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« Quand les éléphants se battent » : Un film en hommage au général Sangoulé LAMIZANA

Publié le jeudi 13 avril 2006 à 08h25min

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Abdoulaye Dao

Pour l’ensemble de ses œuvres cinématographiques en faveur des jeunes, Abdoulaye DAO a reçu des mains de la veuve de Djibril Mambety DIOP, le prix des jeunes portant le nom de l’illustre cinéaste disparu. C’est une lourde charge pour Abdoulaye DAO.

Comment vous sentez-vous après le prix des jeunes, Djibril Mambety DIOP ?

Abdoulaye DAO : Je me sens dans le vrai bonheur, satisfait d’avoir reçu ce prix. Lorsqu’on reçoit un prix, c’est toujours un grand moment de bonheur surtout un prix qui porte un nom aussi célèbre que celui de Djibril Mambety DIOP, il y a de quoi être fier.
C’est une personnalité pétrie dans l’art, une personnalité de patience, d’humilité et de respect de l’autre. C’est un éminent cinéaste qui est parti un peu très tôt à mon sens parce qu’il aurait encore donné à nous les jeunes cinéastes, d’autres tuyaux. Car son écriture, sa façon de regarder le monde, étaient de la poésie, de la philosophie. Il a légué au monde des œuvres d’une valeur inestimable.

Recevoir un prix d’un personnage de ce gabarit, cela conditionne, interpelle à toujours aller de l’avant. Ce prix me dit attention DAO, la vie est constituée de grandes vertus qui sont la patience, le respect de l’autre.
Recevoir ce prix m’a ramené à penser à toutes ces grandes vertus qui font bouger les gens dans la vie.

Que pensez-vous avoir changé avec vos films chez les jeunes burkinabè ?

A.D : J’ai beaucoup travaillé avec les jeunes surtout ceux qui viennent sans une formation mais qui ont eu la chance de faire de grands plateaux de tournage. Lorsque les amis de « Vis-à-vis » ont mis en place « Artistes production » pour loger le projet « Quand les éléphants se battent », beaucoup de jeunes sont venus derrière le projet. Ils aiment le métier et comme ils n’ont pas de formations, il est important de partir avec eux assurer leur formation puisqu’ils sont là, et qu’ils jouent un rôle important dans le développement de notre cinématographie.

Si ceux qui ont fait les grandes écoles veulent se faire respecter dans le métier, il faut que le bateau ne laisse personne à quai. Les jeunes doivent bénéficier de leurs conseils eux qui maîtrisent les ficelles du métier. S’avoir coller deux ou trois plans ne veut pas dire qu’on est un monteur. Les « Koros » doivent dire à ce jeune que le montage répond à une rigueur artistique. C’est la dynamique qui m’a amené à vivre avec les jeunes qui sans nul doute sont des pions essentiels dans le paysage audiovisuel burkinabè. C’est une grande chose pour notre cinéma.

Qu’est-ce qui bloque encore votre série télé « Vis-à-vis »

A.D : Nous allons reprendre très bientôt. Nous étions absorbés par « quand les éléphants se battent » qui est une grosse série de 104 épisodes. Nous sommes en fin de montage et le lancement aura lieu au mois de mai. Après cela nous reprendrons en force avec « Vis-à-vis » qui est une sorte d’école de formation.

Depuis l’adoption d’un scénariste attitré, « Vis-à-vis » nous semble un peu trop conformiste, qu’en dites-vous ?

A.D : Des gens m’ont fait savoir qu’ils ne se retrouvaient plus entièrement dans « Vis-à-vis ». Seulement voilà, il y a des institutions qui nous demandent de traiter des thèmes bien précis. Et ce n’est pas facile de jouer l’humour dans un dossier hautement technique. Mais ce n’est pas par défaut d’avoir fait des efforts pour répondre à notre créneau qui est 60% d’humour, 40% de satire sociale.
Je rassure les fans de « Vis-à-vis » que nous les avons compris et que notre série commune sera toujours à leur service.

Face à la prolifération des VCD venant surtout du Nigeria, quelle place aura « Vis-à-vis » qui n’est d’ailleurs pas encore sur ce support ?

A.D : J’ai eu des contacts avec la Direction commerciale et la Direction générale. Les téléspectateurs peuvent se rassurer, ils auront des VCD de « Vis-à-vis ».

Comment vous est venu l’idée d’associer le comédien ivoirien Gohou à votre projet « quand les éléphants se battent... » ?

A.D : L’une de nos ambitions sur ce projet est de faire en sorte qu’à la fin des 104 épisodes on puisse y retrouver l’ensemble des comédiens de la sous-région, afin que toute la sous-région se sente concernée. C’est pourquoi, nous avons fait venir deux comédiens ivoirens et il y avait aussi le comédien malien Guimba qui devrait venir mais il était déjà en tournage en Europe.

Nous voulons sous-régionaliser les choses car c’est le meilleur moyen de donner l’envol à notre industrie audiovisuelle. L’heure est aux grands rassemblements, il faut se regrouper afin d’assurer l’avenir. En portant ensemble les projets, le marché de consommation forcément s’agrandit. Nous avons même à l’idée de doubler nos films en anglais, en espagnol pour attaquer plusieurs terrains.
Le temps cinéma à subventions est révolu, nous avons l’obligation de rentabiliser ce que nous produisons.

Y a-t-il un aspect politique dans votre film « quand les éléphants se battent », dans la mesure où le parti de l’éléphant, l’ADF/RDA s’est déchiré ?

A.D : Non, il n’y a pas de politique politicienne dans notre projet. Si l’éléphant est là en permanence dans ma vie, cela s’explique par ma région d’origine « les Balé ». Ma petite enfance a été marquée par ces mastodontes et je suis comme un ami des éléphants. L’éléphant c’est la majesté, la patience, la puissance ; c’est le sens de l’organisation.

Quand les éléphants se battent, l’herbe en pâtit, est-ce là aussi votre idée ?

A.D : Oui l’Afrique d’aujourd’hui est en proie à des difficultés énormes. L’herbe c’est les petites gens qui sont écrasées en permanence ; il y a le problème des droits humains, les problèmes de santé, d’alimentation, ceux économiques. Les puissances politico-économiques ne respectent pas toujours les droits de la grande majorité des citoyens. Notre regard dans les différents épisodes du film se porte sur ces aspects de la société.

Que dites-vous sur la fermeture à jamais de certaines salles de ciné à Ouaga et à Bobo ?

A.D : Ça me fait mal, très mal au cœur. J’ai l’impression qu’on brise le socle du cinéma dans le pays qui a la capitale du cinéma africain grâce au FESPACO. Le cinéma n’est pas le 7e art pour rien, il regroupe l’ensemble des autres arts, si on brise son sanctuaire, qu’est-ce qui va nous rester ? C’est facile de casser, mais très difficile de reconstruire.

Verra-t-on encore les mêmes têtes de « Vis-à-vis » dans « Quand les éléphants se battent » ?

A.D : Il y a forcément les comédiens de « Vis-à-vis » mais les rôles principaux sont incarnés par des comédiens autres comme Ahmadou BOUROU, Tonton Brama de Bobo-Diouf... Les comédiens de « Vis-à-vis » sont incontournables dans mes œuvres, c’est la famille, on se comprend à demi-mot. « Quand les éléphants se battent » est une autre démarche, c’est du drame-comédie. On a essayé d’aller au-delà du sit-com.

Combien a coûté votre film ?

A.D : Je ne suis que le réalisateur, je ne pense pas maîtriser tous les aspects de la production. Je sais que le film est fait en partenariat avec la Direction nationale de la cinématographie, la TNB, Seydoni production et Sahélis. On a commencé en 2001 et c’est en 2006 que les premiers fruits du projet seront publics. Je puis seulement dire que le projet va coûter beaucoup d’argent.

Le premier coup de clap a été donné le 12 octobre 2001 par feu le général Sangoulé LAMIZANA et pour cette raison nous allons lui dédier le film.
La première sortie de « Quand les éléphants se battent » est prévue pour le mois de mai.o

Interview réalisée par Issa Sanogo

L’Opinion

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