Burkina/Protection de l’environnement : L’Etat burkinabè dans des contradictions

Pour désengorger le trafic routier de Ouagadougou la capitale burkinabè, des travaux ont été lancés afin de réaliser une autoroute de contournement et aussi pour l’élargissement des voies à l’intérieur de la ville. Des travaux au cours desquels, plusieurs dizaines d’arbres ont été totalement rasés sur le tronçon de Tanghin. Des arbres qui étaient pourtant devenus une sorte de petite forêt, créant ainsi un poumon vert pour la ville. Dans la lutte contre le changement climatique et la déforestation, l’Etat s’est pourtant engagé à travers plusieurs textes et lois à les protéger, notamment l’Accord de Paris sur le climat.
Les statistiques officielles parlent d’une perte annuelle d’environ 250 000 hectares de forêts au Burkina, soit un peu plus de 6 % de la superficie totale du domaine forestier.
Sur le cas de l’Accord de Paris sur le climat que l’Etat burkinabè a ratifié, il y a deux axes majeurs que les pays signataires, notamment ceux en voie de développement, doivent respecter. En effet, en ratifiant cet accord, ces pays s’engagent à intensifier les efforts pour lutter contre la déforestation massive et pour la préservation des forêts avec l’accroissement des stocks de carbone forestier qui contribueront à la réduction des gaz à effet de serre.
Mais en ce qui concerne particulièrement la ville de Ouagadougou, il lui est reproché de ne pas avoir une bonne culture de plantation d’arbres autour des habitations, contrairement aux autres villes du pays. Ce qui rend la chaleur encore plus atroce et expose la ville aux catastrophes qu’elle a vécues ces dernières années. Il s’agit notamment des inondations de 2009 et des vagues de chaleur de la saison sèche 2024 qui a battu des records en atteignant jusqu’à 45°C et qui ont fait des dizaines de morts parmi les personnes âgées et les enfants.
Dans ces conditions, celui qui devait donner l’exemple en matière de lutte contre la déforestation, pouvait-il encore se payer le luxe de raser des arbres au profit du béton, quoi qu’il en soit. Ne se rendrait-il pas coupable dans ses propres actions ou n’-a-t-il donc pas tiré leçon de son passé ? Ou encore serait-il dans une dynamique de déboiser pour planter de nouveaux arbres ? Ce qui serait insensé face à cette démographie et à la divagation des animaux dans lesquels les Ouagavillois vivent.
L’autre contradiction c’est qu’en ratifiant l’accord de Paris, le Burkina Faso s’est engagé à atteindre la neutralité carbone. C’est-à-dire, réduire ses émissions de gaz à effets de serre jusqu’à atteindre 1,5° C en maximisant les plantations d’arbres et en préservant ses forêts afin de pouvoir absorber le carbone déjà exposé à l’air. Mais comment atteindre cette neutralité carbone si on détruit ce qui aide à décarboner, notamment les arbres ? Sans oublier qu’au-delà de cette neutralité tant visée, plusieurs activités vertes avaient été développées autour de ce poumon vert ouagavillois à savoir la maraîche-culture, le pépiniérisme et de l’arboriculture. Ce qui avait permis d’améliorer la résilience et les moyens de subsistance des exploitants dans le contexte de l’adaptation au changement climatique.
YZ
Lefaso.net