LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Vous n’empêcherez pas les oiseaux de malheur de survoler votre têtе, mаis vοus рοuvеz lеs еmрêсhеz dе niсhеr dаns vοs сhеvеux.” Proverbe chinois

Crise ivoirienne : Bertin Kadet, un facteur chez Blaise Compaoré

Publié le jeudi 20 avril 2006 à 08h07min

PARTAGER :                          

Bertin Kadet

Conseiller spécial de Laurent Gbagbo pour les affaires de défense, de sécurité et des équipements militaires, Bertin Kadet, neveu du président et vrai ministre de la Défense, selon certains, était, le 19 avril 2006, à Ouagadougou, où il a porté au président Blaise Compaoré un message personnel de son homologue ivoirien.

La presse n’a pas eu vent de la quintessence de ce message puisque son porteur a avoué ignorer son contenu. Et quand bien même il en connaîtrait la substance, il ne lui revenait pas, dans les usages diplomatiques, de la livrer.

On saura donc seulement qu’il s’inscrit dans « le cadre des relations de coopération et d’amitié entre les deux Etats frères ». Pas plus.

Mais c’est suffisant pour confirmer le dégel des rapports entre les deux pays. En effet, au creux de la vague depuis le déclenchement de la crise ivoirienne en septembre 2002, les relations entre Abidjan et Ouagadougou se réchauffent lentement mais sûrement au fil des mois. Pour preuve, depuis un certain temps, les deux capitales s’envoient des émissaires de premier plan.

Fini donc le temps de l’escalade verbale quand les seconds couteaux de chaque camp disaient tout haut ce que leur chef n’osait dire. En atteste la présence de Bertin Kadet à Ouagadougou, lui qui tirait à boulets rouges sur le Burkina, qu’il accusait de soutenir les insurgés du 19-Septembre.

Oublié donc les paroles belliqueuses et place à celles diplomatiques qu’a eues l’émissaire de Gbagbo en serrant la main à Blaise : « Monsieur le président, tout l’honneur est pour moi ».

La délégation ivoirienne conduite par cet homme de confiance du chef de l’Etat ivoirien était composée, outre du général Pierre Lorougnon, conseiller spécial du président Gbagbo, de Me Kouto Atabi Honoré, chef de cabinet du DG de l’Agence nationale de la stratégie et de l’intelligence (ANSI), du commissaire Koudou Okou Laurent de l’ANSI et de l’ambassadeur de la Côte d’Ivoire auprès du Burkina, le Dr Kodjo Richard.


"Le premier ministre fait des pieds et des mains pour le désarmement"

Au sortir de l’audience, voici l’intégralité de ce que le chef de mission a déclaré aux journalistes.

Quelle est la raison de votre venue à Ouagadougou ?

• Je suis porteur d’un message du président Laurent Gbagbo de Côte d’Ivoire à son excellence monsieur le Président du Faso. C’est un message écrit, sous pli fermé si bien que je n’en connais pas la teneur.

Mais je pense que ce message s’inscrit dans le cadre des relations de coopération et d’amitié entre les deux Etats frères.

Quelle est la situation qui prévaut actuellement en Côte d’Ivoire ?

• Nous sommes dans le cadre de l’application de la résolution 16-33, qui prescrit la sortie de crise avec des tâches bien précises, notamment le désarmement et ensuite l’évolution vers des élections démocratiques.

Où en est le désarmement ?

• Ça, c’est le chronogramme de Monsieur le Premier Ministre. Je sais qu’il fait des pieds et des mains pour réaliser ce projet majeur.

Nous sommes très attentifs à tous les actes de bonne volonté qui pourraient être proposés pour nous faire évoluer vers l’atteinte de cet objectif pour lequel travaillent le Premier Ministre et tout le gouvernement.

Est-ce que les élections auront lieu effectivement en octobre ?

• C’est ce que prescrit la résolution. En tout cas, ce que nous pouvons souhaiter, c’est que, justement, nous soyons dans les limites de cette résolution.

C’est un processus vers lequel nous allons, nous avons foi en Dieu et nous pensons qu’au terme du délai qui a été prescrit, nous allons organiser les élections.

Allez-vous commencer par le désarmement ou par les élections ?

• Je ne veux pas soulever de polémiques inutiles. On est dans un contexte de résolution de la crise, il faut éviter les mots qui fâchent.

Ce que je veux dire, c’est qu’il est important que le désarmement ait lieu parce que c’est ça qui conditionne les élections, la sortie de crise. Le reste peut se faire par la suite.

Il faut d’abord arrêter ceux qui n’ont pas le droit de posséder des armes, parce que dans tout Etat, dans toute république, il y a des forces légales qui sont autorisées à avoir les armes de la république.

L’armée est la seule institution non élue qui garantit la démocratie. Donc tous les autres qui ne sont pas habilités à avoir les armes doivent désarmer. C’est dans cette position-là que nous sommes.

Qu’attendez-vous concrètement du Burkina Faso ?

• Nous en attendons beaucoup de choses. Le Burkina Faso est un pays frontalier avec la Côte d’Ivoire. Nous avons un destin scellé, non seulement par l’histoire, mais également par la nature ; donc tout ce qui concerne la Côte d’Ivoire concerne autant le Burkina Faso. Nous devons, de ce fait, faire converger nos volontés communes, pour aller à la sortie de crise. C’est dire que nous attendons beaucoup du Burkina.

San Evariste Barro
Pauline Vigneron (stagiaire)

Observateur Paalga

PARTAGER :                              
 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique