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Soutenance de thèse : Fernand Zoma propose des solutions pour produire de l’énergie à partir de déchets de certaines filières

Publié le jeudi 13 février 2025 à 22h10min

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Soutenance de thèse : Fernand Zoma propose des solutions pour produire de l’énergie à partir de déchets de certaines filières

"Optimisation des filières valorisant la biomasse lignocellulosique à des fins énergétiques en considérant différentes sources au Burkina Faso". C’est sur ce thème que Fernand Zoma, doctorant à l’Institut international d’ingénierie de l’eau et de l’environnement (2IE), a soutenu sa thèse en sciences et technologies de l’eau et de l’environnement, plus précisément en énergie. Après 40 minutes de présentation de son document suivie d’échanges avec les jurés composés de Pr Lat Grand N’Diaye comme président, des Dr Kouassi Hilaire Edi et Frédéric Bationo comme rapporteurs, de Pr Salifou Ouiminga et Dr Zeid Hajej comme examinateurs et de Dr Marie SAWADOGO comme Directrice de thèse, le doctorant s’en est sorti avec la mention Très honorable avec les félicitations de tous les membres du jury. C’était ce jeudi 13 février 2025.

Une bonne partie de la consommation énergétique au Burkina Faso est occupée par les zones industrielles. Or, ces industries génèrent d’importants résidus de transformation qui pourraient être valorisés pour produire de l’énergie. L’idée de cette thèse est de proposer un système d’aide à la décision pour les décideurs ou les industriels, qui voudraient valoriser ces résidus. Autrement, utiliser de la biomasse pour produire de l’énergie au Burkina Faso. Pour sa thèse qui a porté sur le thème "Optimisation des filières valorisant la biomasse lignocellulosique à des fins énergétiques en considérant différentes sources au Burkina Faso", l’impétrant a collecté des données issues de la littérature et d’enquêtes de terrain menées auprès de diverses organisations. Son travail a permis d’évaluer les quantités de déchets agricoles et agro-industriels disponibles dans le pays. « Bien que certains déchets soient abondamment produits, comme on pourrait le penser de prime abord, beaucoup sont utilisés à d’autres fins telles que l’alimentation animale, l’amendement des sols ou encore comme litière pour les volailles. Ce n’est donc pas tout qui est produit qui est accessible pour une valorisation énergétique » a-t-il laissé entendre.

Les jurés en présentiel qui ont apprécié le travail du candidat. Dr Zeid Hajej lui, est intervenu par visioconférence

Les déchets valorisables

Pour les déchets issus de l’agriculture, les résultats de ses analyses ont montré qu’au Burkina Faso, seules les tiges de cotonnier sont disponibles pour une valorisation énergétique. Quant aux déchets issus de l’agro-industriel, le doctorant relève les résidus du séchage de mangue, les coques d’anacarde et la balle de riz. « Au final, nous avons trouvé qu’on peut valoriser environ 1 million de tonnes de déchets agricoles et agro-industriels au Burkina Faso. Pour ce qui est de l’organisation des filières, il y a un problème de logistique, entrainant des coûts de production très élevés au niveau de la valorisation énergétique de ces ressources. Et le nœud du problème réside dans l’organisation des différents maillons pour la mobilisation de la biomasse, avant sa conversion en énergie. Par exemple pour les tiges de cotonnier, elles sont légères et volumineuses, ce qui signifie que leur transport en vrac entraîne un remplissage rapide des moyens de transport sans atteindre leur capacité de charge utile. Cela augmente le coût par tonne transportée et la pénibilité du travail. Pour réduire ce coût de la logistique et faciliter la manipulation de ces résidus nos analyses ont montré qu’un prétraitement plus proche des champs est nécessaire. Cela va contribuer à réduire le nombre de voyages a effectué pour le transport » a estimé l’étudiant.

Le document de Fernand Zoma fait environ 150 pages

L’option des coques d’anacarde elle, n’est pas économiquement rentable si l’on veut uniquement exploiter les tourteaux pour la production d’électricité, car le pressage de ces coques pour l’extraction du CNSL (composé corrosif pour les technologies de conversion) est très énergivore. Ce qui augmente considérablement les coûts de la logistique du prétraitement. Toutefois, la vente de ce CNSL pourrait être une solution pour améliorer les performances économiques de cette filière.

La filière des noyaux de mangue par contre est, des dires du candidat, intéressante. « Seulement, la période dans laquelle on peut trouver des noyaux de mangue est assez courte. Et les sécher prend du temps. Il faut travailler à réduire ce temps de séchage » a-t-il proposé. Quant à la balle de riz, bien que peu disponible, elle offre des résultats très intéressants, surtout en faisant la pyrolyse. « On pourrait également développer des mini-pyrolyseurs pour accompagner les femmes, principales utilisatrices de cette ressource dans les groupements d’étuvage de riz. Cette approche permettrait une valorisation efficace des balles de riz, en offrant une alternative énergétique durable et locale, réduisant ainsi la dépendance aux combustibles traditionnels et améliorant les conditions de travail dans le secteur » a-t-il suggéré. « Pour les épluchures de mangue, nos résultats ont montré qu’économiquement, ce ne serait pas rentable de produire de l’électricité par la bio méthanisation à cause d’un problème de disponibilité de la ressource, mais aussi, de la cherté de la technologie à utiliser pour la transformation » a-t-il conclu.

L’impétrant a prêté serment après avoir été couronné Dr par ses pairs

Renchérir les perspectives

Pour ce qui est de la pertinence du sujet, les jurés sont unanimes : il est original et apporte des solutions concrètes pour le Burkina Faso. Toutefois, la perfection n’étant pas de ce monde, ils ont souhaité que les perspectives soient renchéries. « Autrement, il faudrait donner la possibilité à tous ceux qui seront intéressés de parfaire ce travail qui est déjà bien fourni ailleurs de savoir la voie à emprunter. Je parle là des critères de maintenance, ceux liés au transport et à la distance à parcourir. Je parle aussi de la possibilité de combiner deux ou plusieurs biomasses, ou celle de combiner le solveur à l’intelligence artificielle, histoire de mieux optimiser les résultats qui en découleront » a proposé l’examinateur de la thèse, Pr Salifou OUIMINGA.

« Fernand Zoma a une maîtrise de son sujet. Les solutions qu’il a proposées sont innovantes « , Pr Salifou Ouiminga

Quatre ans d’endurance

Ce travail de thèse a pu être réalisé en quatre ans. Et durant tout ce temps, l’étudiant a suivi les conseils avisés de Dr Marie Sawadogo, sa directrice de thèse. Selon les dires de cette dernière, plusieurs difficultés ont émaillé le chemin avant d’en arriver là. De la collecte de donnée au travail sur le terrain, en passant par les aléas de la vie, il faut une résilience à toute épreuve pour produire un travail de bonne facture. « Mais les moments avec M. Zoma étaient des instants de partage et d’échanges. C’est quelqu’un qui est très à l’écoute, fort de propositions, très travailleur ! Tout cela a pris le dessus sur le reste et facilité le travail là où il pourrait y avoir des blocages » s’est-elle exprimée.

Pr Lat Grand N’Diaye, félicitant le nouveau Dr en lui portant sa toge

« Il faut persévérer »

Désormais docteur en sciences et technologies de l’eau et de l’environnement, Fernand Zoma ambitionne de développer une expertise approfondie sur les thématiques de sa recherche. À court terme, il souhaite mettre ses compétences au service du marché de l’emploi, notamment à travers l’enseignement et/ou la recherche, afin de partager ses connaissances avec la nouvelle génération. À moyen et long terme, il caresse le rêve d’implémenter les résultats de son travail à l’échelle industrielle : être à leurs côtés pour les amener à mieux valoriser les résidus. Comme conseil, le président du jury a insisté sur la persévérance. « Tu es déjà dynamique ! Tu as su faire preuve d’endurance ! Il faut persévérer. Le chemin est souvent parsemé de difficultés, mais avec beaucoup d’humilité, de rigueur et d’abnégation, tu pourras faire un une bonne carrière scientifique » a-t-il lâché.

« Nous remercions la Banque mondiale et l’institut 2IE qui nous ont donné les moyens de pouvoir aller sur le terrain », Dr Marie Sawadogo

Erwan Compaoré
Lefaso.net

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