Burkina/Dialogue social : Le gouvernement et les syndicats de retour à la table de discussions

Interrompue depuis 2021, la rencontre annuelle entre le gouvernement et les organisations syndicales de travailleurs au titre de l’année 2025 reprend les 6 et 7 février 2025 à Ouagadougou. La cérémonie d’ouverture des travaux a été présidée ce jeudi 6 février 2025 par le Premier ministre Rimtalba Jean Emmanuel Ouédraogo, en présence d’une forte délégation gouvernementale et des représentants du monde des travailleurs.
Les échanges de cette rencontre entre le gouvernement et les syndicats s’articuleront sur la présentation de l’état de mise en œuvre des engagements de 2015, 2016 et 2021 et la synthèse des réponses gouvernementales au cahier de doléances 2022 des organisations syndicales, l’examen de ces réponses gouvernementales, etc.
L’Unité d’action syndicale (UAS), par la voix d’El Hadj Inoussa Nana, représentant le président du mois des centrales syndicales (Ernest Tagnabou), s’est réjouie de la reprise du dialogue social entre l’exécutif et les organisations syndicales.
Les syndicats se disent satisfaits du traitement de certaines de leurs préoccupations. Il s’agit notamment des revendications telles que le départ des troupes françaises et la dénonciation des accords de coopération, le dossier des travailleurs de la mairie de Ouagadougou, les dossiers des ex-moniteurs et monitrices et des travailleurs des médias publics arbitrairement affectés, l’exclusion de la promotion foncière des activités des promoteurs immobiliers, le relèvement du SMIG de 30 684 FCFA à 45 000 FCFA, etc.
Les organisations syndicales notent cependant des insatisfactions dans le traitement de certains dossiers comme le licenciement de Moussa Diallo, secrétaire général de la CGT-B, la question des libertés, la vie chère, l’opérationnalisation de l’assurance maladie universelle (AMU) sans prise en compte des observations de l’UAS, la révision du code du travail et de celle de la loi 064.
Les organisations syndicales ont insisté sur la nécessité de garantir les libertés, notamment la liberté d’opinion. Pour elles, « l’acceptation des critiques ne peut que contribuer à améliorer la gouvernance à travers les correctifs qui peuvent être portés dans la conduite des affaires de l’État ».
Instituée depuis 2008, la rencontre annuelle Gouvernement/Organisations syndicales de travailleurs est un moment d’écoute et d’échanges autour des préoccupations du monde du travail, selon le Premier ministre. « Ce cadre de concertation nous offre une occasion de relever par le dialogue les défis qui se présentent à nous et de gagner le pari du développement en travaillant à améliorer les conditions de travail et en élargissant les opportunités d’emploi. Le dialogue social reste et demeure le ferment d’une évolution sociale concertée et consensuelle entre les différents acteurs de la nation », a indiqué Rimtalba Jean Emmanuel Ouédraogo.

Selon le chef du gouvernement, au cours des années 2023 et 2024, des efforts de dialogue social ont permis d’atteindre des résultats satisfaisants. Parmi lesquels, on peut citer le décret fixant le nombre et les modalités de désignation des agents publics de l’État bénéficiaires de la mise à disposition auprès des organisations syndicales, le décret instituant le prélèvement volontaire à la source des cotisations syndicales des agents publics de l’État et les modalités de mise en œuvre, le décret portant procédures de traitement et modalités de liquidation de la retenue pour faits de grève.
À en croire Rimtalba Jean Emmanuel Ouédraogo, l’examen des doléances issues de la plateforme minimale du 1ᵉʳ mai 2022 a fait ressortir 31 doléances réparties autour des thématiques touchant la vie des Burkinabè et qui constituent les combats quotidiens du gouvernement. Il s’agit notamment de la sécurité des populations et de leurs biens, de l’assainissement de la gestion des ressources nationales, du respect et de l’élargissement des libertés démocratiques et syndicales et de la promotion du travail décent, de la garantie du pouvoir d’achat, etc.
Le Premier ministre a rassuré que ces préoccupations ont été examinées avec la plus grande attention par le gouvernement et les propositions qui sortiront de la présente rencontre feront l’objet d’un traitement privilégié.
Rimtalba Jean Emmanuel Ouédraogo a rappelé que le Burkina Faso, à l’instar d’autres pays de la sous-région, est toujours confronté à la crise sécuritaire. Et tout en saluant le sacrifice consenti par les travailleurs à travers les contributions pour l’effort de paix, il a invité les participants à cette rencontre à garder à l’esprit, la situation sécuritaire que traverse le pays et à penser au sacrifice des forces combattantes pour le retour de la paix.
Le Premier ministre Rimtalba Jean Emmanuel Ouédraogo a également saisi l’occasion pour traduire sa reconnaissance aux travailleurs qui font preuve de résilience en marquant la présence de l’État dans les zones à fort défi sécuritaire.
De son côté, Mathias Traoré, ministre de la fonction publique, du travail et de la protection sociale, a laissé entendre que la reprise de cette rencontre traditionnelle entre le gouvernement et les syndicats témoigne de l’attachement des plus hautes autorités aux préoccupations de la population burkinabè. Il souhaite que ces échanges se passent dans la dynamique de la lutte engagée contre le terrorisme. Mathias Traoré dit également attendre un dialogue sincère qui s’inscrit dans la dynamique de l’intérêt général et des résultats qui seront profitables aux grandes masses.
Pour rappel, les conclusions de cette rencontre entre le gouvernement et les organisations syndicales sont attendues dans la soirée de ce vendredi 7 février 2025.
Mamadou Zongo
Lefaso.net