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Football burkinabè : Carton rouge !

Publié le jeudi 12 février 2004 à 07h14min

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La scène est à la fois ridicule, surprenante et révoltante.
Comme des bambins en mal de pub, le président de la
Fédération burkinabè de football, Seydou Diakité, et le
porte-parole de l’équipe précédente, Abdoul Karim Traoré, se
sont livrés à un pugilat le 9 février, en pleine rue. Ces têtes couronnées du sport national ont ainsi foncé droit dans le mur de briques, foulant au pied leur sens de responsabilité.

A
l’évidence, cette chute vertigineuse du fair-play met a nu le
malaise qui n’a cessé de clouer au pilori certains élans
d’espoirs dans le microcosme sportif. Trop de passions, trop de
vengeances dans les milieux footballistiques au Burkina, est-on
tenté de dire. Les querelles actuelles entre la nouvelle et
l’ancienne fédération sont assez illustratives. La rixe qui a
opposé Diakité à Traoré n’est que l’aspect visible de l’iceberg.

Le foot burkinabè est en réalité malade par la faute de ses
dirigeants. Au lieu de privilégier l’intérêt supérieur de l’Etat, la
plupart d’entre eux préfèrent se régler les comptes par des
méthodes pour le moins primaires. Conséquence : le football
burkinabè a du mal à entamer le décollage tant souhaité. Et on
se demande bien si les gestionnaires de notre sport
parviendront à balayer les appréhensions et les ambitions
revanchardes pour poser, enfin, l’ultime geste élégant qui fonde
l’espoir. C’est une équation à multiple inconnues.

En tout cas,
la situation actuelle du football national ne présage pas de
lendemains meilleurs. Le dernier épisode footballistique en
date l’atteste : la débâcle des Etalons à la CAN 2004 montre qu’il
faut impérativement changer de fusil d’épaule si l’on veut bâtir
une nation de foot qui s’assume pleinement.

Mais le peut-on vraiment, quand certains responsables sèment
la graine de la discorde dans la "maison foot" ? On espère que
le mercure ne montera pas davantage. Mais les membres des
nouvelle et ancienne fédérations parviendront-ils à surmonter
leurs passions et à s’inscrire dans le sens de l’intérêt général ?

C’est un problème certes complexe, mais on peut trouver une
solution salvatrice, à condition, bien sûr, de s’engager
fermement à frayer le chemin de l’intérêrt général. En clair, il
faut crever définitivement l’abcès pour éviter de naviguer
davantage à vue.
Cette ambition ne saurait cependant être convenablement
réalisée si le politique continue de téléguider certains acteurs
du sport national.

Certes, il faut que l’Etat apporte sa caution et
son apppui au développement du football mais cette heureuse
ingérence doit avoir ses limites. Il faut éviter de faire de certains
dirigeants sportifs des marionnettes que l’on manipule à sa
guise. Il est impératif d’assainir les milieux sportifs pour éviter
que cette discipline n’effectue une descente aux enfers.

Seydou Diakité et Abdoul Karim Traoré doivent se rendre à
l’évidence que le foot national n’est pas leur propriété mais
plutôt une affaire commune. Chacun, quel que soit son
domaine de responsabilité, doit oeuvrer à aboutir à des
résultats concrets. Le patriotisme doit donc prévaloir sur les
considérations subjectives.

L’heure est décisive : ou on décide
dès maintenant de sauver le football national ou on continue
nos querelles, à nos risques et périls. Si l’on opte pour le
second rôle, on aura alors conduit le sport roi dans les
méandres du cimetière. C’est pourquoi l’acte posé par Seydou
Diakité et Abdoul Karim Traoré doit être fortement conspué. Ces
deux bonzes du sport devraient montrer le bon exemple en se
comportant de façon responsable.

Le président de la FBF a particulièrement péché en se laissant
entraîner dans le bourbier. En tant que premier responsable de
la fédération, il devait privilégier le dialogue. Mais il a préféré la
solution triviale.
Ce faisant, il écorne sérieusement son image, lui qui est perçu
par les jeunes comme un exemple. Humainement, on peut
comprendre Diakité. Il est très affecté par l’échec des Etalons à
Tunis. C’est un homme dont le moral n’est pas au meilleur
niveau. Il a sans doute besoin de reconfort et de
compréhension.

Quoi qu’il en soit, sur le champ du sport, règne un climat
délétère. Et si l’on ne se résout pas à vider complètement
l’abcès, d’autres actes tout aussi déplorables se répéteront. Le
monde du sport, monde de passion et de subjectivité par
excellence, doit se ressaisir, au nom de l’intérêt général.

Le Pays

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