Diaspora : Carolle Adonija Sandamba essaie de se tracer un chemin en France malgré les nombreux défis

Originaire du Burkina Faso, Carolle Adonija Sandamba a quitté son pays en 2018, peu après avoir décroché son baccalauréat. La France représentait pour elle une terre d’opportunités, à la fois pour la qualité de son système éducatif, mais aussi pour la découverte d’une nouvelle culture. Ce saut dans l’inconnu est alors pour elle le début d’une aventure faite de défis et de découvertes.
Lefaso.net : En quelle année êtes-vous allée en France et quelles étaient vos motivations initiales pour poursuivre vos études là-bas ?
Carolle Sandamba : Je suis arrivée en France en 2018 après mon baccalauréat. Je suis venue pour découvrir la culture française ainsi que leurs méthodes d’enseignement et de travail. Une fois sur place, j’ai choisi la comptabilité et le contrôle de gestion pour approfondir les connaissances que j’avais acquises dans mon pays et pour explorer les méthodes de travail en France.
Comment décririez-vous l’accueil que vous avez reçu, tant au niveau académique que social ?
Mon intégration s’est déroulée de manière très fluide. À mon arrivée à Clermont-Ferrand, j’ai découvert une grande communauté d’étudiants et de travailleurs burkinabè. Ayant déjà de la famille à Clermont-Ferrand et à Paris, elle m’a rapidement aidée à trouver mes repères et à m’adapter à ce nouvel environnement. Sur le plan académique, je me suis retrouvée dans une classe très diversifiée, composée de personnes de différentes nationalités. Cette diversité culturelle a enrichi notre apprentissage et a facilité nos échanges, renforçant ainsi notre cohésion.
Quels ont été les premiers défis auxquels vous avez dû faire face à votre arrivée en France ?
Le premier défi a été le froid. Clermont-Ferrand est l’une des villes les plus froides de France. Arrivée à une période où les températures descendent sous zéro rendait difficile le fait de se lever pour aller en cours. Le deuxième défi concernait l’informatique et la prise de parole en public. J’ai ressenti une grande différence entre la manière dont les Français abordent ces compétences et mon expérience au Burkina Faso, où l’accent n’est pas mis sur l’informatique et les présentations orales au collège et au lycée.
Comment vous êtes-vous adaptée à la culture française et au système éducatif ?
Je me suis adaptée à la culture française et au système éducatif en discutant avec les gens, en participant à des associations et en lisant de nombreux livres.
Y a-t-il eu un moment précis où vous avez regretté votre venu en France ?
Oui, surtout lorsque je ressentais souvent que je n’étais pas des leurs ou que j’étais loin de mon pays. Cela se produisait également lorsque j’étais obligé de concilier études, stage et job étudiant dans le froid pour aspirer à une meilleure vie.
Quel est le plus grand défi que vous avez surmonté depuis votre arrivée en France, et comment cela vous a-t-il façonnée ?
Mon plus grand défi a été de trouver une alternance chaque année pour poursuivre mes études, en particulier pendant et après la période covid. Étant dans une université privée avec des frais de scolarité élevés, il était crucial pour moi de bénéficier d’un soutien financier. En France, le contrat d’alternance offre une solution précieuse pour les étudiants dans cette situation. Le contrat d’alternance consiste à trouver un stage d’une durée maximale de 12 mois au sein d’une entreprise. Vous alternez entre des périodes de cours et des périodes de travail. Pendant les périodes de travail, l’entreprise prend en charge une partie de vos frais de scolarité et vous verse un salaire à la fin du mois. Vous bénéficiez ainsi d’un statut d’étudiant salarié.
Comment s’est passée votre intégration professionnelle après la fin de vos études ?
Pour ma part, j’ai eu la chance de trouver rapidement un emploi dans le poste et le domaine que je souhaitais. Grâce à l’alternance effectuée pendant mes études, j’ai acquis plus de quatre ans d’expérience, ce qui m’a permis de mieux me positionner sur le marché de l’emploi.
Finalement vous avez choisi de vous installer là-bas, y a-t-il eu des facteurs spécifiques qui vous ont poussée à envisager la France comme votre nouvelle maison ? Et comment la famille au pays a-t-elle réagi à votre décision de rester en France ?
Le domaine du syndic de copropriété n’est pas très connu au Burkina Faso. L’une des raisons pour lesquelles j’ai choisi de m’installer ici est la recherche d’opportunités professionnelles dans ce secteur. Pour ce qui est de ma famille et de mes amis, ils ont soutenu ma décision et m’encouragent à donner le meilleur de moi-même.
Quels sont vos projets ?
Je souhaite maîtriser tous les aspects de l’immobilier, notamment la vente, l’achat, la location, la gestion de syndic et les transactions, avec l’intention de créer ma propre entreprise et de m’investir également dans l’enseignement.
Envisagez-vous de retourner un jour dans votre pays d’origine ?
Actuellement, j’explore différentes opportunités pour m’installer au Burkina Faso, où je pourrais contribuer au secteur immobilier, soit en collaborant avec les promoteurs locaux, soit en enseignant la gestion de la copropriété dans les universités de Ouagadougou, domaine dans lequel je me spécialise.
Quels conseils donneriez-vous à une personne qui envisage de venir étudier ou s’installer en France ?
Il fera face à de nombreux défis, la vie ne sera pas toujours facile, mais il devra toujours garder son objectif en tête et saisir chaque occasion pour apprendre au maximum.
Hanifa Koussoubé
Lefaso.net