriger ses comédiens. Par ailleurs, elle a fait partie de l’équipe des assistants à la mise en scène comme stagiaire, sur le plateau du film de Dani Kouyaté " Katanga, la danse des scorpions" qui est en compétition officielle au FESPACO dans la catégorie long métrage fiction.

« L’audition », une œuvre engagée

Son premier film, « L’Audition », révèle déjà la singularité de son regard. Cette œuvre est le fruit de trois ans d’écriture et de réécriture. Grâce à la formation les « Elles du cinéma » qui s’est faite en plusieurs parties avec la réalisatrice Apolline Traoré et à des sessions de mentoring avec une autre réalisatrice, elle a pu améliorer le scénario de son film. Le court-métrage sélectionné par le Fespaco 2025, raconte l’histoire de Déborah, une jeune autiste passionnée de chant, qui rêve de devenir une grande chanteuse. Pour atteindre son objectif, elle doit surmonter les barrières liées à son handicap et faire face aux défis du monde extérieur. Inspirée par son neveu autiste, Anaïs veut, à travers ce film, sensibiliser sur la réalité des personnes vivant avec ce trouble. « Je veux que l’on cesse de voir ces personnes uniquement sous le prisme du handicap. Elles ont des rêves, des talents. Elles sont comme nous. »

Anaïs a bénéficié avec 4 autres filles d’une formation avec Apolline Traoré dans le cadre du Projet "Les Elles du cinéma"

Le tournage de ce film fut une aventure en soi. Selon Anaïs, le responsable l’Association burkinabè de l’accompagnement psychologique et d’aide à l’enfance (ABAPE), Boukary Pamtaba, lui a été d’une grande aide afin de mieux connaître les autistes et de rentrer dans leur monde. « Avant le tournage, mes acteurs principaux Sergine Sourouwema et Aaron Ouédraogo qui interprètent respectivement Déborah et Yohan ont fait des immersions au sein du centre ABAPE où se trouvent les autistes afin de mieux s’approprier des personnages » souligne la jeune réalisatrice. Ce qui a permis d’incarner avec brio les personnages clés du film.

Le film est une production des « films Selmon » de Apolline Traoré. Il a donc été tourné avec une équipe professionnelle sous l’œil attentif d’Apolline Traoré, Anaïs a beaucoup appris. « Je tiens à remercier toute l’équipe (production, techniciens, comédiens) qui n’a ménagé aucun effort pour m’accompagner dans cette aventure qui est ma première réalisation. Ça été un grand travail d’équipe, d’écoute et de professionnalisme », exprime Anaïs. Cette première sélection au FESPACO est un immense motif de fierté pour la jeune réalisatrice. « Être en compétition officielle, c’est une joie immense. J’espère que ce film permettra à beaucoup de personnes de découvrir l’autisme et d’avoir une perception plus inclusive », espère la jeune réalisatrice. Lorsqu’elle a su que le film est sélectionné, Anaïs avoue qu’elle avait du mal à y croire. Elle invite les cinéphiles à découvrir cette œuvre de 13 minutes qui résume la vie de nombreux autistes.

Selon Anaïs, les femmes s’illustrent de plus en plus dans l’univers du cinéma, surtout derrière la caméra. « En tant que jeune réalisatrice, mon défi est de travailler à me perfectionner davantage afin d’offrir aux publics burkinabè, africain et du monde en général un travail de qualité. Je suis certaine que le succès est le résultat d’un travail acharné, de la patience et de passion dans ce que l’on fait », a-t-elle conclu.

Farida Thiombiano
Lefaso.net

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