1900-2025 : il y a 125 ans, les missionnaires blancs foulaient le sol burkinabè pour apporter l’évangile. Malgré le scepticisme et la réticence de certains leaders d’opinion, ils ont réussi à consolider la parole de Dieu en Haute-Volta, devenue par la suite Burkina Faso. 125 ans après, cette évangélisation a porté des fruits qui ont impacté positivement la société burkinabè, a rappelé l’archevêque métropolitain de Ouagadougou, Mgr Prosper Kontiébo. « La graine semée a donné des fruits. De nombreux baptisés et de vaillants catéchistes parmi lesquels se détache la figure d’Alfred Diban Ki-Zerbo, premier chrétien. Il y a aussi des évêques parmi lesquels on peut citer le premier évêque noir de l’Afrique de l’Ouest, Mgr Dieudonné Yougbaré. Deux cardinaux parmi lesquels il y a le deuxième cardinal de toute l’Afrique, le cardinal Paul Zoungrana. Tous ces fils issus de notre pays sont les fruits de l’évangélisation qui a façonné le visage de notre Église au Burkina Faso », a-t-il rappelé.

Outre la multiplication des chrétiens, l’archevêque a aussi fait le point des bienfaits de l’évangélisation dans la société burkinabè. Pour lui, de nombreuses réalisations sociales comme des structures sanitaires, l’éducation, la lutte contre certaines pratiques déshumanisantes et bien d’autres actions ont été des chantiers réussis grâce à l’évangélisation. « Ce sont autant de faits qui montrent que l’Évangile a transformé notre société », a-t-il déclaré devant le cardinal Pietro Parolin, représentant du souverain pontife. « Son Éminence, votre présence est un signe de grâce. À travers vous, nous accueillons le Saint-Père. En cette étape significative de notre histoire et de l’évangélisation de notre pays, votre présence nous apporte la proximité du Saint-Père et le soutien de toute l’Église universelle », s’est réjoui l’évêque, rappelant que ce jubilé coïncide avec celui des 2025 ans de la rédemption célébré par l’Église universelle.

Cette coïncidence des évènements, affirme-t-il, est comme un appel lancé à notre Église famille de Dieu au Burkina Faso à poursuivre sa marche malgré les nombreux défis pastoraux. Ces défis, selon lui, sont le terrorisme, l’insécurité, la soif de la justice, la réconciliation entre les fils et les filles du pays. Mais rien n’est impossible à Dieu, se convainc-t-il, indiquant que ces défis seront relevés. « Que Marie, notre Dame de Yagma, intercède pour nous et nous donne les grâces en abondance au nom de l’Église pour notre pays et notre monde », a-t-il formulé, saluant la pertinence du thème qui est : « Église famille de Dieu au Burkina Faso : 125 ans d’évangélisation, bilan des options fondamentales et perspectives pour un nouveau départ ».

Témoignez la ferveur spirituelle des Burkinabè au Saint-Père

Le président de la conférence épiscopale Burkina-Niger, Mgr Laurent Birfuoré Dabiré, a d’abord rendu grâce à Dieu pour ce jubilé et à tous les acteurs qui ont œuvré pour l’évangélisation au Burkina Faso. Au secrétaire d’État de sa Sainteté, il a adressé les remerciements de l’Église pour sa présence. « Nous sommes convaincus que votre visite va renforcer la communion entre le Saint-Père et notre Église famille de Dieu, mais aussi la coopération entre le Saint-Siège et le Burkina Faso », a laissé entendre celui qui est également le nouvel archevêque de Bobo-Dioulasso, demandant au prélat de témoigner la ferveur spirituelle des Burkinabè au Saint-Père.
En plus de l’hôte du jour, l’archevêque a saisi l’occasion pour traduire sa reconnaissance au chef de l’État pour sa contribution à l’organisation du jubilé.

Un moment de mémoire reconnaissante envers les missionnaires

Le cardinal Pietro Parolin a exprimé sa joie d’être présent au Burkina Faso. Pour son Éminence, cette visite a été rendue possible grâce à la Conférence épiscopale Burkina-Niger et au gouvernement. Il a salué les acquis de l’Évangile au Burkina Faso, demandant de prier pour un Burkina débarrassé de toute forme de violence. Il dit être venu avec un message de soutien du premier responsable de l’Église. « Le Saint-Père François m’a chargé de vous transmettre ses paternelles salutations, ses vives félicitations et sa solidarité, accompagnées de ses vœux fervents pour une Église-Famille toujours plus rayonnante et pour un pays libéré de toute forme de violence ; un pays où l’on puisse célébrer la victoire de la vie sur la mort, la victoire du bien sur le mal », a-t-il confié.

À en croire le prélat venu du Vatican, la tradition biblique enseigne que le jubilé est un moment d’action de grâces pour les bienfaits reçus de Dieu, mais aussi un moment de pénitence et de réconciliation générale. À cet effet, il a rappelé que cette célébration est une invite pour chacun de faire un examen de conscience sérieux pour un nouveau départ. En plus, a-t-il poursuivi, c’est un moment de mémoire reconnaissante envers les missionnaires de toutes les congrégations religieuses et les sociétés de vie apostolique qui ont foulé le sol burkinabè pour annoncer Jésus-Christ. « Notre célébration permet de voir combien l’Église catholique rayonne dans le monde. C’est un véritable motif d’action de grâces pour moi », s’est-t-il réjoui.

Reconnaître l’œuvre immense de l’église au Burkina Faso

Des membres du gouvernement, avec à leur tête le Premier ministre Rimtalba Jean Emmanuel Ouédraogo, sont venus soutenir l’Église. Pour le chef du gouvernement, leur présence est un signe de solidarité avec l’Église catholique. « Cette célébration nous offre l’occasion de nous unir dans la prière pour le retour de la paix au Burkina Faso, pour que le Seigneur veille sur nos combattants. C’est aussi l’occasion de reconnaître l’œuvre immense que l’église a menée dans notre pays, notamment, dans les domaines de l’éducation, la santé, l’humanitaire et autres », a souligné le chef du gouvernement.

Selon le Premier ministre, la présence du cardinal Pietro Parolin est un message au reste du monde que le Burkina Faso reste un pays fréquentable, que le peuple burkinabè reste debout dans la dignité et surtout dans le courage, pour mener le combat pour sa liberté et sa souveraineté.
Pour rappel, la préparation de ce jubilé a commencé depuis 2023 selon les religieux.

Serge Ika Ki
Lefaso.net