Libre circulation dans l’espace AES : Les internautes partagés sur la portée et les implications du nouveau passeport

Alors que le passeport de l’Alliance des États du Sahel (AES) s’apprête à entrer en circulation ce mercredi 29 janvier 2025 au Burkina Faso, Lefaso.net a sondé l’opinion des internautes sur les mesures à prendre pour améliorer la libre circulation des biens et des personnes dans cet espace régional, regroupant aussi le Mali et le Niger.
Les commentaires recueillis le vendredi 24 janvier 2025 constituent un éventail de positions, entre optimisme, scepticisme et propositions concrètes. En effet, plusieurs internautes insistent sur la nécessité de dépasser les simples déclarations d’intention pour instaurer des réformes concrètes et efficaces. C’est le cas de Saïd Ibrahim Tall, qui propose une approche ambitieuse et structurée pour faciliter la mobilité et les échanges.
Il est pour lui, nécessaire de procéder à la signature d’un traité garantissant la suppression des barrières douanières et administratives, mais aussi à la création d’une carte d’identité unique pour les citoyens de l’AES.
Saïd Ibrahim Tall évoque également la suppression des taxes sur les produits échangés entre États membres et l’instauration d’un tarif extérieur commun. « Il faut investir dans des routes, des chemins de fer et des ports reliant les principaux centres économiques des pays membres. Mettre en place des zones de transport sécurisées pour lutter contre le banditisme et les attaques terroristes, avec des patrouilles conjointes. Encourager les entreprises et les banques des pays membres à s’implanter facilement dans d’autres États de la confédération. Créer une force militaire régionale pour garantir la paix et la sécurité dans les zones frontalières (les 5 000 hommes qu’évoquait le ministre nigérien) », a-t-il ajouté.
Les tracasseries routières et la corruption aux frontières
Kanazoé Idrissa interpelle sur les tracasseries routières et la corruption aux frontières. « Il faut maintenant bannir les tracasseries routières et les rackets des populations pendant leurs déplacements dans l’espace AES », dénonce-t-il.
Ismo L’argentier abonde dans le même sens, dénonçant les « fameux 1 000 francs » souvent extorquées aux voyageurs par des agents aux frontières. Pour lui, l’instauration d’une carte d’identité harmonisée AES, en complément des cartes nationales pourrait réduire ces abus. Il suggère également la mise en place d’un canal de communication tel qu’une page Facebook dédiée, où les citoyens pourraient signaler leurs difficultés et proposer des solutions.
Le débat sur la pertinence du passeport AES
L’idée même de lancer un passeport propre à l’AES divise. Pour certains, comme Alfred Sawadogo, cela représente un recul. « Le passeport CEDEAO nous permettait de circuler librement dans quinze pays. Alors que celui de l’AES, n’est seulement valable que pour trois pays du Sahel … Vraiment un recul total », souligne-t-il.
Optimisation des documents officiels
Certains internautes, comme Stéph Steph, estiment que la validité des passeports devrait être prolongée à 10 ans au lieu de 5, afin de réduire la fréquence des renouvellements. Il suggère également un changement de couleur pour marquer une nouvelle ère. Ces propositions pratiques visent à améliorer l’expérience des citoyens tout en réduisant les coûts.
Selon Ismo L’argentier, l’intégration réelle passe par la suppression des discriminations aux frontières et un meilleur encadrement des agents de sécurité. « Une fois que la libre circulation devient une réalité, celle des biens suivra », souligne-t-il.
Saïd Ibrahim Tall, quant à lui, met l’accent sur la sécurité et la stabilité dans l’espace AES, plaidant pour la création d’une force militaire régionale, comme évoqué par le ministre nigérien, avec un effectif de 5 000 hommes pour garantir la paix dans les zones frontalières.
Vers un avenir prometteur mais incertain
Ce sondage révèle un vif intérêt pour le projet de passeport AES, mais aussi des divergences sur son utilité et ses modalités. Si certains y voient une avancée pour renforcer l’unité régionale, d’autres craignent que cela ne complique davantage une situation déjà délicate.
Le défi est de répondre aux attentes des populations tout en surmontant les obstacles logistiques, politiques et sécuritaires. Au moment de la mise en circulation du passeport AES, l’espoir est permis, mais les critiques et les recommandations doivent être prises en compte pour que ce projet ne se résume pas à une simple formalité administrative.
Hamed Nanéma
Lefaso.net