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« A Benguer » : Une aventure artistique pour dénoncer l’exode vers l’Occident

Publié le samedi 22 avril 2006 à 09h00min

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La Compagnie Faso danse théâtre, a présenté au public du centre culturel français, sa troisième création majeure intitulée à « BENGUER » samedi 15 avril 2006.

Abenguer » est un spectacle de théatre et de danse contemporaine monté par le chorégraphe burkinabé Serge-Aimé Coulibaly. ce spectacle dans sa dimension artistique donne à voir, et vivre intérieurement, l’exode des jeunes africains de l’Ouest, à la recherche d’un eldorado. Entre espoir et émotion, la pièce retrace les conditions de vie, les souffrances, les frustrations d’une jeunesse qui voit s’assombrir chaque jour l’horizon.

La musique Rap du groupe Faso Kombat met en exergue cette situation. La scénographie s’est basée sur un décor simple et familier. Le choix s’est porté sur un hangar à quatre poteaux, recouvert d’un toit, comme on en trouve dans la plupart des bars, cafés, et maquis de nos contrées. Un lieu où les gens de différents classes sociales se retrouvent, et où les benguistes (immigrés venus en vacances au pays) et ceux qui projettent de partir se retrouvent.

C’est un lieu où, grâce à l’alcool, on se laisse aller sans frontière (le drôle, le pathétique, le rêve, les ambitions prennent un autre visage) et où musiciens et clients se côtoient. Car parce qu’il y’a les musiciens qu’il y’a les clients et c’est parce qu’il y’a les clients que les musiciens sont là. Ce hangar-maquis est un lieu où l ‘on échappe à la réalité, et un lieu par excellence où l’on rêve . Pendant plus d’une heure d’horloge, cette représentation artistique plonge le spectateur dans l’environnement de l’exode.

L’auteur de la pièce part d’un constat amer sur le problème de l’émigration. Il s’est appuyé sur les récents évènements survenus à Ceuita et Melila (Maroc) où des milliers de jeunes africains candidats à l’émigration, ont tenté de franchir les barbelés des gardes frontières. Confrontés au chômage, au sous-emploi, à la misère et aux difficultés de tous ordres, cette jeunesse n’a qu’un rêve à concretiser : celui de chercher « mieux ailleurs » .

Le spectacle a déjà fait le tour de plusieurs salles, pour sensibiliser la jeunesse sur le phénomène.
Cette jeunesse représentant une majorité de la population ne souhaite qu’une chose : quitter l’impasse dans laquelle elle se trouve, les problèmes économiques, politiques, et sociaux, ainsi que l’absence de perspectives de développement qui assombrissent leur horizon.

A travers une mise en scène savamment équilibrée par la musique de David Malgoubri, Salif Ouédraogo et Tim Winse des danseurs talentueux comme Serge-Aimé Coulibaly lui-même, Souleymane Porgo, Lydia Fromont, et Tierema Lary Koama ont pu opposé une chorégraphie performante qui intègre dans la construction du spectacle, la forme d’un grand rêve, d’un espace irrationnel. « A Benguer » c’est une danse d’exil dont le mouvement entrecoupé, saccadé, brise simule le tic-tac de l’aiguille d’une montre. L’ondulation du corps comme le serpent est exécuté dans une gestuelle très africaine.

Privat Ouédraogo
Sidwaya

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