Burkina/Recherche : Neuf mois de salaires impayés, des agents du CIRDES lancent un cri de détresse

Cela fait neuf mois que le personnel du Centre international de recherche-développement sur l’élevage en zone subhumide (CIRDES) n’est plus payé. Toute chose qui n’est pas sans conséquences sur sa vie professionnelle et sociale. Face à cette situation aggravée par de nombreuses difficultés, le personnel lance un cri de détresse et sollicite l’aide des autorités du pays. Il l’a fait savoir au cours d’une conférence de presse ce mardi 4 février 2025 à Bobo-Dioulasso.
Les travailleurs du Centre international de recherche-développement sur l’élevage en zone subhumide (CIRDES) ne savent plus à quel saint se vouer. Ils affirment vivre dans une situation de précarité depuis quelque temps déjà. En effet, selon eux, c’est depuis 2015 que le CIRDES, dont le siège est à Bobo-Dioulasso, connaît une situation financière difficile, entraînant pour les travailleurs des retards répétitifs de paiement de leurs salaires. « Cela nous met dans une précarité avec des conséquences sociales sur nos familles », a déploré Laurent Sawadogo, le délégué du personnel de CIRDES.
Le phénomène, disent-ils, s’est aggravé ces deux dernières années et, à la date d’aujourd’hui, le personnel du CIRDES accuse un retard de neuf mois de salaire. « En dépit de ces difficultés, le personnel continue de venir au service chaque jour et de travailler comme cela se doit. Nos économies, mises de côté pour des périodes de soudure et autres initiatives familiales, sont finies. Les prêts auprès des proches et amis ne cessent d’augmenter. Outre l’humiliation que cela génère, nous avons du mal désormais à manger à notre faim », a décrié Laurent Sawadogo.
A l’en croire, le CIRDES fonctionne, depuis sa création, sur la base des cotisations de ses Etats membres. Mais depuis un certain temps, les cotisations ne rentrent plus. « Certains sont en retard de paiement et d’autres ne cotisent plus. Et c’est ce qui a entraîné cette situation. Nous avons mené des démarches auprès de certaines autorités sans suite, malheureusement », a expliqué le délégué du personnel.
Le personnel sollicite l’aide des autorités du Burkina
Face à cette situation, le personnel lance un cri de cœur à l’endroit des autorités du pays. Il souhaite que les autorités du Burkina aient une attention sur la situation au CIRDES où 92% des salariés sur les 53 employés sont des Burkinabè.
Pour rappel, le Centre international de recherche-développement sur l’élevage en zone subhumide est né de la volonté politique des cinq États du Conseil de l’entente : le Bénin, le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, le Niger et le Togo, et sa création procède d’une convention adoptée le 12 décembre 1991, à Abidjan, par un conseil extraordinaire des ministres en charge de l’élevage dans ces pays.
Cette convention est entrée en vigueur le 17 mai 1994 après les ratifications d’usage. En 2002, le Mali devint membre du CIRDES, suivi en 2005 par la Guinée-Bissau, et la Guinée en 2013, ce qui porte actuellement à huit le nombre des États membres du CIRDES. Le CIRDES a pour mandat de mener des activités de recherche-développement pour améliorer la santé des animaux domestiques et accroître leur productivité en vue de satisfaire aux besoins croissants des populations et accroître leurs revenus dans le respect de l’équilibre écologique.
Il est placé sous la tutelle des ministères en charge de l’élevage de ses États membres. Il organise et gère, en relation avec les unités de recherche, les besoins en formation exprimés en Afrique ou ailleurs dans ses différents domaines d’intervention. Il en est de même pour des offres de formation en vue de renforcer l’expertise régionale dans des domaines jugés prioritaires conjointement par le CIRDES et ses pays membres. Ces formations sont soit diplômantes, soit qualifiantes et s’adressent aux étudiants de niveau supérieur allant du 1ᵉʳ au 3ᵉ cycle, aux techniciens, aux chercheurs et aux cadres du développement rural.
Le CIRDES, c’est 868 stagiaires accueillis (agents techniques, techniciens, brevet de techniciens supérieurs, niveaux licence, ingéniorat, master et doctorat) de 1991 à 2021, dont 75,69% d’hommes et 24,31% de femmes. Il a participé à la formation de 235 docteurs ; 169 ingénieurs et vétérinaires au service du développement rural. Le CIRDES, c’est aussi des plateaux techniques qu’il met à la disposition des structures nationales des États membres.
Malgré ces nombreux acquis, les travailleurs de ce centre sont victimes « d’injustice salariale ». Ils réclament aujourd’hui neuf mois de salaire. Pour cela, ils sollicitent l’intervention des plus hautes autorités afin de trouver une solution face à la détresse du personnel qui peine à joindre les deux bouts.
Romuald Dofini
Lefaso.net