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Burkina : La Confédération générale du travail s’insurge contre les restrictions de libertés

Publié le dimanche 16 février 2025 à 22h46min

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Burkina : La Confédération générale du travail s’insurge contre les restrictions de libertés

La Confédération générale du travail du Burkina (CGT-B) a tenu sa traditionnelle cérémonie de présentation de vœux à la Bourse du travail de Ouagadougou, ce samedi 15 février 2025. Cette rencontre a été l’occasion, pour les membres, de réaffirmer leur engagement envers les travailleurs et de manifester leur solidarité aux personnes déplacées internes.

La cérémonie de présentation de vœux de la CGTB a débuté par le discours du président du comité d’organisation, Aguina Jean-Pierre Yonli, qui a salué la mobilisation des membres et rappelé le contexte difficile auquel ils font face. Il a souligné que, pour la deuxième année consécutive, la cérémonie se déroule en l’absence du secrétaire général, Moussa Diallo, « empêché depuis la tentative d’enlèvement du 29 janvier 2024 ». Jean-Pierre Yonli a exprimé, au nom du comité d’organisation, son soutien au secrétaire général confédéral face à « la situation difficile qu’il traverse, marquée par son licenciement ». Une situation que M. Yonli qualifie d’arbitraire.

Le président du comité d’organisation a également mis en avant la particularité de cette édition, qui intervient une semaine après la reprise du dialogue entre le gouvernement et les syndicats, après environ quatre ans d’interruption. Évoquant la conjoncture actuelle, il a rappelé que la crise mondiale continue de s’aggraver, menaçant la paix internationale.

« C’est dans ce climat difficile pour les travailleurs et les populations, empreint de doutes mais aussi d’espérance, que nous souhaitons bonne santé et beaucoup de courage », Aguina Jean-Pierre Yonli, président du comité d’organisation.

« La guerre civile réactionnaire qui, en plus d’endeuiller chaque jour les populations, les FDS et les VDP, se traduit par de nombreuses localités occupées ou sous blocus, la destruction d’infrastructures publiques et privées, la fermeture de nombreux centres de santé et d’écoles, les restrictions des libertés prenant souvent pour prétexte la situation de guerre que vit le pays. Ainsi, les libertés de presse, d’opinion, de manifestation n’existent que pour ceux qui soutiennent le pouvoir. Le refus de toute critique sur la gestion du MPSR2 se traduisant par des enlèvements, des réquisitions forcées, des menaces proférées sur les réseaux sociaux par les soutiens du pouvoir », a dépeint Jean-Pierre Yonli.

Une pensée pour les personnes privées de liberté

Ensuite, le secrétaire général de la CGT-B, porte-parole du Collectif syndical, Nicolas Ouédraogo, a pris la parole pour adresser un message de lutte et de persévérance dans la défense des droits des travailleurs burkinabè. À cette occasion de présentation des vœux du nouvel an du collectif syndical, il a eu une pensée pour les nombreuses victimes du terrorisme et les personnes déplacées internes.

« Certaines personnes enlevées ne sont pas libres depuis plus d’un an. Même à la suite du décès de leurs parents, ces dernières n’ont pas la liberté de participer aux obsèques ni d’aller s’incliner sur leurs tombes », Nicolas Ouédraogo, secrétaire général de la CGTB.

Ses pensées sont allées aussi à l’endroit des personnes qui ont été, selon lui, arbitrairement privées de leur liberté. « Nous citons, entre autres, Lamine Ouattara, membre du Bureau exécutif national du Mouvement burkinabè des droits de l’homme et des peuples (MBDHP) et militant de la F-SYNTER ; Rasmané Zinaba et Bassirou Badjo, militants du mouvement Balai citoyen ; Dr Arouna Louré ; le journaliste Atiana Serge Oulon, plusieurs fois lauréat du prix anti-corruption du Réseau national de lutte anti-corruption (REN-LAC) ; l’animateur radio Alain Traoré dit Alain Alain ; les chroniqueurs Kalifara Séré et Adama Bayala ; le journaliste Bienvenu Apiou Kouara de Bagrépole FM, etc. À toutes ces personnes, nous témoignons notre solidarité », a compati Nicolas Ouédraogo.

Les exigences de la CGTB et l’appel à la mobilisation

« Notre collectif syndical a toujours défendu, seul ou, dans d’autres cas, unitaire, des positions courageuses et responsables sur la vie de la nation. Il s’impose de rester sur cette voie, convaincu que la vérité finit toujours par triompher et que notre vaillant peuple sera toujours victorieux des épreuves. J’invite donc nos militants à s’inspirer du bon exemple du combat des pionniers du syndicalisme révolutionnaire de lutte de classe dans notre pays. Nous devons donc, en unité d’action entre les travailleurs et les autres composantes de notre société, nous mobiliser pour exiger, du pouvoir, le respect des libertés démocratiques et syndicales (…), un examen sérieux des préoccupations des travailleurs et du peuple, et une prise en charge efficace de la crise sécuritaire et humanitaire », a insisté Nicolas Ouédraogo.

La remise d’un chèque à l’Association burkinabè d’assistance et de secours populaire (ABASSEP), destiné à soutenir les PDI, a ponctué la rencontre.

Il a poursuivi son appel à la mobilisation en affirmant que l’année 2025 s’annonce avec de nouveaux défis à relever. « C’est pourquoi nous appelons nos militants et sympathisants à rester vigilants et fermes dans la défense de nos acquis démocratiques et sociaux », a-t-il interpelé. Le secrétaire général de la CGT-B a invité les membres à œuvrer davantage à dynamiser leurs structures, à doubler de clairvoyance, de détermination, d’esprit de sacrifice et de solidarité pour la défense ferme des intérêts matériels et moraux des travailleurs, en continuant à lier leurs luttes à celles des masses populaires.

Les facteurs de la vie chère

À l’instar du président du comité d’organisation, Nicolas Ouédraogo a dressé un bilan de la situation qui prévaut au pays des hommes intègres. « La situation est aussi marquée par la baisse du pouvoir d’achat et l’augmentation du coût de la vie. La vie chère frappe durement les populations, y compris les travailleurs. Elle résulte de la conjugaison de plusieurs facteurs, notamment les mesures fiscales, les mesures sur la rémunération des travailleurs, les augmentations des prix des produits de grande consommation, ainsi que des services. La triple augmentation du prix des hydrocarbures, jamais égalée de 235 francs sur le super 91 (d’abord 100 francs en mai 2022, ensuite 35 francs en août 2022, et 100 francs en février 2023) a contribué à l’augmentation du coût de la vie, dont les effets sont toujours palpables », a-t-il présenté.

Les participants à la présentation de vœux de nouvel an de la CGTB.

L’actuel secrétaire général de la CGTB est revenu sur les questions liées à son prédécesseur Moussa Diallo, soulignant qu’ils avaient fondé des espoirs sur la rencontre gouvernement-syndicat tenue les 6 et 7 février derniers, après les différentes correspondances de l’Unité d’action syndicale (UAS) restées toutes sans suite. « Nous espérions au moins comprendre ce qui était reproché à notre camarade. Mais ce point, comme les autres préoccupations que l’UAS, avait été inscrit comme point de divers de la rencontre ; ils ont buté contre le refus obstiné du gouvernement de les évoquer au cours de la rencontre », a confié Nicolas Ouédraogo.
Cette cérémonie a ainsi permis à la CGT-B de réaffirmer ses valeurs de justice sociale et de lutte pour de meilleures conditions de vie et de travail, tout en exprimant un soutien concret aux populations les plus vulnérables du Burkina Faso.

Fondée en 1988, la CGT-B est une confédération syndicale qui regroupe douze syndicats nationaux et 70 syndicats d’entreprises. Elle s’inscrit dans le courant du “syndicalisme révolutionnaire de lutte des classes”, revendiquant une défense intransigeante des droits des travailleurs et une solidarité sans faille avec les couches populaires.

Hamed Nanéma
Lefaso.net

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