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Marché de poissons à Ouaga : Un secteur porteur très disputé

Publié le vendredi 14 avril 2006 à 04h29min

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Activité commerciale très lucrative, la vente du poisson est pratiquée au Burkina Faso depuis plus d’une quarantaine d’années. Le poisson est définitivement rentré dans les habitudes alimentaires des Burkinabè et son apport dans la lutte contre la pauvreté est important.

Carpes, capitaines, macharons, silures, concordes..., telles sont les principales variétés de poissons qu’on trouve sur le marché. Ces poissons sont pour la plupart pêchés dans les plus grands barrages du Burkina Faso : Bagré, Kompienga, Arly, Ziga. Le marché national du poisson est dépendant des saisons.

Les barrages sont très poissonneux pendant l’hivernage, mais en saison sèche, souligne El Hadj Souleymane Ouédraogo, président de la Fédération nationale des acteurs de la filière pêche : « Les poissons deviennent très petits à cause de l’assèchement des barrages. Nous sommes donc souvent obligés de nous approvisionner sur le marché étranger, afin d’éviter les ruptures de stock et le risque de perdre notre clientèle ». Selon El Hadj Ouédraogo, qui exerce cette activité depuis 1964, il y avait suffisamment de poissons « au moment où nous débutions l’activité ». « Aujourd’hui, la demande est très grande et il est souvent difficile de satisfaire la clientèle, parce que le marché est inconstant », précise-t-il.

Le kilo de poisson était vendu à l’époque à trois cents (300) francs CFA pour le poisson de Kompienga et les carpes à huit cents (800) francs CFA. La pénurie et la forte demande obligent aujourd’hui les vendeurs à vendre aujourd’hui le poisson de Kompienga à mille (1 000) francs le kilo et les carpes à mille cinq cents (1 500) francs CFA.

Le poisson importé

En plus du poisson local, issu des différents barrages du Burkina, on retrouve également sur le marché, du poisson importé des pays côtiers.

Ce marché est essentiellement détenu par Harouna Dia, responsable de l’établissement du même nom. Ingénieur hydraulicien de formation, Harouna Dia, travaillait dans un projet aux Etats-Unis avant d’être affecté au Burkina dans le cadre de la coopération. Ne se retrouvant plus dans le mécanisme de la coopération, il a préféré s’investir dans le secteur privé, essentiellement dans l’import-export. « Je me suis rendu compte que le Burkina et le Sénégal sont deux pays complémentaires. Il y avait du poisson au Sénégal qui coûtait moins cher et le Burkina a des céréales et de la viande. J’ai essayé de monter une entreprise qui exploite les deux (2) secteurs ».

M. Dia a alors commencé avec du poisson fumé, pour ensuite se lancer dans le congelé. Il propose essentiellement aux consommateurs des variétés de poissons qui seraient à la portée des Burkinabè. Celles-ci proviennent pour la plupart, du Sénégal, de la Mauritanie, du Chili, de l’Amérique du Sud, Afrique australe...

« Je ne vends pas du poisson local. Il y a suffisamment de gens dans ce secteur et en plus, c’est une variété qui est insuffisante en ce moment ». M. Dia pense que c’est un secteur qui gagnerait à être valorisé par le développement de la pisciculture privée avec des moyens de congélation moderne.

Le gouvernement s’y implique

Vu l’ampleur de l’activité, le gouvernement a mis en place le centre d’approvisionnement et de distribution des produits de pêche (CADPP) dont l’objectif premier est la production de glace pour soutenir les vendeurs de poisson. Fabriquée spécialement pour la conservation du poisson, cette glace permet aux vendeurs de mener leur commerce en toute quiétude sans courir le risque de vendre du poisson avarié. « Aujourd’hui, nous nous déplaçons dans les barrages avec les camions frigorifiques pour y acheter le poisson que nous revendons aux grossistes à moindre coût » souligne M. Kéré agent de vente au CADPP.

Avec cette activité, le centre arrive à pallier les pénuries saisonnières de poisson et faire fonctionner le centre. Lorsque le poisson arrive des barrages, une partie est traitée et vendue en détail aux consommateurs. L’autre partie est réservée aux grossistes. De plus en plus, la vente du poisson intéresse les femmes. Par cette activité, beaucoup d’entre elles arrivent à subvenir aux besoins de leurs familles. Chaque jour, les grandes poissonneries de la place sont prises d’assaut par les femmes qui viennent s’approvisionner.

Le poisson frais acheté est ensuite fumé, frit ou vendu tel quel pour le grand bonheur des consommateurs. « Lorsque le poisson arrive des barrages, nous approvisionnons non seulement le marché de poisson, mais aussi les femmes qui nous viennent des quatre (4) coins de la ville », relève El Hadj Ouédraogo.

Les Burkinabè et le poisson

Il suffit de faire un tour dans les différents maquis et dans les restaurants à travers la ville de Ouagadougou pour se convaincre de l’intérêt des Burkinabè pour le poisson. Cela se ressent également dans la plupart des poissonneries aux heures de vente, tellement l’engouement est important : « les Burkinabè commencent franchement à aimer le poisson. Je me suis même surpris de le constater. Les clients deviennent très exigeants. Ce qui fait qu’on ne se permet plus d’amener n’importe quelle variété de poisson », souligne M. Harouna Dia.

Selon Amidou Ilboudo, grilleur de poisson depuis bientôt dix (10) ans au maquis « La synthèse », « les Burkinabè préfèrent le poisson au poulet ». Les variétés les plus appréciées sont les carpes et les capitaines qui peuvent être vendus respectivement à plus de cinq mille (5 000) et neuf mille (9 000) francs CFA selon la taille du poisson. Les produits halieutiques sont beaucoup consommés, les week-end, notamment les soirées de forte affluence. Les grilleurs de poisson font de bonnes affaires. M. Ilboudo affirme pouvoir vendre plus de cent cinquante mille (150 000) francs CFA par soirée, les jours de grande affluence.

Gladys OUEDRAOGO
(Stagiaire)
Sidwaya

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