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Hausse des prix du carburant : La Chine au "banc des accusés"

Publié le jeudi 12 février 2004 à 07h10min

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Les consommateurs burkinabè de carburant ont été une fois encore surpris de voir les prix du carburant revus légèrement à la hausse alors que le cours du dollar américain, monnaie de transactions de la Société nationale burkinabè d’hydrocarbure est présentement à la baisse (1 $ = 525 F CFA). Pour comprendre les raisons de cette fluctuation des prix des produits pétroliers nous avons rencontré le directeur commercial de la SONABHY, M. Oula Traoré qui parle plutôt de forte demande et des cours du baril sur le marché mondial.

Sidwaya (S.) : Les consommateurs de carburant assistent depuis le mardi 10 février à une légère hausse des prix du carburant. Qu’est-ce qui explique cela ?

M. Oula Traoré (O. T.) : Il y a deux éléments qui déterminent les prix du carburant à la pompe. Il y a les cours du baril sur le marché international et ceux du dollar puisque nous faisons nos transactions en dollar. Cependant le cours du baril a beaucoup plus d’incidence sur le prix à la pompe que celui du dollar. Si le cours du baril augmente comme c’est le cas actuel, il va sans dire que le prix à la pompe le sera également. Aujourd’hui le prix du baril est passé de 20 à 30 dollars américains. Cette flambée du prix du baril est différente de celle du dollar qui peut passer de 500 F à 525, voire 600 F CFA. Il faut alors que les consommateurs sachent que c’est le cours du baril qui est le facteur le plus déterminant dans la fixation des prix du carburant à la pompe. Mais il peut avoir des cas extrêmes où les cours du baril et du dollar sont tous à la hausse, dans ce cas de figure l’augmentation des prix à la pompe est très importante. Présentement le coût du dollar par rapport au franc CFA est effectivement très bas alors que les cours du baril ont flambé.

Cela veut dire que les cours se sont considérablement accrus face à la menace d’une baisse des stocks des produits pétroliers sur le marché international du fait même de l’entrée en force de la Chine sur ce marché. Ce pays connaît actuellement une forte croissance économique et sociale, ce qui entraîne une grande consommation des produits pétroliers, alors que l’OPEP n’entend pas augmenter sa production pour faire face à la demande.

S. : Est-ce que la guerre en Irak a une incidence sur cette fluctuation des prix, vu que c’est un grand producteur de pétrole ?

O. T. : C’est vrai que la production irakienne actuellement a un peu disparu du marché international. Cela fait une offre en moins, mais ne constitue pas la principale cause de la hausse du prix du baril. La principale cause de cette flambée qui est acceptée par tous les professionnels, reste la forte demande de la Chine.

S. : Pourquoi l’OPEP ne veut-elle pas augmenter sa production alors que la demande devient de plus en plus forte ?

O. T. : L’OPEP est prudente. Nous sommes présentement en hiver. C’est la période où la consommation d’énergie est la plus élevée surtout dans les pays développés pour les chauffages par exemple. On constate alors que c’est en ce moment que les prix du baril sont les plus élevés. Par contre au printemps, la demande d’énergie baisse et les prix également. Dans la logique de l’OPEP, une augmentation de production n’est point envisageable puisqu’autrefois elle l’a appris à ses dépens. Une fois que la production croît, la demande peut d’un jour à l’autre s’effondrer et cela constitue une perte énorme pour l’OPEP.

S. : Les consommateurs se plaignent d’être tout le temps mis devant le fait accompli. Quel commentaire faites-vous ?

O. T. : Lorsqu’on remonte dans l’histoire des prix des produits pétroliers au Burkina Faso ; il y eut un moment où l’on pouvait faire cinq à six mois et même des années sans aucun changement des prix. C’est à partir de 1994 que la politique de révision fréquente des prix a été introduite dans le système. Les nouvelles mesures économiques et les recommandations de la Banque mondiale nous obligent à réglementer les prix à la pompe qui ne doivent plus être arbitraires. Ces prix à la pompe sont fixés en fonction du cours mondial des produits. Nous avons dans le temps commencé à réviser les prix tous les deux mois ; et depuis février 2001 nous sommes rentrés dans le cycle mensuel de révision des prix, avec l’administration. C’est vrai qu’au début nous nous sommes mis à l’école et le ministère du Commerce se donnait le devoir d’informer le public du changement. Mais depuis février 2001, le public a compris la leçon, les prix vont changer tous les mois selon les cours mondiaux.

Propos recueillis par A. Verlaine KABORE


Les consommateurs et les revendeurs ne comprennent toujours pas

Bien que la fluctuation des prix des produits pétroliers soient mensuelle depuis février 2001, les revendeurs à la pompe et les consommateurs ne se sont toujours pas habitués à cette situation.

M. Ousmane Ilboudo, consommateur : "Je ne comprends rien dans cette fluctuation. Les prix du carburant change d’un jour à l’autre alors que les salaires restent stables. Ces genres d’augmentation contribuent à accroître la pauvreté et la misère et évidemment la corruption dans la cité".

M. Moumouni Rouamba, consommateur : "C’est inquiétant car notre pouvoir d’achat n’augmente guère alors que les produits de première nécessité comme le carburant connaissent une hausse de prix. Je ne sais plus où nous allons".

M. Tuissamba Ilboudo, consommateur : "J’ai eu des disputes hier (NDLR mardi 10 février) avec un pompiste à cause de cette augmentation. Je ne comprends pas ces baisses par-ci, ces augmentations par-là ; c’est écœurant par moment".

Mlle Amelie Kabré, pompiste : "Vraiment, ces genres de situation nous gênent, car nos clients ne comprennent pas. Ils pensent que nous en sommes responsables et ils s’en prennent inutilement à nous".

M. Emma Ardjouma, gérant de station : "Nous ne sommes jamais prévenus d’une éventuelle augmentation de prix. Il y a toujours une équipe de l’inspection générale des affaires économiques qui vient sur le champ nous informer du changement de prix. Aussitôt nous procédons à la fermeture de la station en attendant les agents de la structure chargée de changer les prix sur les pompes (COBUTAM). En cas d’augmentation de prix nous payons la différence à l’Etat et en cas de diminution c’est l’Etat qui nous la reverse. C’est pourquoi une fois qu’il y a changement, l’inspection générale des affaires économiques procède à la jauge du carburant disponible dans nos cuves afin de faciliter les comptes".

A. V. K.

Sidwaya

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